Publié par CEMO Centre - Paris
ad a b
ad ad ad

Après un mois de sanctions, le Mali est encore debout

jeudi 10/février/2022 - 08:04
La Reference
طباعة
AFP : Les voisins du Mali espéraient début janvier qu'un embargo économique ferait plier la junte à la tête de ce pays pauvre et enclavé. Mais un mois après, si de premiers signaux d'alerte sont là, les autorités dominées par les militaires font front.

Le voyant le plus visible s'est peut-être allumé fin janvier quand le Mali s'est retrouvé dans l'incapacité d'honorer des remboursements de plus de 30 millions de dollars empruntés sur le marché ouest-africain.

L'effet des sanctions ouest-africaines est moins flagrant pour le moment sur le quotidien des quelque 20 millions de Maliens. Mais au sein d'une population éprouvée par dix ans de conflit et de crise économique, on parle de plus en plus d'une augmentation des prix de produits aussi essentiels que le sucre et le sac de ciment.

Je prends moins d'oignons et moins d'huile, alors que c'est ce qu'on cuisine le plus", raconte Mame Koïta, 46 ans et mère de quatre enfants, devant un étal plein du quartier Bolibana de Bamako.

Cela fait des années, dit-elle, que son panier lui semble plus léger à chaque retour du marché. Et chez tous les interlocuteurs interrogés par l'AFP, près d'un sur deux se plaint que la vie soit devenue encore plus chère à cause des sanctions.

Le 9 janvier, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) ont rudement sanctionné le projet des colonels maliens de conserver encore plusieurs années le pouvoir qu'ils ont pris par la force en août 2020.

Les frontières du Mali sont à présent fermées avec les 14 autres Etats de la Cédéao, sauf la Guinée, où les colonels au pouvoir se sont solidarisés avec leur collègues maliens. Les échanges commerciaux et financiers sont suspendus, hormis les produits de première nécessité.

- Résistance -

Le calcul de la Cédéao et de l'Uémoa est simple: que l'embargo force les autorités dites de transition à soumettre un calendrier acceptable de retour des civils au pouvoir.

Le Mali, dépourvu d'accès à la mer, importe 70% des denrées consommées quotidiennement par ses habitants, selon l'ONU. Et le lien aujourd'hui restreint avec le Sénégal ou la Côte d'Ivoire est vital.

Aucun mouvement massif de dénonciation du renchérissement de la vie n'a émergé jusqu'ici. Et les voix éparses qui s'élèvent en ce sens sont couvertes par le discours de "résistance" que tiennent les autorités au nom de la souveraineté nationale.

Choguel Kokalla Maïga, chef du gouvernement installé par les militaires, fustigeait lundi les sanctions comme des "mesures injustes et sauvages dont l’objectif est d’asphyxier le Mali" et de renverser le régime, "pour le compte de qui l'on sait", claire référence à la France, devenue l'objet récurrent de sa vindicte.

De nombreux Maliens adhérent à cette rhétorique. Mi-janvier, ils étaient descendus massivement dans la rue (quatre millions de personnes au Mali et à l'étranger selon M. Maïga) pour protester contre les sanctions.

La profondeur de la morsure économique est difficile à apprécier. L'état des caisses pour payer les fonctionnaires ou les dépenses de fonctionnement, par exemple, n'est connu que de certains services l'Etat.


"