La Russie ajoute Alexeï Navalny à sa liste des « terroristes et extrémistes »
mardi 25/janvier/2022 - 03:53
Au moins neuf autres personnes liées au mouvement de l’opposant ont également été ajoutées à cette liste. Cette décision s’inscrit dans un contexte de répression tous azimuts en Russie contre l’opposition.
C’est un pas de plus dans la répression implacable qui vise les voix critiques du Kremlin. La Russie a ajouté, mardi 25 janvier, le principal opposant, Alexeï Navalny, emprisonné depuis plus d’un an, ainsi que l’une de ses proches en exil, Lioubov Sobol, à sa liste des « terroristes et extrémistes » du service des renseignements financiers russe, Rosfinmonitoring.
Selon le Fonds de lutte contre la corruption, l’organisation de M. Navalny, interdite en juin, et au moins neuf autres personnes liées au mouvement de l’opposant ont également été ajoutées à cette liste. Cette décision s’inscrit dans un contexte de répression tous azimuts en Russie contre l’opposition, les médias et la société civile jugés critiques envers les autorités et le président Vladimir Poutine.
A la mi-janvier, les deux principaux lieutenants de M. Navalny, Ivan Jdanov et Léonid Volkov, qui vivent en exil, avaient eux aussi été ajoutés à la liste de Rosfinmonitoring. Ce catalogue comprend des milliers d’individus et des centaines d’organisations islamistes, religieuses et ultranationalistes interdites en Russie. On y trouve par exemple les talibans et l’organisation djihadiste Etat islamique.
Alexeï Navalny a été arrêté en 17 janvier 2021 à Moscou alors qu’il revenait de convalescence en Allemagne à la suite d’un grave empoisonnement en Sibérie en août 2020, dont il tient le président Poutine pour responsable. La Russie n’a jamais ouvert d’enquête sur cette tentative d’assassinat, affirmant n’avoir aucun indice en ce sens, Berlin n’ayant jamais partagé les analyses médicales du plus célèbre opposant au Kremlin.
M. Navalny, militant pourfendeur de la corruption âgé de 45 ans, s’est vu infliger après son retour dans son pays une peine de deux ans et de demi de prison pour une affaire de « fraudes » qu’il qualifie de politique. Cette condamnation a suscité une pluie de critiques internationales et de nouvelles sanctions occidentales contre Moscou. En guise de soutien, le Parlement européen a remis à Alexis Navalny son prix Sakharov 2021 de défense de la liberté de pensée.
Pressions croissantes sur des médias et des ONG
En dépit de son incarcération, M. Navalny continue d’exhorter ses concitoyens à faire front, publiant régulièrement des messages sur les réseaux sociaux. Le 17 janvier, un an jour pour jour après son arrestation, M. Navalny a ainsi affirmé « ne rien regretter » et appelé les Russes à ne pas avoir « peur ».
L’arrestation d’Alexeï Navalny avait déclenché plusieurs journées de manifestations il y a un an, mais elles avaient été brutalement réprimées. Puis c’est son mouvement qui a été banni en juin pour « extrémisme ». M. Navalny est, en outre, la cible de nouvelles poursuites judiciaires pour « extrémisme », qui pourraient permettre de le maintenir en prison pendant de longues années.
La répression de son mouvement s’est ensuivie de pressions croissantes sur des médias critiques du Kremlin et des ONG, désignés à tout-va « agents de l’étranger » – une étiquette infamante qui complique grandement leur travail avec la menace de graves problèmes judiciaires.
En décembre, l’ONG Memorial, un pilier de la défense des droits humains et un gardien de la mémoire des victimes du goulag, a ainsi été interdite par la justice russe pour n’avoir pas respecté ses obligations d’« agent de l’étranger ». Cette répression s’illustre aussi sur Internet et la Russie sanctionne sans cesse davantage les grandes entreprises du numérique, surtout étrangères, accusées de ne pas effacer des contenus liés à l’opposition.