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Les services de renseignements et la lutte antiterroriste : L'efficacité et la restructuration

samedi 20/octobre/2018 - 05:46
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Les services de renseignements et la lutte antiterroriste : L'efficacité et la restructuration

 

Ahmad Kamel Al-Beheiry

 

L’expansion des menaces terroristes au delà des frontières de tous les pays, s’est répercutée de manière considérable sur le rôle traditionnel des services de renseignements dans ces pays. Ce qui pousse à revoir les méthodes  de traitement des informations jusque là utilisées par ces services ainsi que leurs relations avec les autres organes de leurs pays et les services de renseignements d’autres pays. Le terrorisme a également poussé les agences de renseignements à se restructurer et à faire de la lutte antiterroriste leur priorité. Ce rôle  qui semble évoluer au gré de l’évolution des méthodes terroristes, s’est manifesté dans la lutte contre le terrorisme par la coopération entre les renseignements. L’évolution de la technologie et les moyens modernes de communication qui ont fourni un tas d’informations aux organisations terroristes, compliquent davantage le rôle des services de renseignements en ce qui concerne le respect de la vie privée qui a freiné parfois les enquêtes et le suivi des éléments terroristes.

Primo : Les efforts internationaux dans le renforcement des capacités des services de renseignements dans la lutte antiterroriste.

La puissance militaire d’un pays ne détermine pas ses capacités à faire face au terrorisme car cette guerre est une guerre aux frontières inconnues et où l’information est le facteur capital. Ainsi, plusieurs pays ont su dépasser les vieux obstacles et ont renforcé le rôle des services de renseignements de la manière suivante :

1. les États-Unis d’Amérique

Les événements du 11 septembre ont poussé les États-Unis à mettre sur pied une commission pour étudier les causes des attentats et de faire des propositions adéquates en vue d’éviter la répétition de ces types d’actes terroristes sur le sol américain. Plusieurs réformes ont été faites :

• La création d’un Centre national de lutte contre le terrorisme pour résoudre les problèmes d’ordre structurel de l’appareil des renseignements comme l’absence d’une entité adéquate pour l’exécution des plans pour la lutte antiterroriste. La commission considère le Centre national comme faisant partie des services de renseignements dont la principale mission est la lutte contre le terrorisme. Il est chargé d’analyser les opérations terroristes et d’émettre des doléances en vue d’orienter les activités des agences de renseignements vers la lutte contre le terrorisme.

• La suppression de la limite entre le rôle des forces de sécurité et le rôle des services de renseignements : La coordination entre les forces de sécurité et les services de renseignements, a toujours été l’un des principaux obstacles dans la lutte contre le terrorisme. Les États-Unis ont donc effectué plusieurs amendements nécessaires dans l’appareil sécuritaire afin de l’intégrer directement dans les services de renseignements. La fonction du Directeur National des renseignements a été modifiée et actualisée et tous les obstacles entre les renseignements et les agences de protection de la loi, ont été supprimés dans le but de faciliter l’échange des informations entre les organes concernés.

• La création d’un poste de Directeur National des renseignements en lui permettant de créer à son tour un réseau de renseignements où circulent les informations, les personnes et les ressources en toute liberté. Mais la création d’un réseau requiert des protocoles communs entre les agences en ce qui concerne la sécurité, la technologie de l’information, les employés, les politiques et les diverses procédures.

Le Directeur National des renseignements mettra en place ces protocoles et forcera les agences à les appliquer pour une meilleure performance, et il jouira d’un financement de la part des autorités compétentes.

