Publié par CEMO Centre - Paris
ad a b
ad ad ad

Al-Qaïda tente de se réorganiser en Syrie

jeudi 16/septembre/2021 - 09:08
La Reference
طباعة
Le désengagement opéré en 2016 par le chef de Hay’et Tahrir Al-Cham, Abu Muhammad al-Jawlani, a fait perdre à Al-Qaïda son représentant le plus sérieux en Syrie. Depuis, l’organisation essaie de créer des entités armées pour compenser la perte de Hay’et Tahrir al-Sham.

Ansar al-Tawhid est l'une de ces entités qu'Al-Qaeda a mis en place. C’est un prolongement de Jund al-Aqsa, une faction fondée au milieu de 2012 par Abou Abdel-Aziz Al-Qatari, assassiné mystérieusement en 2014 et son corps a été retrouvé dans la ville de Deir Sonbol.

Jund al-Aqsa dont est issu Ansar Al-Tawhid, est un groupe salafi-djihadiste et entretient des relations étroites avec Jabhat al-Nusra avec qui il partage les mêmes idées fondamentales.

Outre Jund al-Tawhid, Horass Al-Dine (les gardiens de la religion) créés en février dernier, est aussi l’un des relais d’Al-Qaïda en Syrie après la sécession de Hay’et Tahrir al-Sham.

Un communiqué de presse annonçant la fondation de l'organisation a été publié le 27 février dernier, sur une chaîne opérant sur l'application Télégramme. Le communiqu était intitulé : « Sauvez les musulmans ». Le communiqué ne mentionne pas l’arrière-plan idéologique du groupe, mais il y a un consensus sur le fait qu'il s’agit bien d’une nouvelle branche d'Al-Qaïda. Immédiatement après sa création, la nouvelle organisation a fait circuler des informations sur sa composition interne et sur son leadership militaire et idéologioque.

Malgré la tentative d'Al-Qaïda de soutenir Horass El Dine et de lui procurer des dissidents de Hay’et Tahrir Al-Cham (anciennement Jabhet al-Nusra), le groupe n’a fait preuve d’aucune présence plus d'un an et demi après sa création. Ses opérations se sont limitées à des escarmouches ici et là ce qui montre que le vide d'Al-Qaïda laissé par Al-Qaïda en Syrie n’a pas été comblé.

Les factions djihadistes en Syrie ont le sentiment d’avoir échoué, d’où le débat actuel sur l’acceptation des négociations comme meilleure solution à la crise en Syrie, mais les ailes d’Al-Qaïda rejettent fermement cette option, insistant sur le fait qu’elles continueront à utiliser le langage des armes et des combats.

Al-Qaïda et la nouvelle politique de Washington

A Chaque fois que l'échec du projet terroriste de Daech se confirmait par une défaite ou un retrait, Al-Qaïda était présent en tant qu'entité capable d'exploiter la situation pour reprendre sa place au sommet du terrorisme international. C’est ce qu’affirment des rapports de renseignements occidentaux, qui évoquent la possibilité d'un rétablissement d'Al-Qaïda. Les événements sur le terrain le confirment également. Al-Qaïda a retrouvé son activité dans différentes régions, notamment en Afrique, mais les Etats-unis ont maintenu l’organisation terroriste au rang de « premier ennemi » justifiant ainsi les frappes aériennes qu’ils mènent contre les chefs de l’organisation. Ces opérations soulèvent des questions sur les chances de survie d'Al-Qaïda en Syrie. Al-Qaïda est-elle capable de combler le vide laissé par Daech ?

L’activiste syrien, Omar Rahmoun, ne croit pas qu'Al-Qaïda soit capable d'assumer la succession de daech. Il mentionne la fragilité des groupes affiliées à Al-Qaïda à Idlib, ajoutant que les États-Unis n'entendent plus garder un groupe terroriste fort en Syrie, mais uniquement de petits groupes. Rahmoun conclu qu'il n'y a pas d'avenir pour les organisations terroristes en Syrie, qu'il s'agisse de Daech ou Al-Qaïda. Nourhan Al-Sheikh, professeur de sciences politiques à l'Université du Caire, affirme pour sa part que depuis la chute de daech, il y a une volonté internationale d’un retour d’Al-Qaïda mais dans les limites définies par les Etats-unis. « Le commandement actuel d’Al-Qaïda a accepté cette situation surtout que l’organisation a perdu son chef historique Oussama Ben laden et a perdu la force qu’elle avait en 2011 », ajoute Norhan Al-Cheikh. Concernant l’avenir d’Al-Qaïda en Syrie, elle conclut : « l’ avenir de l’organisation ne semble pas brillant surtout dans le contexte d’un accord international qui met fin à la criose syrienne. Il est certain qu’Al-Qaïda cherchera d’autres lieux que la Syrie ».

Après le départ de Bolton, Téhéran attend une détente dans ses relations avec Washington

Le départ de John Bolton, le conseiller américain à la sécurité nationale, a donné lieu à une lueur d’espoir pour le régime des mollahs aux prises avec des difficultés économiques à cause des sanctions imposées par l’administration Trump. L’actuel présidenrt américain est l’un des plus hostiles à l’Iran et à son projet dans la région. La première réaction iranienne est venue du conseiller du président iranien, Hossam El Din Ashna qui a déclaré : « La marginalisation de Bolton au sein de l'administration Trump, puis sa mise à l’écart est la preuve de l'échec de la stratégie de pression maximale adoptée par l'administration américaine face à l'Iran ». Tandis que le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, a refusé de répondre à la demande d'un journaliste américain qui lui demandait de commenter le départ de Bolton. Et a déclaré « Nous ne ferons aucune déclaration sur les affaires intérieures des États-Unis », l'ambassadeur de l'Iran aux Nations Unies, Hamid Baidi Ahmadinejad, a affirmé : "Nous refusons de négocier avec Washington tant qu’ils n'arrêteront pas leur politique terroriste économique contre l’Iran ».

