Publié par CEMO Centre - Paris
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Législatives en Irak : en net recul, les principaux partis pro-Iran crient à la fraude

mercredi 13/octobre/2021 - 11:03
La Reference
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"Nous n'acceptons pas ces résultats fabriqués". Snobés par les électeurs lors des législatives anticipées en Irak, plusieurs partis chiites pro-iraniens ont crié à la fraude mardi, affirmant qu'ils prendraient les "mesures" nécessaires pour annuler cette "escroquerie".
En net recul à l'issue des élections législatives de dimanche en Irak, d'influents partis chiites pro-Iran ont crié à la fraude mardi 12 octobre, affirmant qu'ils prendraient les "mesures" nécessaires pour annuler cette "escroquerie".
Sans surprise, les résultats préliminaires publiés tard lundi par la commission électorale au lendemain des législatives anticipées donnent comme grand gagnant le courant du leader chiite Moqtada al-Sadr.
Cet ancien chef de milices a combattu les troupes américaines par le passé et développe aujourd'hui une rhétorique hostile à l'Iran, qui exerce une grande influence chez son voisin irakien.
Deuxième force au Parlement sortant, l'Alliance de la conquête, qui représente les ex-paramilitaires du puissant Hachd al-Chaabi, a accusé un net recul, passant de 48 sièges à une dizaine, selon des résultats compilés par l'AFP.
Alliée de l'Iran, cette formation devrait néanmoins rester un acteur influent, avec le jeu des alliances qui lui permettra d'augmenter sa part. Et dans un pays ultrapolarisé, la politique se joue aussi dans la rue, les grands partis disposant de groupes armés pour faire pression.
Dans un communiqué, le "Comité de coordination", réunissant plusieurs partis chiites dont l'Alliance de la conquête, a rejeté les résultats préliminaires en disant vouloir "faire appel".
"Nous n'acceptons pas ces résultats fabriqués", a martelé dans un communiqué Hadi al-Ameri, le chef de l'Alliance de la conquête.
Plus tard, un haut responsable de l'alliance, Ahmed Assadi, a appelé la commission électorale a "présenter toutes les preuves qui démontrent que des votes n'ont pas été entravés".
"Arnaque"
Pour Abou Ali Al-Askari, le porte-parole des Brigades du Hezbollah, puissante faction du Hachd al-Chaabi, les législatives ont été "la plus grande escroquerie et arnaque dont le peuple irakien ait été victime dans l'histoire moderne".
Les législatives, les cinquièmes depuis 2003 et le renversement du dictateur Saddam Hussein dans le sillage de l'invasion américaine de l'Irak, ont été marquées par une abstention record.
Sans surprise dans un pays où l'opinion publique rejette un système politique sclérosé : malgré l'immense richesse pétrolière, un tiers de la population est pauvre, la corruption tentaculaire ronge l'État et les services publics sont à bout de souffle.
Un porte-parole du département d'État américain a appelé à former un gouvernement capable de "faire face aux défis posés à l'Irak en matière de gouvernance, de sécurité et d'économie".
"Il est important que tous les acteurs acceptent les résultats et que toute plainte d'irrégularités soit traitée rapidement", a souligné le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
La France a elle souhaité la formation "rapide d'un gouvernement".
Dans un pays secoué fin 2019 par une contestation populaire contre le gouvernement mais aussi l'influence de l'Iran et des factions irakiennes qui lui sont alliées, l'érosion de la popularité de ce camp était attendue.
Revendiquant plus de 70 sièges sur les 329 au Parlement, le courant de Moqtada al-Sadr est quasi-assuré d'être la première force dans la nouvelle assemblée.
Mais la commission électorale a commencé mardi d'enregistrer les recours de candidats mécontents. Les bulletins de plus de 3 000 urnes, venues de différentes provinces, seront dépouillés dans les prochains jours à Bagdad.
Jeu d'alliances
Interrogée sur les accusations de fraude, la cheffe de la mission d'observation de l'UE, Viola von Cramon, a déclaré que "rien sur le plan technique, dans la majorité des bureaux de vote observés (...), ne pouvait confirmer cette évaluation".
Si une victoire des sadristes se confirmait, ils devraient conserver leur statut de première formation au Parlement, leur permettant de peser lors des tractations visant à désigner un nouveau Premier ministre.
Mais même avec le jeu des alliances, il doit y avoir "un accord au sein du camp chiite", explique Lahib Higel, de l'International Crisis Group. "Sadr ne peut pas se permettre d'exclure les autres partis chiites".
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Autre tendance, la percée de l'Alliance de l'État de droit de l'ex-Premier ministre Nouri al-Maliki (pro-Iran), qui revendique une trentaine de sièges. Le parti Taqadom, de l'influent chef du Parlement Mohamed al-Halboussi, sunnite, assure avoir obtenu une quarantaine de sièges.
Les élections étaient initialement prévues en 2022 mais elles ont été avancées par le Premier ministre Moustafa al-Kazimi qui cherchait à calmer le mouvement de contestation réprimé dans le sang (au moins 600 morts, 30 000 blessés).
Des dizaines de militants ont en outre été victimes d'enlèvements et d'assassinats. Le mouvement de contestation accuse les factions armées fidèles à l'Iran.
Malgré la répression, un jeune parti, Imtidad, se réclamant du mouvement de contestation a obtenu neuf sièges dans le sud chiite, selon un décompte préliminaire.

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