Wanindara la rebelle espère une Guinée réconciliée au-delà des appartenances
Le jour, la tente plantée au milieu d'un carrefour trépidant servait de base aux soldats, gendarmes et policiers prépositionnés pour disperser les manifestations alentour et déclencher des raids redoutés dans les "concessions", ces agglutinements poussiéreux d'habitations faites de parpaings et de bric et de broc.
"La nuit, ils sortaient, ils brigandaient. Tu n'avais pas seulement peur des voleurs, tu avais aussi peur des policiers", se rappelle Amadou Oury Barry, "taxi maître" (chauffeur de taxi) de 28 ans appuyé à un kiosque de transfert d'argent en face du rond-point désormais débarrassé du poste.
Avec le "poste avancé", les nouveaux maîtres de la Guinée ont fait disparaître un symbole honni par de nombreux habitants des quartiers de Conakry qui se sont dressés pendant des mois contre le président déchu Alpha Condé : le symbole de la répression et, disent-ils, d'un communautarisme profitant au groupe ethnique de la classe dirigeante.
Wanindara a été l'un des foyers de la contestation contre un troisième mandat de M. Condé en 2019 et 2020. La répression a tué des dizaines de civils en Guinée, particulièrement à Wanindara et dans ces quartiers de la banlieue acquis à l'opposition.
"On peut compter plus de dix personnes assassinées ici", rapporte Souleymane Barry, commerçant de 40 ans, devant le carrefour de Wanindara.
- Air de "libération" -
Le 5 septembre, quand le colonel Mamady Doumbouya et ses hommes ont arrêté Alpha Condé, puis le jour où le poste avancé de Wanindara a été démonté, "tout le monde dansait, chantait +colonel Doumbouya, la libération !+. C'était comme en 1958", l'année de l'indépendance, relate Souleymane Barry.