 

2. Les renseignements britanniques et la lutte contre le terrorisme.

La Grande Bretagne a connu plusieurs attentats terroristes ces derniers temps. Des voix se sont élevées pour réclamer une meilleure coordination entre les services de renseignements, et un élargissement de pouvoir sur la surveillance des extrémistes, la lutte contre la cybercriminalité et contre les trafiquants d’êtres humains afin de relever les défis auxquels le Royaume-Uni fait face. Ainsi plusieurs réformes ont été effectuées dans les services de renseignements britanniques pour corroborer les nouvelles menaces terroristes. Parmi ces réformes :

• La complémentarité entre les services. suite aux attentats de Londres en 2005, le gouvernement britannique a décidé de fusionner les services de renseignements intérieurs et les services de renseignements extérieurs sous l’appellation ‘’SO-15’’ et a créé un service de renseignements sur le terrorisme.

• Le renforcement de la vérification des informations collectées, afin que les services de renseignements ne soient pas induis en erreur dans l’appréciation de la situation comme ça a été le cas  sur les armes de destruction massive irakienne avant la guerre en 2003. Des spécialistes ont été nommés dans le but de vérifier l’information et de s’assurer de sa véracité.

• L’élargissement des compétences. En novembre 2016, le parlement britannique a approuvé une législation qui accorde plus de pouvoir aux services de renseignements et de collecte des informations par le suivi et la surveillance électronique via les téléphones portables et les ordinateurs.

• L’Investigatory Powers en 2016 qui a obtenu l’accord du palais royal en novembre. La loi qui unifie les organes de protection de la loi, les agences de sécurité et les agences de renseignements, repose sur trois éléments :

- elle combine les pouvoirs accordés aux organes de protection de la loi, aux agences de sécurité et aux agences de renseignements pour obtenir des contacts et des données. Ce qui rendra clairs, les pouvoirs et les garanties sur lesquels elle doit s’appliquer.

- effectuer des réformes en profondeur sur la manière  dont ces pouvoirs sont permis. Elle présente une double réglementation pour une opposition de telle sorte que les garanties ne deviennent applicables après l’accord du ministre des Affaires étrangères qu’après l’approbation du juge.

- elle fournit des pouvoirs adéquats à l’ère numérique car elle stipule la sauvegarde des registres de connexions internet pour déterminer les communications liées à un appareil. Ce qui rétrécira le fossé causé par les nouvelles méthodes de communication entre les individus.

En juillet 2018, la Grande Bretagne a dévoilé sa nouvelle stratégie de la lutte contre le terrorisme qu’elle a élaborée après les  attentats de 2017. Cette stratégie dénommée ‘’Contest’’ consiste à la célérité dans les échanges d’informations entre les MA5, la police, les autorités locales et le secteur chargé spécialement de la lutte contre le terrorisme.

Secundo : Les efforts les plus marquants pour le renforcement du rôle des services de renseignements dans la lutte antiterroriste

• l’élargissement des pouvoirs des services de renseignements : surveillance des communications électroniques, piratage des sites, écoute des appels téléphoniques, autorisation aux agents de renseignements d’usurper de fausses identités pour se protéger et obtenir des informations et des données de la part des sociétés de télécommunication. En mai 2015 après les attentats de Québec et d’Ottawa, le parlement canadien a approuvé une loi sur le renforcement des pouvoirs des services de renseignements en leur permettant pour la première fois d’effectuer de l’espionnage hors des frontières canadiennes. Et en Belgique, en dépit de quelques oppositions exprimées, le parlement belge a approuvé un projet de loi qui permet aux services de renseignements de pirater certains sites et de placer certains appels téléphoniques sur écoute.

• la suppression du barrage entre les agents de sécurité et ceux des renseignements. La coordination entre les forces de sécurité et les agents de renseignements a toujours été une question épineuse qui a entravé les efforts dans la lutte contre le terrorisme. Après les évènements du 11 septembre, les renseignements américains ont été renforcés dans la lutte contre le terrorisme, notamment après la découverte des brèches sécuritaires dans le système, ce qui a conduit à une restructuration et une réorganisation permettant une meilleure coordination entre les agences fédérales. Les États-Unis ont créé un poste de Directeur National des renseignements et ont supprimé tous les obstacles entre les divers organes dans le but de faciliter la circulation des informations. La Grande Bretagne, après les attentats de Londres, a fusionné les services de renseignements intérieurs et ceux de l’extérieur sous l’appellation SO-15 et a créé une agence de renseignements sur le terrorisme.

