Une coloscopie oblige Joe Biden à céder le pouvoir (un court instant), comme d'autres présidents avant lui
Et ce n’est pas la première fois qu’une telle situation se présente dans l’histoire des États-Unis. Avant Joe Biden, deux présidents ont quitté quelques heures leur poste pour subir une opération. Coïncidence: ce fut à chaque fois pour une coloscopie, qui sert au dépistage du cancer du colon et jamais pour un autre type d’opération sous anesthésie générale.
En 1985, Ronald Reagan a transféré ses pouvoirs à George Bush (père), comme le recense le site The Americain Presidency Project de l’Université de Santa Barbara. Puis George W. Bush (fils), à son tour chef de l’État, l’a imité à deux reprises en 2002 et 2007 avec son vice-président Dick Cheney.
Car pour cet acte médical, le patient doit être sous anesthésie générale. Un président ou une présidente ne peut donc être en même temps aux commandes de son pays. Mais ce n’est qu’en 1967 que le 25e amendement a été ajouté à la Constitution, pour palier le flou autour de l’article 2 du texte qui planifiait l’arrivée au pouvoir du vice-président en cas de décès, de démission ou “d’incapacité de transférer les pouvoirs et devoirs” du président.
Cette disposition est héritée de la présidence de Woodrow Wilson (1913-1921) pendant laquelle le président américain avait refusé de céder ses pouvoirs pendant plusieurs mois, alors qu’il était gravement malade.
La section 3, utilisée par Joe Biden aujourd’hui, prévoit donc que le chef de l’État prévienne par écrit les présidents des deux chambres du Congrès (Sénat et Chambre des représentants) de “son incapacité d’exercer les pouvoirs et de remplir les devoirs de sa charge”. “Jusqu’au moment où il les avisera par écrit du contraire, ces pouvoirs seront exercés et ces devoirs seront remplis par le vice-président (qui est aussi le vice-président, NDLR) en qualité de président par intérim”, est-il ajouté.
Donald Trump accusé d’avoir caché sa coloscopie
La section suppose néanmoins que l’incapacité (en l’occurrence, la coloscopie) du président soit connue en avance pour mener la procédure. Le président Reagan n’a par exemple pas pu utiliser cet amendement en 1981 lors de la tentative d’assassinat dont il a été victime, puisqu’il a été admis immédiatement après les faits aux urgences.
Toutefois, même lorsqu’ils ont connaissance de leurs soucis médicaux, les présidents ne sont pas toujours enclins à laisser la main. L’ancienne porte-parole de Donald Trump, Stephanie Grisham, sous-entend dans un récent livre que le milliardaire républicain a également subi une coloscopie pendant son mandat. Mais il aurait gardé l’intervention secrète pour ne pas passer par la procédure du 25e amendement et transférer ses pouvoirs au vice-président Mike Pence.
L’utilisation du 25e amendement avait aussi été évoquée lorsque Donald Trump, avait été transféré à l’hôpital après avoir contracté le Covid-19. Mais encore une fois, le président républicain n’avait pas souhaité confier les rênes du pouvoir à son numéro deux, Mike Pence, et était rapidement revenu aux affaires.