Publié par CEMO Centre - Paris
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Ahmed Youssef, Écrivain, Directeur exécutif du CEMO
Ahmed Youssef, Écrivain, Directeur exécutif du CEMO

Des Egyptiens que j’ai connus à Paris Mona Ragab qui nous a fait lire le journal Al- Ahram à partir de la dernière page.

vendredi 26/novembre/2021 - 04:10
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Les causeries du vendredi à Paris

Des Egyptiens que j’ai connus à Paris

Mona Ragab qui nous a fait lire le journal Al- Ahram à partir de la dernière page.

 

La dernière page du quotidien al Ahram a été un symbole de l’art journalistique égyptien pendant 100 ans depuis que le regretté Kamal al Mallakh a occupé le poste de rédacteur en chef de cette page dans les années soixante.

Mais j’ai connu de près la journaliste Mona Ragab qui occupait cette fonction depuis quelques années et qui en a fait une tribune non pas seulement des informations journalistiques mais aussi des événements culturels, médiatiques et intellectuels que l’Egypte à vécus dans les années quatre-vingt-dix du siècle dernier.

La collègue Mona Ragab se distinguait par sa capacité étonnante à assimiler la culture française, d’un côté, et à communiquer de façon permanente avec les vedettes de la culture en Egypte et dans les pays arabes. Elle a pu fondre tout cela dans un espace limité réservé aux informations de l’art et de la culture sur la dernière page, et sur lesquelles débordaient les exigences de la publicité et des annonces, car la dernière page était lue par tous les secteurs de la société égyptienne, et la publicité et les annonces avaient acquis un rang dans la même page, et parfois, la publicité débordait sur l’espace réservé à l’art et à la culture, et Mona Ragab devait essayer, dans la mesure du possible, de préserver l’espace de la page. C’est-à-dire que la notoriété de la dernière page était devenue telle qu'une  arme contre elle même .

Je l’ai vue traiter avec les collègues comme s’ils faisaient partie de sa famille, et elle donnait à chacun d’eux une occasion de travail et de réussite.

Mona Ragab adorait Paris et le visitait chaque fois qu’elle en avait l’occasion, pour assister à un colloque, un festival ou des rencontres à l’Institut du monde arabe, ou au bureau d’al Ahram à Paris, et elle voyait que Paris était une fenêtre ouverte sur le monde, et s’intéressait ainsi à toute information que je lui envoyais lorsque je travaillais au bureau d’al Ahram.

Paris n’était pas pour elle l’avenue des Champs-Elysées seulement, comme c’est malheureusement le cas pour la plupart des Egyptiens et des Arabes qui visitent la France, mais aussi une occasion de connaître les derniers livres et en particulier ceux qui traitent un aspect de la civilisation égyptienne, ancienne et moderne, et nous marchions ensemble et nous arrêtions devant les vitrines des librairies et discutions le sujet du livre même sans l’acheter.

Paris était aussi pour ma chère collègue Mona Ragab la ville où avait été soignée pendant longtemps sa mère défunte, et elle était soucieuse de connaître les derniers développements des sciences médicales, et ne se lassait pas non plus de suivre ce qui se passait en Egypte durant ses séjours à Paris. Sa mère était l’épouse du grand journaliste Anis Mansour, et nous nous réunissions tous les trois, tantôt dans le bureau d’al Ahram, tantôt dans un restaurant parisien. Et c’était pour nous des moments de plaisir de nous rencontrer loin de la patrie, au cœur de Paris, pour discuter de ses soucis et de l’espoir d’un avenir meilleur pour elle.

La chère collègue Mona Ragab a continué à écrire dans sa colonne de la dernière page, où elle donnait son opinion sur les événements culturels, tout en gardant de bonnes relations avec les dames de la société égyptienne, et elle a continué, à travers ces relations, à servir la société et ses problèmes, surtout dans les moments délicats que l’Egypte a vécus ces dernières années.

Mona Ragab a pu former grâce à cette dernière page une école réunissant l’art, la culture et les exigences de la presse pour faire face aux pressions qui s’exercent sur elle, et elle a pu inventer une langue moyenne grâce à laquelle elle pouvait tout dire sans que cela ne provoque d’inimitié avec un artiste ou un écrivain, ni de malentendu avec tel ou tel collègue d’un autre journal. En résumé, cette école était une école de l’ouverture sur les autres cultures, et sur les forces de la société égyptienne sans la heurter, et cela représente sa garantie de poursuivre le travail sans provoquer de crises, car la vraie clé de la rédaction de la dernière page est qu’elle ne cesse pas d’innover et d’attirer les lecteurs chaque matin, en Egypte et dans le monde arabe, au point que des millions de lecteurs aient pris une nouvelle habitude, celle de commencer la lecture d’al Ahram en commençant par sa dernière page. C’est le grand succès réalisé par Kamal al Mallakh, qui a été poursuivi et élargi par la collègue Mona Ragab, à laquelle je rends hommage, ainsi qu’aux collègues de la page, dont le rédacteur en chef est aujourd’hui le cher collègue et professionnel distingué Achraf Mufid.

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