Tertio : Les dénominateurs communs entre les stratégies des services de renseignements internationaux dans la lutte antiterroriste.

En dépit de disparités entre les services de renseignements occidentaux, il existe toutefois un certain nombre de dénominateurs communs dont :

1. la détermination du danger qui est l’un des éléments essentiels de toutes ces stratégies. ce qui a fait de la menace terroriste, une priorité pour les pays occidentaux avec une conséquence directe sur les services de renseignements ;

2. la détermination des objectifs et la prise des mesures proactives. Aucune stratégie ne pourra réussir sans une bonne détermination des objectifs de manière instantanée. Quant aux mesures proactives, elles sont d’une importance capitale et pourraient être les plus efficaces dans un pays où les forces de sécurité utilisent la technologie de pointe pour contrer les attentats terroristes ou pour en diminuer l’impact.

3. les directives générales de mobilisation en cas d’urgence en renforçant les capacités des forces de sécurité, les services d’urgence et les capacités d’armement ;

4. le cadre juridique élaboré par chaque pays dans le but de cadrer l’action des services de renseignements et de corroborer les nouvelles menaces terroristes ;

5. les politiques flexibles. Toutes les stratégies se focalisent sur les capacités d’adaptation dans les situations les plus instables, et effectuent des opérations d’appréciation du rôle des services de renseignements afin de s’assurer qu’ils vont réussir ou qu’ils ont besoin d’un changement.

Quarto : Les défis auxquels font face les services de renseignements dans la lutte contre le terrorisme.

• Les services de renseignements de tous les pays font face aux défis qui les empêchent de contrer efficacement les attentats terroristes. Parmi ces défis :

• l’absence de coopération effective entre les services de renseignements et les appareils sécuritaires et les autres organes chargés de la protection de la loi. Ce qui a empêché à plusieurs reprises d’éviter des attentats avant qu’ils ne soient perpétrés. Cette absence de coopération ne se limite pas seulement à l’intérieur d’un même pays mais s’étend aussi entre les divers pays comme le démontre l’Union Européenne qui a échoué à mettre sur pied une entité consacrée aux renseignements afin de contrer les attentats terroristes dont beaucoup de pays européens ont souffert.

• la confrontation dure et directe qui consiste à prolonger les états d’urgence et à déployer incessamment des forces de sécurité, est une explication éloquente de l’échec de plusieurs pays à pouvoir empêcher des attentats terroristes sur leurs sols. En dépit des échecs et des réussites des services de renseignements dans les guerres et les divers conflits, le rôle de ces services dans la lutte contre le terrorisme reste très limité aussi bien dans les pays développés que dans les autres pays. Les services de renseignements peinent toujours à découvrir les cellules terroristes et à empêcher les attentats.

• la lenteur dans le transfert des informations. Il n’y a aucun doute que l’obtention de l’information est l’une des principales armes contre le terrorisme, plus redoutable que la force militaire elle-même. Mais l’accès à l’information est lié aux procédures administratives assez complexes qu’il faut nécessairement modifier en passant d'une structure verticale à une structure horizontale qui permet une meilleure circulation de l’information.

• des pouvoirs limités dont souffrent les services de renseignements dans certains pays. Ce qui réduit non seulement leur efficacité dans l’obtention de l’information mais aussi la transmission de l’information aux preneurs des décisions au moment opportun. Ce qui renvoie au manque de coopération entre les renseignements et les forces de sécurité et aussi à l’interférence dans les missions de ces organes.

• les obstacles liés à la nature de l’action terroriste, font aussi partie des difficultés que rencontrent les services de renseignements dans la lutte contre le terrorisme car ils surveillent parfois de petits groupes dispersés et des individus capables de se cacher pour n’apparaître qu’au moment de l’exécution de l’attentat terroriste.

 

 

 

 

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