Publié par CEMO Centre - Paris
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Ahmed Youssef, Écrivain, Directeur exécutif du CEMO
Ahmed Youssef, Écrivain, Directeur exécutif du CEMO

Des Egyptiens que j’ai connus à Paris L’ambassadrice Sérénade Gamil (15)

jeudi 11/novembre/2021 - 10:11
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Les causeries du vendredi à Paris

Des Egyptiens que j’ai connus à Paris

L’ambassadrice Sérénade Gamil (15)

 

A l’école de la diplomatie égyptienne, on sait que les femmes occupent une place privilégiée parce qu’elles allient le professionnalisme politique et la conscience de leur rôle dans l’image civilisée qu’elles doivent donner de leur pays à l’étranger. Ainsi, la responsabilité des dames de la diplomatie égyptienne est décuplée par rapport à celle des hommes.

J’ai connu à Paris la grande diplomate Mme Sérénade Gamil . Ceux qui connaissent cette dame qui a occupé le poste de consule générale d’Egypte à Paris pendant de longues années savent comment elle a pu combiner son travail consulaire à Paris et son rôle diplomatique, culturel et social. Elle a si bien réussi en cela que les Français l’ont considérée comme un élément essentiel dans les relations diplomatiques entre l’Egypte et la France.

J’ai connu Sérénade Gamil lorsque  l’ambassadeur feu Ali Maher m’a téléphoné en me demandant de venir à l’ambassade pour me présenter la jeune diplomate, et en disant qu’elle serait le trait d’union entre les activités diplomatiques et culturelles de l’ambassade, et les activités et événements de l’année 1998, que nous avons appelés « horizons partagés », pour fêter les 200 ans de l'expédition française en Egypte (même si nous avions décidé de ne pas l’appeler ainsi pour ne pas froisser les susceptibilités de ceux qui cherchent à s’attribuer les rôles de héros du chauvinisme  au détriment même de l’histoire de notre pays).

Sérénade Gamil a si bien joué ce rôle qu’elle a suscité l’admiration de tous. Elle fut aidée en cela par l' excellence  de son français (c’était une lectrice insatiable), et sa culture historique et esthétique, ainsi que par sa capacité à négocier avec la partie française et à obtenir les meilleures offres donnant à notre pays de nombreux privilèges. Nous avons vu cela dans l’installation du  pyramideon doré au-dessus de l’obélisque de la place de la Concorde à Paris, et dans les expositions organisées partout en France à l’occasion de l’année « Horizons partagés ».

 Sérénade rentra, par la suite, en Egypte, en laissant aux Français l’impression qu’elle n’aurait pas dû rentrer à un moment où les relations égypto-françaises avaient le plus grand besoin d’elle. Et la voilà qui retourne à Paris en tant que consule générale . Là  voilà qui transfère le Consulat d’un appartement modeste d’une rue latérale proche des Champs-Elysées dans à  une grande villa à   Neuilly  faisant de lui une seconde ambassade de notre pays, accueillant d’une part les membres de la communauté égyptienne d’autre part, et  les personnalités françaises importantes, d'autres part.

 Lorsqu’eurent lieu les préparatifs du retour du chanteur français de renommée internationale en Egypte en 2015, l’ambassadrice organisa un déjeuner en son honneur, où elle invita des personnalités françaises éminentes, des maires de différentes villes autour de Paris et des hommes de médias, se faisant ainsi une réputation non pas seulement en tant que diplomate, mais aussi qu’ambassadrice d’une culture raffinée commune aux deux pays. Cela n’a rien d’étonnant quand on sait qu’elle est la fille de l’historien de la musique et du grand musicien disparu Sulayman Gamil, et qu’elle est née dans une famille dont la plupart des membres étaient de grands artistes qui ont fait honneur à l’Egypte, dont la grande chanteuse patriote disparue Fayda Kamel.

Mais le trait le plus saillant de l’ambassadrice était sa capacité étonnante à écouter, comprendre et trouver la réponse adéquate et les solutions simples à des problèmes complexes . Je l’ai vue moi-même dans de nombreuses situations que je pensais se terminer par une crise et qui ont été résolues comme si de rien n’était.

Je pensais être l’une des rares personnes à Paris à entretenir un réseau diversifié de relations, et j’ai découvert qu’elle avait également, suite à ses divers séjours dans cette ville, tissé un réseau fabuleux de relations, grâce auquel elle connut de nombreux Egyptiens de haute stature politique et culturelle, dont le journaliste et écrivain Dr Abdelrahim Ali, président du conseil d’administration d’al Bawwaba News, et président du Centre d’études du Moyen-Orient, que j’ai l’honneur de diriger depuis environ cinq ans. Et nous avons tous les trois de nombreuses rencontres à Paris durant lesquelles nous parlons des préoccupations de la patrie, et où nous évoquons nos espoirs dans un avenir meilleur, en faisant toujours des comparaisons entre l’Egypte et la France dans le but de faire parvenir notre pays à un niveau qui convienne à sa longue histoire en matière de civilisation, en général, et de contacts avec la France, en particulier.

Et parmi ceux que Sérénade Gamil m’a présentés figure le grand musicien égyptien Yasser Abdel Rahman, qui est une personnalité unique à qui je consacrerai un portrait séparé.

Et en tant que connaissant le ministre et grand artiste Farouk Husny depuis trente ans, j’ai eu à Paris des rencontres avec l’ambassadrice et avec lui durant lesquelles nous abordions les questions culturelles, et la façon de faire de l’Egypte un grand musée ouvert non seulement pour les étrangers, mais aussi pour les Egyptiens. Le ministre considérait que la culture n’était plus un luxe, mais un outil de développement de l’homme et un moyen de combattre les facteurs de sous-développement dans notre société. Sérénade Gamil était au comble du bonheur en rencontrant Farouk Husny à Paris, non seulement parce qu’elle adhérait à ses idées, mais aussi parce qu’il lui rappelait son père qui avait travaillé avec lui pendant de longues années au service de l’art et de la société dans notre pays.

L’ambassadrice possède également des archives et documents culturels concernant son père, qui pourraient être utiles aux générations futures passionnées par le domaine artistique en général, et la musique en particulier. Elle a aussi une vaste expérience diplomatique qu’elle pourrait consigner dans un livre pour en faire profiter les générations à venir, car tous les diplomates en poste à l’étranger n’ont pas l’expérience du travail culturel et de sa pratique qu’avait Sérénade Gamil.

Je souhaite que notre pays profitera de la riche expérience de cette diplomate égyptienne éminente.

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