Le président iranien Hassan Rouhani a déclaré que les Américains doivent comprendre que la guerre n’est pas dans leur intérêt, appelant Washington à « abandonner la politique de la guerre et la politique de pression maximale à l'égard de Téhéran ».

« L'Iran et non les États-Unis seront les seuls à fixer les conditions des négociations à l’venir », affirme Hossein Suleimani, rédacteur en chef du site Web Mashreq News, proche des gardiens de la révolution.

Le président américain Donald Trump avait annoncé mardi la destitution de son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, à la suite de désaccords sur certaines questions. « J'ai dit à John Bolton que nous n'avions plus besoin de ses services à la Maison Blanche », a déclaré Trump sur Twitter. Le chercheur iranien Mohammad Ebadi affirme pour sa part que « l'on ne sait pas si le départ de Bolton aura un impact direct sur la crise iranienne, mais il est certain que Washington n’a pas l’intention d’arrêter sa campagne de pression maximale sur l'Iran qui a déjà permis d’obtenir des résultats tangibles et obtiendra peut être de meilleurs résultats à l’avenir ».

En Iraq le sort des familles des combattants de Daech reste inconnu

À la fin de 2017, l'Iraq avait annoncé l'élimination totale de Daech, mais les cellules dormantes de l’organisation sont restées dans plusieurs provinces, effectuant quelques opérations légères.

Malgré les purges oérées par les autorités irakiennes, l’iraq est toujours aux prises avec un problème grave, celui des familles des combattants de l'Etat islamique, et la possibilité de les garder dans des camps ou de les évacuer de manière permanente hors d'Irak.

Mardi 3 septembre 2019, Ahmed Al-Jubouri, président du conseil de la province de Salaheddine au nord de l'Irak, s’est entretenu avec une délégation représentant les tribus de la province, afin de discuter de la question des familles des combattants de daech, deux jours après leur transfert, depuis un camp de déplacées dans la province de Nineveh vers la ville de Tikrit, capitale de la province de Salaheddine.

Le président du conseil provincial a promis de rechercher ce qu'il a appelé une « formule du consensus » pour résoudre le problème de ces familles. Selon des sources sécuritaires, des centaines d'entre elles ont été transportées par bus et sous haute sécurité dans un camp de déplacées à Mossoul, au centre de la province de Ninive. Les autorités ont transféré également ces derniers jours environ 127 familles dans un camps à Shirqat, au nord de Tikrit. Les habitants de Shirqat ont rejeté la présence de ces familles car ils ont subi la torture et les affres de l’organisation terroriste. Une source de sécurité irakienne a révélé mardi 10 septembre que les forces de sécurité ont évacué le camp de Shirqat. Dans le même temps, la radio Voice of America a mis en garde contre l'isolement de ces familles, qui ont perdu leurs proches les considérant comme « une bombe à retardement », d'autant plus que la plupart d'entre eux n’ont rien à avoir avec les crimes horribles commis par leurs proches et de leur culpabilité. L’analyste politique irakien Hazem al-Obeidi, affirme : « Il est préférable de déplacer ces familles vers les zones frontalières désertiques, loin de la population autochtones ». Et de conclure : «  La région de Wadi Horan semble appropriée. C’est une vaste région qui s’étend jusqu’à la frontière avec la Syrie et l’Arabie saoudite ».

Commémoration du 11 septembre, Al-Qaïda sur les ruines de Daesh

L’observatoire des idées extrémistes qui dépend de Dar Al-Iftaa (maison de la fatwa) en Egypte affirme dans un rapport qu’après les attentats du 11 septembre aux etats-unis l’organisation Al-Qaïda a éprouvé des difficultés à revenir sur le devant de la scène et à recruter de nouveaux combattants. Sa stratégie à court terme a été de rester aussi cohérente que possible et d’attirer de nouveaux combattants. L’organisation est donc restée dépendante de son réseau de relations dans ses zones d’influence, comptant sur ses relais à l’étranger pour mener des opérations terroristes telles que celles de Madrid et de Londres en 2004 et 2005. L’organisation a également suivi une stratégie de « décentralisation » laissant les groupes qui lui sont affiliés opérer de manière individuelle, tout en maintenant l’idée de « réunir la communauté musulmane ». Le rapport de l’observatoire indique qu’Al-Qaida a changé de discours après 2011. L’organisation a abandonné son ancienne rhétorique arrogante optant pour un discours plus retenu en utilisant des termes qu’il n’utilisant pas auparavant comme le terme « Ouma ». Son discours ne cherche plus à imposer sa vision idéologiquecar. Al-Zawahri, le dirigeant de l'organisation, estime que les musulmans doivent d’abord « apprendre ce qui est juste » selon les croyances extrémistes de l'organisation. Le rapport ajoute que la montée en puissance de Daech fin 2013 a entraîné une rivalité entre les deux organisations. Depuis, Al-Qaïda concentre ses opérations sur « l'ennemi proche », tandis que daech concentre ses opérations sur « l'ennemi distant ». Al-Qaïda s'est éloignée de la scène pour se réorganiser. Le rapport note que, Al-Qaïda pourrait revenir sur les ruines de daech en essayant d’exploiter les lacunes de cette dernière.
"