Les renseignements au sein des organisations terroristes, l’exemple de Daech et d’Al-Qaïda
Ali Abdel Aal
Il ne fait aucun doute que les organisations
terroristes utilisent tous les moyens dont elles disposent pour renforcer leurs
capacités. Ces organisations accordent un grand intérêt aux renseignements, et
en font l’un des fondements de leur travail. Ainsi, les guerres d’Al-Qaïda et
des autres organisations terroristes ne sont plus basées uniquement sur
l’affrontement directe sur le champ de bataille, mais aussi sur les
renseignements et la collecte de l’information.
Cet intérêt pour les renseignements
s’explique en premier lieu par le souci de ces organisations d’assurer leur
sécurité, et leur besoin de connaitre les plans des forces qu’elles combattent,
afin de pouvoir y implanter des agents ou des espions, si possible.
Il n’y a pas un seul appareil de
renseignement dans le monde arabe et en Occident qui ne cherche pas infiltrer
ces organisations qui opèrent dans de nombreux pays du monde, que ce soit en y
implantant des agents et des espions, ou en utilisant les méthodes techniques
traditionnelles. Il en va de même pour les organisations terroristes, surtout
Al-Qaïda, qui dispose de plusieurs agents dans les grandes institutions sécuritaires
comme la CIA et le FBI.
Al-Qaïda s'inspire de la CIA
Beaucoup d’appareils de sécurité considèrent
Al-Qaïda en Afghanistan et au Pakistan comme supérieure à certaines agences de
renseignement, surtout en matière de collecte de l'information et de
savoir-faire technologique. L’organisation mère se distingue de ses branches
régionales par sa cohésion et le caractère confidentiel de son travail, en
dépit d’une certaine faiblesse sur le terrain et des opérations limitées. Bien
que ces branches locales opèrent sous le parapluie de l’organisation mère, et
possèdent la même configuration administrative, leur travail n’a pas le même
degré de confidentialité. Elles se caractérisent par leur anarchie et leur
fragilité.
Al-Qaïda a étudié les méthodes de la CIA.
Certains de ses dirigeants connaissent ces méthodes depuis l’époque du djihad
en Afghanistan contre l’Union soviétique. Les responsables de la sécurité
d'Al-Qaïda ont adopté les méthodes de la CIA pour collecter les informations et
connaître les points faibles de l'ennemi.
Al-Qaïda a également grandement profité de
l'interception de certains drones, du piratage informatique, et de
l’infiltration de ses éléments au sein des cibles adverses. L’organisation
n'hésite pas à recourir aux anciens officiers de renseignement parmi ses
militants. Seiffeddine Al-Adl, l’ancien officier égyptien, est l’un des
pionniers du travail de renseignement à Al-Qaïda. Il était le chef des
opérations au sein de l’organisation centrale.
Le travail d’Al-Qaïda, contrairement à
certaines de ses antennes régionales, repose sur sa lecture des plans ennemis,
et le fait de tirer le maximum de profit de ses compétences. L’organisation
dispose d’un appareil de sécurité interne, chargé de la sécurité de ses
combattants. Ils les surveillent et les soumet à un contrôle strict.
L'organisation dispose également d’un certain nombre de cadres qui sont
responsables de la collecte, l'analyse et l’emploi des informations, ainsi que
de la sécurité des personnes.
En raison de la rareté des informations
fiables sur le travail de renseignement d'Al-Qaïda, celui-ci ne peut être
décrypté qu’à travers les communiqués de l’organisation, ou à travers les
détails des opérations et des contre-opérations menées par Al-Qaïda et les
forces qui lui sont hostiles, ainsi que leur impact sur le terrain.
L’attentat de Khost et l’agent double
L'attentat suicide de Khost, mené fin janvier
2009 par le médecin jordanien Hamam Al-Balawi, contre le siège de la CIA dans
la province de Khost à l’Est de l’Afghanistan, est un exemple du travail de
renseignement d'Al-Qaïda, en particulier dans le domaine de l’implantation des
agents dans les rangs ennemis.
Cet attentat a provoqué la mort de 7
officiers américains dont le directeur de l’agence, ainsi qu’un officier de
liaison jordanien de la famille royale, Sharif Ali bin Zaid. Six autres
personnes ont été blessées durant l'attaque.
