Présidentielle 2022: Mélenchon adoucit sa position sur l'Europe
Le chef de file de la France insoumise détaille sa stratégie vis-à-vis de l'Union européenne. Une façon d'envoyer un message à ses concurrents à gauche.
POLITIQUE - “La méthode a changé.” Invité de la matinale de France inter ce lundi 3 janvier, Jean-Luc Mélenchon a détaillé son changement de pied concernant l’Union européenne. Une position adoucie qui, espère-t-il, permettra “peut-être que certains fassent un pas” vers sa candidature à l’heure où le spectre d’une union de la gauche agite encore les débats.
En 2017, le chef de file de la France insoumise proposait un plan en deux parties: réformer Bruxelles de l’intérieur ou sortir des traités en cas d’échec. “L’Europe, on la change ou on la quitte”, résumait-il le 24 juin 2016, dans une note de blog publiée le lendemain du référendum sur le Brexit en Grande-Bretagne.
Cinq ans plus tard, cette expression bravache ne figure pas dans la nouvelle mouture de “L’Avenir en commun” (AEC) le programme des Insoumis pour la présidentielle 2022. Et pour cause : Jean-Luc Mélenchon parle désormais “d’opt out” ou de désobéissance ponctuelle, loin d’un Frexit éventuel.
L’“opt out”, c’est quoi ?
“Au lieu d’avoir un débat idéologique et pour permettre peut-être que certains fassent un pas vers moi, je propose la chose suivante : le programme AEC quoiqu’il arrive, quoiqu’il en coûte, sera appliqué. Et si l’Union européenne s’oppose au contenu de ce programme, à ce moment-là nous pratiquerons ‘l’opt out’”, a-t-il ainsi expliqué avant de traduire : “nous n’appliquerons plus jamais en France un droit moindre que celui que nous avons déjà.”
En français, “opt out” signifie “se désengager.” Jean-Luc Mélenchon veut ainsi profiter des “options de retrait” qui s’appliquent, effectivement, à titre dérogatoire, au sein de l’Union.
“Il y a déjà de ‘l’opt out’ sur tout un tas de sujets et pas seulement du temps des Anglais, qui avaient fait ‘opt out’ sur les lois sociales. Il y a des pays qui ne pratiquent pas l’euro, il y a des pays qui ne sont pas dans le système de défense, il y a des pays qui n’appliquent pas les règles de libre concurrence sur la production de l’eau”, s’est ainsi défendu Jean-Luc Mélenchon. Plus concrètement, une poignée de pays (Danemark, Irlande et Suède) bénéficient effectivement de ce mécanisme sur certaines règles.
Comment Mélenchon explique cette évolution
Un changement stratégique assumé par les Insoumis. “Evidemment, on se perfectionne d’une campagne à l’autre et on examine les cas concrets”, a ainsi répondu le député des Bouches-du-Rhône, candidat à la présidentielle pour la troisième fois, pour qui “les conditions ont changé autour de nous, nous devons correctement évaluer le rapport de force pour être nous-mêmes dans un rapport de force.”
Et d’ajouter : “il faut se rendre compte que si nous venions à dire, comme les Anglais, ‘au revoir, on s’en va’, cela revient à dire qu’on donne les clefs du camion à la nation allemande, ce dont on il n’est pas question à mes yeux.”
Surtout, cette position quelque peu atténuée permet à Jean-Luc Mélenchon d’envoyer un message à ses différents concurrents à gauche à l’heure où la question des relations avec l’Union européenne s’affiche comme un des rares points de rupture entre socialistes, communistes, insoumis et écolos. “Sont-ils prêts à faire un pas vers moi ?”, s’est-il interrogé, toujours sur France Inter. C’est la toute la question, qui est sans doute déjà vite répondue.