La Syrie fait face à une sécheresse extrême engendrée par le changement climatique
vendredi 12/novembre/2021 - 07:23
Un important réservoir d'eau du nord-ouest de la Syrie s'est complètement vidé, pour la première fois, en raison des faibles pluies, de dégâts structurels et de prélèvements agricoles excessifs dans un contexte de sécheresse extrême qui frappe l'ensemble du pays.
Avec le changement climatique qui augmente la fréquence des sécheresses et des incendies de forêt dans le monde, la Syrie connaît l'une de ses années les plus sèches et les plus chaudes jamais enregistrées après des précipitations historiquement faibles l'hiver dernier.
Tout le pays est concerné par ce problème de sécheresse. « Il y a eu beaucoup moins de pluie cette année, il y a eu aussi de très longues vagues de chaleurs, c’est du jamais vu, ça a duré beaucoup plus longtemps que d’habitude, et c’est vraiment du au changement climatique », a expliqué au micro de RFI, Jolien Veldwijk, la directrice en Syrie de l'ONG Care.
Le niveau « très bas » de l'Euphrate
« Il y a un niveau très bas de l’ Euphrate, qui est à 70% en dessous de son niveau normal. Cela a un impact bien sûr sur l’accès à l’eau. Mais on ne parle pas seulement de l’eau potable. Cela a des conséquences sur la nourriture et tous les moyens de subsistance, car les gens perdent leurs récoltes. Et nous nous attendons à ce que les récoltes d’hiver qui commencent maintenant soient perdues aussi car il n’y a pas eu assez de pluie. Et cela crée une situation très précaire en Syrie », a-t-elle déploré.
Source d'irrigation vitale pour des milliers d'agriculteurs de la province d'Idleb, le réservoir d'al-Douwaysat s'est complètement asséché pour la première fois en 27 ans d'existence. Le fond du lac artificiel, révélé par la sécheresse et le pompage excessif, est devenu une étendue sinistre jonchée de barques échouées, de crânes d'animaux et d'arbres morts. Quelques flaques d'eau verte demeurent sur les côtés, près desquelles de petits troupeaux de moutons paissent une herbe nouvelle.
Barrage « à sec »
Selon la Banque mondiale, le réservoir a une capacité de 3,6 millions de mètres cubes et est principalement utilisé pour l'irrigation et l'approvisionnement en eau. « C'est la première fois que le barrage est à sec depuis qu'il a été construit en 1994 », a déclaré l'ingénieur en charge du site, Maher al-Hussein. « À cause de la sécheresse et des faibles pluies, nous pouvons maintenant marcher dans le réservoir », qui était rempli à ras bord il y a encore deux ans, a-t-il ajouté. Les faibles pluies de l'hiver dernier n'ont rempli le réservoir qu'à moitié, et toute l'eau a été utilisée par les agriculteurs qui tentaient de sauver leurs cultures, a expliqué l'ingénieur.
La principale canalisation qui transporte l'eau du réservoir aux réseaux d'irrigation a, en outre, été endommagée, provoquant des fuites importantes. L'ingénieur a expliqué que le réservoir est utilisé pour irriguer près de 150 hectares de terres agricoles et profite à environ 800 familles de la région.