Ukraine : selon Le Drian, l'invasion par la Russie est imminente, "toutes les conditions sont réunies"
mercredi 02/février/2022 - 08:02
Le danger est "clair et imminent" et "tous les éléments sont réunis pour qu'il y ait une intervention russe en Ukraine, a déclaré Jean-Yves Le Drian sur France 2 ce matin. Les interventions du ministre français des Affaires étrangères s'inscrivent dans le ballet diplomatique déployé depuis des semaines par les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN pour tenter de dissuader la Russie de s'emparer de l'Ukraine. Le contenu des discussions avec la Russie a fuité, et celle-ci considère que le compte n'y est pas. Pas encore.
La Russie ne veut pas de l'OTAN à sa porte, elle conteste à l'Ukraine, son ancien satellite du temps de l'URSS, toute velléité d'indépendance, surtout s'agissant de rejoindre l'Organisation du traité de l'Atlantique-Nord (OTAN), un pacte d'assistance militaire historiquement tourné contre elle.
Malgré la pression exercée par les États-Unis et ses alliés, la Russie réussit cependant, par ses manoeuvres (y compris militaires) à créer une zone d'incertitude qui met la galaxie diplomatique internationale en ébullition. Pour empêcher une invasion de l'Ukraine, les actions de soutien très visibles se succèdent (visite d'Anthony Blinken, de Boris Johnson...) comme fusent les déclarations belliqueuses, les menaces de rétorsion, ou les cris d'alarme.
En France, les interventions médiatiques de Jean-Yves le Drian se multiplient, leur fréquence suggérant en soi l'urgence de la situation.
Ainsi ce matin même sur France 2, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, estimait que le danger était "clair et imminent". Tout en ajoutant aussitôt qu'il n'y avait pour l'heure aucune information sur la volonté du président russe Vladimir Poutine de lancer une offensive sur l'Ukraine. Pour autant, son analyse de la situation militaire est clairement pessimiste :
"La situation est très grave. Il y a des dizaines de milliers de soldats russes aux frontières de l'Ukraine", a dit le ministre sur France 2.
Il ajoutait:
« Tous les éléments sont réunis pour qu'il y ait une intervention. »
Le "Pas un pas de plus!" de Baerbock approuvé par Le Drian
Samedi dernier, le 29 janvier, après l'échange la veille entre le président Emmanuel Macron et Vladimir Poutine et alors que l'Ukraine presse ses alliés de manifester de la fermeté, le ministre des Affaires étrangères français disait, dans une interview donnée au JDD, reprendre à son compte les propos de son homologue allemande:
« Toute atteinte nouvelle à l'intégrité territoriale de l'Ukraine aura des conséquences massives. On ne peut pas être plus clair. Ma collègue allemande Annalena Baerbock a dit "pas un pas de plus!", je fais mienne cette expression.»
Au JDD qui lui demandait si le chemin de la diplomatie prôné avec obstination par la France avait donné des résultats jusqu'à présent avec la Russie, le ministre répondait:
«Dans une affaire aussi grave, notre stratégie, telle que le Président de la République l'a définie, repose sur trois principes : la fermeté, la solidarité et le dialogue.»
Poursuite du ballet diplomatique
Le ballet diplomatique se poursuit ce mercredi autour de l'Ukraine, après que Vladimir Poutine a dit espérer "une solution" à la profonde crise russo-occidentale tout en affirmant craindre un "conflit armé".
Ce mercredi, le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte a été reçu par le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Kiev, au lendemain des visites des chefs des gouvernements britannique et polonais.
Demain jeudi, c'est le président turc, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est un fournisseur de drones de combats à l'Ukraine, qui est attendu.
Boris Johnson à l'offensive sur les sanctions financières et commerciales
Hier mardi, c'était le Premier ministre britannique Boris Johnson, qui en visite en Ukraine pour afficher le soutien de Londres à Kiev, avertissait les Russes que la Grande-Bretagne imposera automatiquement des sanctions immédiates contre les intérêts commerciaux et des ressortissants russes en cas d'offensive de la Russie contre l'Ukraine.
Lundi, le 31 janvier, la ministre des Affaires étrangères britannique, Liz Truss, avait annoncé une nouvelle loi pour durcir le régime de sanctions du Royaume-Uni qui pourrait être utilisé en cas d'attaque de la Russie contre l'Ukraine. Devant la Chambre des Communes, elle expliquait que ces sanctions pourront viser un plus grand nombre d'individus et d'entreprises en fonction de leur importance pour le Kremlin:
« Nous pourrons cibler toute entreprise liée à l'État russe, qui exerce des activités d'importance économique pour l'État russe ou opère dans un secteur d'importance stratégique pour l'État russe. Non seulement nous serons davantage en mesure de cibler ces entités, mais nous pourrons également poursuivre ceux qui les possèdent ou les contrôlent », a ajouté la ministre.