Hamam Khalil Al-Balawi, connu sous le nom
d'Abou Dujana Al-Khorasani, était un agent double et travaillait pour le compte
de quatre instances en même temps, à savoir la CIA, les services de
renseignements jordaniens, Al-Qaïda et les Talibans pakistanais.
Il avait été arrêté en 2008 par les services
de renseignements jordaniens en raison de ses activités dans la promotion de
l'idéologie djihadiste, et sa fréquentation des forums djihadistes. Les
renseignements jordaniens ont accepté de le libérer à condition qu’il travaille
pour eux. Ils l’ont placé dans le Waziristan où il devait travailler avec les
Talibans pakistanais. Il devait rencontrer le chef adjoint d'Al-Qaïda, Ayman
Al-Zawahiri.
Selon des sources américaines, Hamam A-Balawi
a été recruté par les renseignements jordaniens, puis a travaillé comme
informateur pour le compte de la CIA, mais il n’a jamais renoncé à son
allégeance à Al-Qaïda.
Sa tâche consistait à suivre Ayman
Al-Zawahiri. Selon des sources occidentales, Al-Balawi a appelé ses supérieurs
de la CIA et les a informés qu’il disposait d’informations importantes sur
Zawahiri. Il a demandé une réunion à la base de Chapman à Khost.
« Nous fournissions des informations
trompeuses aux services de renseignements jordaniens. Ces derniers les
transmettaient à leur tour à la CIA. Cela a duré un an. La CIA a ensuite décidé
de faire venir Hammam à Khost pour parler avec lui de certains détails. Il a
été donc transféré à Khost », raconte un chef taliban au journal Al-Qods
Al-Arabi. Et d’ajouter : « En raison de la confiance dont il
bénéficiait auprès des renseignements jordaniens et de la CIA, il n’a pas été
fouillé. Il a été transporté vers le centre de commandement par des avions
espions américains, ces avions qui visent les dirigeants d’Al-Qaïda et les
Talibans au Pakistan ».
Alors que les officiers de la CIA
s’apprêtaient à fêter son anniversaire, le 25 décembre, en présence du
commandant de la base et de plusieurs hauts responsables des renseignements
américains et jordaniens, Hamam Al-Balawi s’est fait exploser. C’est l’une des
plus grandes ruses qu’un service secret de la taille de la CIA et des
renseignements jordaniens n’ait jamais eu à subir.
Cet attentat à la bombe a été un sérieux
revers pour les deux agences de renseignements et a peut-être affecté leurs
relations, d’autant plus que la CIA a souvent fait appel aux services secret
jordaniens pour suivre les éléments d’Al- Qaïda. L'opération a été qualifiée de
la « plus grande déception de l'histoire des agences de renseignement,
américaines et jordaniennes ».
L’Egyptien Ali Aboul So’oud
Hamam Al-Balawi n'était pas le seul agent
double qu'Al-Qaïda avait implanté au sein de l’un des appareils de sécurité les
plus dangereux au monde. L’Egyptien Ali Aboul So’oud Mohamed l’a précédé. Il a
essayé de s'infiltrer au sein du Bureau fédéral américain des investigations
(FBI) après qu'Al-Qaïda soit parvenu à l’y infiltrer pour travailler comme
interprète.
Aboul So’oud était lieutenant-colonel au sein
de la division logistique des forces spéciales américaines au centre John F.
Kennedy en Caroline du Nord. Après avoir rejoint l’armée américaine, il a gravi
les échelons et est devenu responsable de l’apprentissage de la culture arabe
et islamique, et ce jusqu'à son départ des forces américaines en 1989.
Selon le FBI, Aboul So’oud, qui est un ancien
officier de l'armée égyptienne, a utilisé plusieurs surnoms, noms et identités
pour traiter avec Al-Qaïda, notamment Abu Omar.
Après son arrestation et durant son procès,
il a reconnu devant le Tribunal fédéral de New York en octobre 2000 avoir
planifié les attentats contre les deux ambassades américaines au Kénya et en
Tanzanie. Cinq accusations ont été portées contre lui, dont notamment celle de
« comploter avec Ben Laden pour tuer des Américains ».
Aboul So’oud a été également accusé de
tentative d'infiltration au sein du FBI après avoir postulé pour un travail
d’interprète en mai 1993. Le dossier de l'enquête affirme qu’il a fait un faux
témoignage aux officiers du FBI en niant avoir entraîné les commanditaires des
attentats de New York de 1993, affaire dans laquelle, Omar Abdel-Rahman, le
chef de la Gamaa islamique, a été condamné à la prison à vie.
