Le maréchal Tantawi : trois situations et un homme à la hauteur des défis
Lorsque Dieu décréta que l’Egypte ne tomberait pas, Il lui destina un homme de l’envergure du maréchal Mohammad Hussein Tantawi à la tête de l’institution militaire à un moment décisif de son histoire.
Lorsque les protestations de janvier 2011 ont commencé, le maréchal Tantawi savait, en vertu de ses fonctions, et des informations qui lui parvenaient durant la période où il dirigeait l’institution nationale vénérable, que le moment de la fin était arrivé pour le régime politique de Moubarak. Et le seul souci de ce grand homme était de protéger le pays des complots qui se tramaient contre lui.
J’ai eu la chance de connaître plusieurs décisions de ce grand homme qui ont contribué à sauver le pays… J’en mentionnerai trois, qui sont les plus importantes à mon avis :
Première situation :
Le général Sami Anane était aux Etats-Unis lorsque les incidents éclatèrent. Il se réunit avec les responsables américains qui l’informèrent que ces événements annonçaient la fin du régime de Moubarak, et qu’il devait démissionner. Sur le chemin du retour au Caire, Ananeréfléchit rapidement et prit la décision d’un putsch militaire soudain pour mettre fin au régime de Moubarak et couper l’herbe sous les pieds de toute force politique cherchant à prendre le pouvoir (selon ses termes)… Bien sûr, cette idée était insensée, et exposait le pays à un heurt véritable entre l’armée et le peuple, ce qui était le but des autres… Le général se rendit chez le maréchal, et le surprit avec cette idée… Ce dernier se fâcha et lui dit : As-tu informé quelqu’un d’autre que moi de cette idée ? Et comme Anane répondait par la négative, le maréchal lui dit : Et moi, je n’ai rien entendu.
Seconde situation :
C’est le général Ahmed Shafiq qui l’a rapportée : lorsque Moubarak envisagea de nommer un vice-président, il ne suggéra pas d’abord le nom du général défunt Omar Sulayman, mais convoqua le maréchal Tantawi et lui proposa l’idée, et pendant plus d’une heure et demie, l’ex-président Mohammad Husny Moubarak chercha à convaincre le maréchal Tantawi, alors que ce dernier insistait à rester dans sa fonction de commandant de l’armée, affirmant : « Les jeunes dans l’armée ont besoin de moi durant cette période difficile ». Le maréchal Tantawi – qu’il repose en paix – connaissait bien deux vérités :
La première : que son successeur à la tête de l’armée (Sami Anane) convoitait le pouvoir et que dès que la décision serait prise, il mettrait son idée en pratique et s’en emparerait, provoquant une guerre civile dans le pays.
La seconde : que le régime politique de Moubarak était sur le point de s’effondrer, y compris le poste de vice-président de la République en tant que lié à lui.
Troisième décision :
Lorsque le président destitué Mohammad Mursy al Ayyatconvoqua le maréchal Tantawi et le chef d’état-major, et les informa de sa décision de les démettre de leurs fonctions et de nommer le général Abdel Fattah al Sissi ministre de la Défense… Le maréchal Tantawi remarqua alors en sa qualité d’expert, ce que le général Anane avait alors en tête… et il le précéda au ministère de la Défense et lorsque Anane arriva au ministère, il trouva le maréchal Tantawi sur l’escalier, qui lui dit textuellement : ce que vous envisagez n’arrivera pas, Monsieur le général, nous avons évité une effusion de sang chez les Egyptiens depuis le début des événements, alors que nous étions au sommet du pouvoir, et nous ne verserons pas leur sang maintenant que nous avons quitté le pouvoir.
Ces trois décisions ont déterminé le véritable rôle de l’armée dans la protection du pays et frayé la voie à la révolution du 30 juin, lorsque le peuple a découvert la trahison des Frères…
Et il y a bien sûr d’autres décisions importantes de cet homme, depuis le premier jour des événements de janvier, lorsqu’il s’est rendu lui-même à la place de la Libération, pour rassurer tout le monde, militaires et civils, manifestants et protecteurs de la Place, qu’ils étaient tous les enfants d’une même patrie, au moins ceux qui étaient sincères et en colère, et n’étaient liés à aucun autre complot parmi ceux que le maréchal connaissait déjà… Et sa dernière initiative a eu lieu lorsqu’il a demandé au général Omar Sulayman en présence du général Shafiq, alors premier ministre, le vendredi 11 février, de demander à l’ex-président Mohammad Husny Moubarak, de démissionner et de remettre le pouvoir à l’armée, car le pays (selon son expression) ne pourrait pas supporter davantage.
Toutes ces décisions depuis le début des manifestations de janvier et jusqu’à leur fin, ont montré qu’on était face à un homme exceptionnel, au plein sens du terme. Mais nous avons choisi ces trois décisions car elles furent décisives dans le parcours de ce grand homme et l’avenir du pays.
Que Dieu fasse miséricorde au maréchal Tantawi, le fasse entrer dans Son Paradis, et lui accorde la meilleure récompense pour son œuvre au service du peuple égyptien et de sa patrie.