Motivations des Frères musulmans du Soudan pour contrôler l'organisation internationale de la confrérie

Depuis la Révolution du peuple égyptien le 30
Juin 2013 et la fin du règne des Frères musulmans, certains
pays sponsors de l’organisation ont commencé à conspirer
contre l’Égypte et à apporter un soutien direct à la confrérie, profitant de
la proximité géographique du Soudan pour en faire un lieu d'asile et de
rassemblement des fugitifs échappant aux poursuites en Égypte.
Suite à la dispersion du sit-in
de la place Rabaa au Caire, les Frères musulmans du Soudan ont
manifesté dans les quartiers de Khartoum, brandissant des pancartes sur
lesquelles on pouvait lire : Rabaa. Ils ont en plus assuré l'accueil aux
membres fuyards du groupe après avoir commis leurs crimes contre le peuple
égyptien, ce qui a provoqué des tensions dans les relations égypto-soudanaises
et conduit les autorités soudanaises à revoir rapidement la situation, à
contrôler les Frères musulmans dans le pays, et à prendre des
décisions plus sévères contre la présence des membres de la confrérie au
Soudan. Ceux qui parmi eux étaient de nationalité égyptienne ont été contraints
de quitter le territoire soudanais en réponse aux demandes égyptiennes, ce qui
constituait un tournant majeur dans le dossier des Frères au Soudan.
La présence des Frères musulmans au Soudan avait
acquis un statut de confidentialité, vu qu'ils étaient liés au Congrès
national, parti au pouvoir au Soudan et dirigé à l'époque par Hassan Al-Tourabi,
membre éminent du parti jusqu'en 1999, qui par la suite a créé un autre
parti dénommé Le Congrès du peuple, dans le but d'affaiblir le gouvernement du
président Omar Al-Béchir.
Il était prévu que la branche des
Frères musulmans au Soudan soit l'une des premières branches à s'établir en
dehors d'Egypte pour les considérations géopolitiques qui unissaient les deux
pays. Après la dissolution de la confrérie en Egypte en 1948, un grand
nombre de ses membres de diverses disciplines ont émigré au Soudan. Bien
que la vie politique soudanaise soit caractérisée par de nombreuses
scissions partisanes, la concurrence entre la branche soudanaise de
l'organisation et celle d'Egypte est visible sur la scène internationale,
surtout après certains succès locaux dans les années 1990. Le Soudan cherchait
à contrôler l'organisation internationale et à empêcher son contrôle par des
Egyptiens. Les relations entre les deux parties restaient, cependant,
parfaitement calmes depuis deux décennies. Après la Révolution du 30 Juin,
la branche soudanaise de la confrérie a regagné les lieux et sa relation avec
l'organisation internationale s'est transformée en une relation d'intégration.
Mais depuis le printemps 2018, les
relations entre l'Égypte et le Soudan ont connu une amélioration
remarquable : les "Frères" égyptiens devaient donc quitter
le territoire soudanais en réponse à la pression croissante de
l'Egypte. Par conséquent, au Soudan le Mouvement qui a perdu son
vrai leader et fondateur Hassan Al-Tourabi, en mars 2016, est
devenu très limité et fragilisé, ne pouvant plus rétablir sa
présence politique et paraissant même désormais incompatible avec la politique
du gouvernement soudanais qui s'oriente vers l'axe Arabie Saoudite - Egypte.