Le dossier de l’accusation fait également
état de l'entrée d'Aboul So’oud au Kénya munie d'un faux passeport égyptien le
23 janvier 1994. Sa mission était de surveiller l'ambassade américaine à
Nairobi, et il est entré dans les locaux de l'ambassade avec son passeport
américain.
En 1992, il a admis avoir formé des militants
d'Al-Qaïda en Afghanistan à la fabrication des explosifs. Il leur a appris à
créer des cellules secrètes. Il aurait d’ailleurs aidé Ben Laden à établir des
cellules au Kénya. Ben Laden l'a envoyé en 1994 à Djibouti pour préparer un
rapport sur l'ambassade américaine dans ce pays. Après l'attentat à la bombe
contre les deux ambassades américaines, il avait l'intention de se rendre en
Egypte puis en Afghanistan pour rencontrer Ben Laden, mais il a été convoqué
devant des juges américains à New York et a été arrêté.
Les renseignements d'Al-Qaïda
C’est l’égyptien Ibrahim Mohamed Saleh
Al-Banna ou Abou Ayman Al-Masri, un ancien dirigeant de l’organisation du
Jihad, qui a fondé les services de renseignements d’Al-Qaïda. Oussama ben Laden
l’a affilié à l’organisation à ses premiers débuts.
Saleh faisait partie de la génération des
anciens combattants d’Afghanistan. Il a tenu compagnie à Abdallah Azzam. Il a
notamment été responsable des médias au sein de l’organisation, et a été
surnomé la « légende » par Ben Laden en raison de ses multiples capacités.
Au Yémen, Al-Masri était le principal
fondateur d’Al-Qaïda dans la péninsule arabe (AQAP), il était responsable de la
sécurité. C’est lui qui, à la demande d’Ayman Al-Zawahri, a fondé l'appareil de
renseignement de l’organisation. Il a notamment entrainé les éléments
d’Al-Qaïda à se camoufler et à se dissimuler. Il était très habile dans la
falsification des passeports.
Al-Masri a réussi avec Abu Hamza Al-Muhajir à
établir un réseau de relations avec les cheikhs des tribus bédouines du Yémen.
Il leur a vendu des armes et s’est servi d’eux pour procurer des abris aux
membres de l'organisation. Les terroristes d’Al- Qaïda ont recruté un très
grand nombre de militants dans les tribus yéménites.
Al-Masri a beaucoup voyagé entre l’Egypte, le
Yémen et l’Afghanistan, falsifiant les documents officiels. Il savait
parfaitement se dissimuler et voyageait facilement. Il a ainsi reçu le respect
des dirigeants de l’organisation en Afghanistan et ailleurs en tant que
responsable de sécurité.
Grâce à ses compétences en matière de
contrefaçon, les agents d'Al-Qaïda ont réussi à voyager librement munis de faux
papiers.
Son influence s’est étendue jusqu’en Iraq. Il
a notamment entrainé Abou Ayoub Al-Masri, le chef d’Al-Qaïda en Iraq, qui a
succédé à Abou Moussab Al-Zarqaoui après la mort de ce dernier. Sa
responsabilité était de rallier un grand nombre d'égyptiens à Al-Qaïda et de
les envoyer dans certains pays après les avoir formés et dotés de faux papiers.
En janvier 2017, le département d'Etat
américain a placé Al-Masri et Hamza ben Laden, le fils d'Oussama ben Laden, sur
la liste américaine du terrorisme. Les secrétariats d’Etat aux Affaires étrangères
et au Trésor, ont affirmé avoir identifié Hamza bin Laden et Ibrahim Al-Banna
comme des terroristes internationaux. Ils ont promis 5 millions de dollars à
toute personne qui fournit des informations menant à l'arrestation d’Al-Banna.
Ceci s'est produit après une étape antérieure
au cours de laquelle Washington avait inclus Ibrahim Al-Banna à sa liste du
terrorisme en 2014, en tant qu’élément très dangereux d'Al-Qaïda sur le plan
international, ce qui montre que les américains avaient conscience de
l'importance de cet homme.
