Ukraine: début de retrait militaire russe, un signe «positif» pour Paris, Berlin et l’OTAN
MOSCOU | Paris, Berlin et l’OTAN ont noté mardi un premier signe «positif» après l’annonce d’un retrait partiel des forces russes déployées autour de l’Ukraine, qui font craindre depuis des semaines une invasion et une guerre d’ampleur.
Le ministère russe de la Défense a annoncé, avant une rencontre à Moscou entre le chancelier allemand Olaf Scholz et Vladimir Poutine, qu’une partie des 100 000 hommes déployés retournait dès mardi en garnison, diffusant à cet effet des images de blindés chargés sur un train.
Le président russe a confirmé ce «retrait partiel», mais ni le Kremlin ni l’armée n’en ont détaillé le calendrier ou l’ampleur. La Russie poursuit en outre d’importantes manœuvres au Bélarus, voisin prorusse de l’Ukraine, jusqu’au 20 février.
«Le fait que nous entendions maintenant que certaines troupes sont retirées est en tout cas un bon signe. Nous espérons qu’il y aura encore des suites», a déclaré à Moscou le chancelier allemand, lors d’une conférence de presse avec le président russe.
Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a de son côté exprimé un «optimisme prudent», tout en disant attendre un «signe de désescalade».
«Les paroles, c’est bien. Nous attendons les actes. Si les actes sont là, ce sera encore mieux», a lancé le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, à l’Assemblée nationale.
Kiev a salué l’union de l’Ukraine et de ses alliés occidentaux qui a «empêché toute nouvelle escalade de la part de la Russie».
Vladimir Poutine a pour sa part assuré que «bien sûr» il ne voulait pas d’une guerre, tout en martelant que l’expansion de l’OTAN et les ambitions de l’Ukraine de rejoindre l’Alliance constituaient une menace pour la Russie.
MM. Poutine et Scholz ont insisté vouloir un processus de négociations sur les questions de sécurité en Europe.
Et un nouvel appel téléphonique entre chefs des diplomaties russe et américaine avait lieu mardi, selon département d’État américain).
«Le chemin de la négociation»
Les Occidentaux et Moscou doivent trouver un compromis «sans abandonner leurs principes», a relevé M. Scholz, «c’est notre satané devoir de nous engager pour la paix».
«Nous sommes prêts à aller sur le chemin de la négociation», a dit le maître du Kremlin.
Il a cependant dénoncé le rejet par les Occidentaux de ses principales exigences, déplorant ne pas avoir reçu «de réponse constructive».
Ces revendications sont la fin de la politique d’élargissement de l’Alliance, l’engagement à ne pas déployer d’armes offensives à proximité du territoire russe et le retrait d’infrastructures de l’OTAN d’Europe de l’Est.
Ces exigences ont été rejetées par les Occidentaux, qui ont proposé en échange des pourparlers sur des sujets comme le contrôle des armements, les visites d’installations sensibles ou des discussions sur les craintes russes en matière de sécurité.
Pour M. Poutine, ces questions et ses exigences doivent faire partie d’un même «ensemble» de pourparlers.
Dans les rues de la capitale ukrainienne, la prudence était aussi de mise.
«Totalement croire (à une désescalade) ne serait ni malin, ni sage», a relevé Artem Zalouzny, un avocat de 22 ans interrogé par l’AFP sur Khrechtchatyk, l’avenue centrale de Kiev.
Lundi, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait signifié une première éclaircie en recommandant à M. Poutine d’approfondir le dialogue avec les Occidentaux.
Cette lueur d’espoir intervient après un ballet diplomatique intense de nombreux responsables occidentaux, en particulier le président français Emmanuel Macron qui avait initié la navette entre Moscou et Kiev au début de la semaine dernière, alors que Washington dénonçait une offensive probablement imminente sur l’Ukraine.
«Hystérie sans fondement»
Lundi, les États-Unis, jugeant toujours le risque à son maximum, ont abandonné leur ambassade à Kiev pour l’installer à Lviv, plus à l’ouest.