Publié par CEMO Centre - Paris
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Ahmed Youssef, Écrivain, Directeur exécutif du CEMO
Ahmed Youssef, Écrivain, Directeur exécutif du CEMO

Des Egyptiens que j’ai connus à Paris Ramzi Yassa : gagner les cœurs grâce au piano

jeudi 02/décembre/2021 - 10:53
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Les causeries du vendredi à Paris

Des Egyptiens que j’ai connus à Paris

Ramzi Yassa : gagner les cœurs grâce au piano

 

Je ne sais plus quand j’ai entendu pour la première fois le pianiste Ramzi Yassa ! Mais cela remonte à une époque lointaine à Paris il y a plus de vingt ans, lorsque je l’ai vu jouer le Concerto numéro un pour piano et orchestre de Tchaïkovski. C’est comme si Ramzi Yassa faisait vibrer avec ses doigts les cœurs des auditeurs, et nos cœurs battaient effectivement au rythme de ses doigts. J'ai vu une auditrice mettre la main sur son cœur comme si elle voulait l’empêcher de sortir de sa poitrine, étant donné la force de son émotion, et on ne savait pas si cette émotion venait de la virtuosité de Ramzi Yassa ou du génie musical de Tchaïkovski, qui ne vous laisse pas le moindre répit pour reprendre votre souffle. A moins que cela ne vienne des deux en  même temps.

Le plus étrange était que le visage du pianiste égyptien mondialement célèbre semblait s’être figé sur un sourire discret qui cachait derrière lui les vagues rugissantes causées par ses doigts dans le cœur de ses auditeurs.

C’est ainsi que dans la vie, il vous accueillait avec un sourire particulièrement affable qui brisait la barrière entre l’artiste et l’être humain et frayait la voie à l’amitié, en vous donnant l’occasion de pénétrer sa personnalité sensible et modeste jusqu’à la timidité.

Les centres d’intérêt du pianiste Ramzi Yassa étaient aussi divers que l’histoire et la politique, et il assistait aux conférences de bon niveau qui se tenaient dans divers quartiers de Paris, où vous étiez surpris de le trouver. Et lorsque nous avons organisé au CEMO un colloque sur les événements politiques du Moyen-Orient, ce grand artiste était présent parmi le public, ce qui nous a surpris au plus haut point, car le sujet était sèchement lourd, et pourtant il lui manifestait le plus grand intérêt. C’est comme s’il voulait enrichir sa culture par tous les moyens, en restant en contact avec le monde réel et les événements, et pas seulement avec le monde de la musique.

Je n’ai pas eu l’occasion de me promener avec Ramzi Yassa dans les rues de Paris, et cela vaut peut-être mieux, pour pouvoir parcourir le monde du piano et de la musique, russe en particulier, et qu’elle vous emporte loin de la réalité politique que nous vivons au Centre d’études du Moyen-Orient à Paris. De même que lui nous visitait pour connaître la réalité du monde politique, ce qui nous était mutuellement bénéfique, même si ce n’était pas volontaire de notre part.

Bien que ce grand artiste vive à Paris, qu’il a choisi – à moins que ce soit Paris qui l’ait choisi –, il s’intéresse en permanence à la situation de sa patrie lointaine, et quelle n’est pas sa joie lorsque celle-ci l’invite à jouer dans un théâtre ou à l’Opéra ! Et bien que cet homme ait fait le tour du monde et joué dans les plus célèbres salles, il trouve un plaisir particulier à jouer dans son pays, comme c’est le cas de tous ceux qui doivent supporter les souffrances de l’expatriation.

C’est ainsi que Ramzi Yassa gagne les cœurs, partout où ses doigts en or touchent le piano.

Je reviens chez moi au concerto numéro un de Tchaïkovski pour y voir, à travers cette musique difficile qui suscite en nous les grandes questions de la vie comme l’amour et la mort, le sourire du grand pianiste égyptien Ramzi Yassa.

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