Chili: qui est le progressiste Gabriel Boric, élu président à 35 ans en battant l'extrême-droite?
"Si le Chili a été le berceau du néolibéralisme en Amérique latine, il sera aussi son tombeau", avait-il déclaré lors de sa proclamation de candidature.
Depuis, le ton s'est modéré, et il expliquait à l'AFP vouloir instaurer au Chili "quelque chose qui, en Europe, parait assez évident: garantir un Etat-providence afin que chacun ait les mêmes droits, quel que soit l'argent qu'il a dans son portefeuille".
Il a construit sa critique de la démocratie dans laquelle il a grandi et qui a perpétué un modèle économique établi sous la dictature (1973-1990), faisant du Chili le pays le plus inégalitaire de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), avec une classe moyenne endettée pour pouvoir payer les frais d'éducation, de santé et une retraite privée.
Gabriel Boric incarne ainsi l'héritage politique du soulèvement social de 2019 pour une société plus juste qui a remis en question "le modèle de développement et a demandé pourquoi ce que nous pensions être des droits sociaux était privatisé, pourquoi l'éducation était un privilège et non un droit, pourquoi il y avait des soins de santé pour les riches et les pauvres, pourquoi les retraites étaient un business".
"Soyons réalistes, exigeons l'impossible"
En couple avec une politologue, sans enfant, il est originaire de l'extrême sud du Chili, de Punta Arenas, l'une des villes les plus australes du monde considérée comme la porte de l'Antarctique, sur les rives des eaux glacées du détroit de Magellan.
Il a grandi aux côtés de ses deux frères cadets dans une famille sympathisante des partis socialiste et démocrate-chrétien, et a étudié à la British School de sa ville avant de rejoindre l'université de Santiago, où il n'a pas fini son cursus diplômant.
Son père, Luis Boric, un ancien ingénieur-chimiste de 75 ans, raconte que son fils a commencé à forger ses idéaux politiques dès son plus jeune âge avec les messages "soyons réalistes, exigeons l'impossible" ou "la raison fait la force" peints sur le mur de sa chambre.
Sa mère dit avoir toujours été "opposée aux responsabilités" qu'il prenait à la faculté de peur qu'il ne rate ses études. Entre les années 2011 et 2012, Gabriel Boric est devenu président de la Fédération des étudiants de l'université du Chili (FECH) lors du grand mouvement étudiant réclamant une réforme du système éducatif, essentiellement privé.
En 2013, il a utilisé la maison familiale comme quartier général de campagne pour son premier combat législatif, rassemblant amis et bénévoles, et remporté l'année suivante le siège de député de la région de Magallanes.