Crise des sous-marins: l'ambassadeur de France en Australie va rentrer à Canberra
"J'ai désormais demandé à notre ambassadeur de rentrer à Canberra", a déclaré Jean-Yves Le Drian lors d'une audition sur la crise des sous-marins devant les commissions des Affaires étrangères et de la Défense de l'Assemblée nationale.
Le ministre n'a pas précisé à quelle date Jean-Pierre Thébault retournerait à son poste. Le Quai d'Orsay, contacté par l'AFP, n'a pas immédiatement répondu.
Le retour prévu de l'ambassadeur a été salué par le gouvernement australien.
Le ministre des Finances Josh Frydenberg a déclaré qu'il espérait que les des deux puissances pourraient maintenant "aller au-delà de nos récentes déceptions".
"Il est évident que les deux pays, la France et l'Australie, partagent un certain nombre d'intérêts communs", a-t-il déclaré à la chaîne de télévision Channel 9. "Alors, espérons que nous pourrons remettre cette relation sur les rails".
La France avait vivement réagi après l'annonce d'un partenariat stratégique entre les Etats-Unis, l'Australie et le Royaume-uni, avec pour corollaire l'annulation d'un contrat portant sur douze sous-marins avec Canberra.
Dénonçant une "trahison", une "duplicité" et un "mépris" de la part de ses alliés, Paris avait rappelé ses ambassadeurs en Australie et aux Etats-Unis, un geste sans précédent envers ces deux pays, le 17 septembre.
Philippe Etienne est depuis rentré à Washington, le 29 septembre, à la suite d'une explication entre les présidents américain Joe Biden et français Emmanuel Macron le 23 septembre par téléphone.
Les deux chefs d'Etat, qui doivent se retrouver fin octobre à l'occasion d'un sommet du G20 à Rome, auront d'ici là un nouvel entretien téléphonique mi-octobre, a indiqué le ministre des Affaires étrangères.
- "Saut dans l'inconnu" -
L'ambassadeur en Australie aura "deux missions, contribuer à redéfinir les termes de notre relation avec l'Australie à l'avenir et cette relation doit tirer toutes les conséquences de la rupture majeure de confiance avec ce gouvernement", a indiqué Jean-Yves Le Drian. "Et défendre fermement nos intérêts dans la mise en œuvre concrète de la décision australienne de mettre fin au programme des futurs sous-marins".
"Il va sans dire que la remise à plat de nos coopérations bilatérales n'aura pas d'impact sur notre détermination à rester pleinement engagés dans l'Indo-Pacifique", a par ailleurs souligné le ministre.
Jean-Yves Le Drian a également estimé que l'Australie, en optant pour des sous-marins à propulsion nucléaire américains plutôt que pour la technologie française, faisait un "saut dans l'inconnu".
"Il y aurait beaucoup à dire à la fois sur l'abandon de souveraineté que représente ce programme et sur le saut dans l'inconnu que constitue pour les Australiens le choix de recourir à une technologie qu'ils ne maîtrisent pas, qu'ils ne maîtriseront pas à l'avenir et qui les mettent donc entièrement à la merci des évolutions de la politique américaine", a-t-il dit.