Daech, un travail de renseignement
institutionnalisé
Selon un rapport publié par le Washington
Times, les listes de recrutement d’Al-Qaïda ne se limitaient pas seulement aux
pauvres et à ceux qui venaient de régions éloignées. L’examen attentif de ces
listes révèle en effet qu'elles incluaient un très grand nombre de personnes
éduquées : des avocats, des ingénieurs, des policiers, des militaires, des
techniciens, des ingénieurs informatiques et des professionnels de la technologie
de l’information.
Daech est l’une
des organisations qui ont le plus recours au travail de renseignement,
l’organisation est même connue pour « ses méthodes féroces en matière
de renseignement ». Le groupe se distingue des autres par son appareil de
renseignement puissant, doté d'une expertise sécuritaire et d'une longue
expérience acquise par ses agents.
Le service de renseignement est l’une des
unités secrètes qui forment l’organigramme de l’Etat islamique. Cet appareil
possède un grand potentiel et il a des agents partout dans le monde. Ces agents
ont joué un rôle vital dans les opérations de l’organisation.
L’organisation Etat islamique exerce le
travail de renseignement d’une manière institutionnelle. Des combattants ayant
une grande expérience militaire forment les militants de l’organisation aux
méthodes de renseignement. La naissance de l’organisation revient en grande
partie aux efforts de l’ancien colonel de renseignement de l’armée de l’air
irakienne, à l’époque de Saddam, Samir Abd Mohamed Al-Khalafawi Surnommé Haji
Bakr.
En avril 2015, le magazine allemand Der
Spiegel a publié des documents en arabe comprenant des plans illustrant la
stratégie de l'organisation pour contrôler certaines parties de Syrie, ceci en
adoptant des méthodes de renseignements extrêmement sophistiqués basés en
grande partie sur l'espionnage et la surveillance. Der Spiegel affirmait que
ces documents appartenaient à Haji Bakr, qui a rejoint l'organisation en 2004
et qui aidé Abou Bakr Al-Baghdadi à se placer au sommet de la pyramide.
Bakr s’est rendu en Syrie en 2012, où il
était chargé du pouvoir dans les zones contrôlées par l'organisation jusqu'à
son assassinat dans un échange de tir en 2014.
Le plan de Daech consistait à
travailler sous couvert de la bibliothèque islamique de la Da'wa, à travers
laquelle des espions étaient envoyés dans les villes et les villages du nord de
la Syrie en se faisant passer pour des prédicateurs islamiques. Leur mission
était de connaître le rapport de forces dans ces régions et de détecter les
faiblesses potentielles. Les opérations armées étaient menées par des cellules
dormantes spécialement créées pour une confrontation précoce.
Ces documents écrits par Hegi et où étaient
indiquées les responsabilités de chacun n’était pas un serment d'allégeance,
mais le plan technique très perfectionné d'un Etat régi par une organisation
qui s'apparente à un service de renseignement. L'examen de plusieurs centaines
de pages de ces documents a révélé que Daech possède bien un appareil de
renseignement très complexe et très sophistiqué.
Selon le journal, le plan initial était de
créer des services de renseignement parallèles dans les provinces. Le secteur
des renseignements généraux était dirigé par un émir, qui supervise ses
adjoints dans les différentes provinces. Ces adjoints recevaient des rapports
des cellules d’espionnage et des responsables du renseignement dans chaque
province. Les adjoints de l’émir recevaient également des rapports du personnel
local d'espionnage. Le gouverneur de la province présidait également les
formateurs des magistrats chargés de vérifier les informations, tandis que le
prince local supervise une section séparée réservée aux agents de sécurité.
Bakr n’était pas le seul ancien militaire au
sein de la direction de Daech, il y avait également un grand nombre d'anciens
officiers de renseignement, ainsi que des officiers de l’ancienne Garde
républicaine dissoute et des anciens commandants de l'armée irakienne.
Parmi eux: Walid Jassim, connu sous le nom
d'Abou Ahmad Al-Alwani, ancien chef des services de renseignement de Saddam
Hussein, et Fadel Al-Hayali, connu sous le nom de « Musulman Abou
Turkam ». Certains pensent qu'il était l'adjoint d'Abou Bakr Al-Baghdadi
jusqu'à sa mort lors d'une frappe aérienne en 2015. Il y a également Iyad Hamed
Al-Jumaili, ancien officier des services de renseignement de Saddam, surnommé
« Abou Yahya » et le « ministre de la guerre ». Al-Jumaili était le
coordinateur général des provinces en Irak sur la carte de Daech. Il était en
charge des dossiers sécuritaires. Il a supervisé les exécutions commises par
l'organisation.
