Mali: le gouvernement veut négocier, les jihadistes accepteront-ils?
Ni la Katiba Macina, ni le Jnim, ni Aqmi, leur maison-mère, n’ont encore réagi officiellement.
Plusieurs éléments incitent à croire qu’ils peuvent accueillir favorablement l’offre de dialogue du gouvernement malien. D’abord parce que des contacts sont régulièrement, et de longue date, établis, notamment lorsqu’il s’agit de faire libérer des otages.
C’était le cas il y a un an, lors de la libération de Soumaïla Cissé, de Sophie Pétronin et de deux Italiens. Les services maliens de renseignement étaient alors en contact direct avec des cadres du Jnim, en particulier Seidane Ag Hitta, l’un des lieutenants d’Iyad Ag Ghaly.
Au début du mois, c’est la religieuse colombienne Sœur Gloria qui a été libérée et, cette semaine encore, le Premier ministre Choguel Maïga a affirmé que des discussions étaient menées actuellement pour les otages toujours détenus.
Mais il ne s’agit là que de négociations ponctuelles, sur un point précis, avec un objet de discussion unique et bien délimité, pas de pourparlers devant définir les différents moyens d’établir la paix à long terme.
Le précédent Niono
De telles négociations existent pourtant déjà, à l’échelle locale : dans le cercle de Niono, le Haut conseil islamique a obtenu en mars dernier un accord de cessez-le-feu inéditavec les combattants de la Katiba Macina.
Accord fragile, il a été rompu et de nouvelles discussions peinent à le remettre sur pied, mais qui n’aurait pas été possible sans l’aval de la hiérarchie de ces combattants : Amadou Koufa, pour la Katiba Macina, et au-dessus de lui Iyad Ag Ghaly, pour le Jnim.
Préalable de taille
Ces chefs jihadistes accepteront-ils d’amorcer au niveau national ce qu’ils ont tenté localement ? Dans un communiqué de mars 2020, le Jnim envisage sérieusement cette possibilité, mais pose un préalable de taille : que les soldats français et les Casques bleus de la Minusma quittent le Mali. Une manière d’ouvrir et de fermer la porte dans le même temps.
Aujourd’hui encore, en dépit des fortes tensions diplomatiques accumulées depuis le coup d’État militaire d’août 2020 et qui n’ont cessé de se renforcer ces dernières semaines, entre Bamako et la communauté internationale, les autorités de transition ont jusqu’ici rappelé leur volonté de poursuivre leur coopération avec la France et avec tous leurs partenaires.