En décembre dernier, l’armée syrienne a ouvert des bureaux de recrutement dans la province stratégique de Deir ez-Zor, située à l’est de la Syrie, pour attirer “ex-rebelles” et “déserteurs de l’armée repentis”. Mais “quasiment personne ne s’est présenté”, écrit The Washington Post.
L’initiative lancée par le régime de Bachar El-Assad en direction de ces jeunes hommes à qui Damas “a promis le pardon et un nouveau départ” a fait un flop. Et pour cause, écrit la correspondante dans la région du quotidien américain :
Avec l’armée russe, l’Iran et ses milices ont permis au régime de Damas de se maintenir et de reprendre le contrôle de deux tiers du territoire syrien.
Mieux payés
Abou Khadija a rejoint une milice pro-iranienne il y a trois ans. “Il n’était pas motivé par la religion ou l’idéologie, dit-il. Il voulait juste sa solde.” C’était aussi pour lui “la seule solution d’échapper à l’armée”.
D’après le jeune homme de 26 ans, la milice pro-Téhéran offre un salaire plus de deux fois supérieur à celui versé par l’armée syrienne – 27 000 livres syriennes, soit l’équivalent de 6,50 euros. Et puis, au sein de cette faction, il n’était d’astreinte que quinze jours par mois, alors que les soldats syriens sont envoyés pour des missions de deux mois, avec des permissions de seulement cinq jours, dit-il.
Les combattants de cette milice ont droit à un panier alimentaire mensuel, précise Abou Khadija, “avec du sucre, de l’huile de cuisine, du thon en boîte et des haricots”, empaquetés dans des cartons à l’effigie du général iranien Qassem Soleimani, le commandant d’un des corps d’élite des Gardiens de la révolution islamique tué par une frappe américaine en 2020. Ravagée par onze ans de guerre, la Syrie traverse également une grave crise économique. De plus, ceux-ci ont également droit à des vols gratuits pour Damas.
Une stratégie au long cours
Avec ses milices alliées qui recrutent des locaux et en fournissant des services que le gouvernement syrien est incapable de fournir, “l’Iran joue le long terme” dans la région de Deir ez-Zor, écrit le Washington Post.
L’implantation de Téhéran dans cette région pourrait favoriser ses “intérêts régionaux”, écrit le journal, “même après la fin de la guerre civile syrienne, lorsque le soutien de l’Iran à Bachar El-Assad ne sera plus aussi vital”.
L’Iran a construit et ouvert des écoles, et distribué des paniers alimentaires, disent des experts locaux. Il a essayé de convertir des mosquées de cette province sunnite à l’islam chiite, la religion officielle de l’Iran. Même si peu de Syriens se sont convertis, l’appel à la prière chiite se fait entendre pour la première fois.”