Avant de se voir confier le ministère de la
guerre à l’Etat islamique, Al-Jumaili était un officier supérieur de renseignement
au sein du régime de Saddam Hussein. Originaire de Falloujah, il a été tué lors
d'une attaque aérienne contre le quartier général des dirigeants de l’EI dans
la ville de Qaim, à l'ouest d'Al-Anbar.
Le New York Times affirmait en mai 2017, en se
référant à des informations fournies par les renseignements français, belges,
autrichiens et allemands, que les informations sûres et vérifiées qui sont en
possession de Daech confirment que l’organisation dispose d’un service
de renseignement qui collecte les informations, et recrute des éléments en
Europe et en Asie. Le secteur des opérations externes de cet appareil de
renseignement a implanté des centaines de cellules dormantes en Asie et en
Europe. Ces cellules ont commis des attentats partout dans le monde.
Cette unité utilise des éléments qui ont
adopté l’idéologie de l'organisation. Leur mission : entrer en contact
avec les militants dans les pays cibles, et leur transmettre des messages,
notamment des ordres d'attaque.
Les renseignements américains et européens
possèdent des dizaines de milliers de documents contenant les aveux de membres
présumés de l'organisation obtenus au cours de leur interrogatoire. Ils
auraient rencontré plusieurs fois les agents de renseignement de Daesh sous
couvert d’activités touristiques et commerciales et ces derniers leur ont
demandé de former des cellules et de « dormir » en attendant les
instructions.
Certaines personnes interrogées savaient que
l’appareil de renseignements de Daech a deux branches, l’une pour les opérations
externes et l’autre pour les opérations internes. Elles sont conscientes
qu'elles formaient des cellules dormantes en Europe, et que ces cellules
relevaient de l'appareil de sécurité de Daech, le nom que l'organisation a
donné à son appareil de renseignement. Abu Mohamed Al-Adnani dirigeait cet
appareil. Il avait dirigé auparavant le service de presse. En raison de ses
compétences militaires, on lui confié la responsabilité les opérations
spéciales de l’organisation.
La loyauté, la zone de résidence et la
maîtrise des langues étaient des critères essentiels pour recruter les membres
des cellules dormantes à l'étranger qui ont commencé à opérer en Europe et en
Asie à partir de 2014. Les opérations ont montré que les points forts de ces
cellules se trouvent en Allemagne, en Australie en Espagne, en France, en
Belgique, au Liban, en Tunisie, au Bangladesh, en Malaisie et en Indonésie,
ainsi que les pays du Moyen-Orient. 30 de ces agents ont perpétré 10 attaques
majeures dans le monde en deux ans. Certains d’entre eux avaient reçu un
entraînement en Syrie et en Irak.
Concernant les cellules dormantes implantées
par Daech aux Etats-unis, le Washington Post cite des responsables de la
sécurité à Washington, affirmant que la disponibilité des armes sur les marchés
américains et d’Internet ont facilité le recrutement des agents de
renseignement par Daech, qui a utilisé le courrier électronique et les réseaux
sociaux pour transmettre les ordres et les fonds nécessaires à l’achat des
armes aux États-Unis.
Combattre l’espionnage
Daech a procédé
à des opérations anti-espionnage au cours desquelles des espions ont été
arrêtés et exécutés. La sécurité intérieure était principalement responsable de
la détection et de la liquidation des espions. Elle était composée des membres
les plus expérimentés et les plus engagés au sein de l'organisation.
Le processus de sélection des membres de la
sécurité intérieure était difficile. Par exemple, il était normal que des
combattants passent d’un groupe à un autre, mais les membres de la sécurité
interne n’étaient choisis que parmi les personnes n’ayant jamais combattu dans
un autre groupe, et ce pour garantir leur loyauté. Le personnel de la sécurité
intérieure avait une liberté de mouvement, contrairement aux autres combattants.
Da'esh craignait les infiltrations, c’est
pourquoi l’organisation a eu recours à des éléments secrets pour surveiller les
combattants et collecter l’information de manière continue. La surveillance des
combattants étrangers commençait avant même qu'ils n'arrivent en Syrie et en
Irak.
Toute personne accusée d'espionnage était
envoyée à la prison de la sécurité intérieure, et la plupart des personnes
impliquées dans des actes d'espionnage en faveur d'autres organisations étaient
exécutés.