Les Etats-Unis de Biden ne veulent plus être les gendarmes du monde
"+Il est temps de mettre fin à cette guerre éternelle+ (...) C'est Biden qui l'a dit mais cela aurait facilement pu être Trump", note Charles Franklin, professeur à la Marquette Law School.
Il commente un discours prononcé mardi par le président américain, au lendemain de l'annonce du départ des derniers militaires américains, après vingt années de guerre en Afghanistan.
Loin de faire profil bas après un retrait chaotique qui l'a fragilisé auprès de l'opinion publique, Joe Biden a saisi l'occasion pour exposer très clairement sa doctrine internationale.
"Il ne s'agit pas que de l'Afghanistan. Il s'agit de mettre fin à une époque d'interventions militaires majeures destinées à recréer d'autres pays", a-t-il dit.
Pour Benjamin Haddad, du centre de recherches Atlantic Council basé à Washington, c'est là "le plus éloquent rejet de l'internationalisme" par un président américain "depuis des décennies", selon un commentaire sur Twitter.
Certes, "America is back", "l'Amérique est de retour", répète souvent le démocrate de 78 ans, mais il a expliqué à quelles conditions.
- "Nos erreurs" -
"Nous devons apprendre de nos erreurs", a-t-il dit.
"Nous devons nous donner des missions avec des objectifs clairs et réalistes, pas des objectifs que nous n'atteindrons jamais", et "nous devons nous concentrer clairement sur la sécurité des Etats-Unis".
Joe Biden se targue d'une très longue expérience de politique étrangère, comme sénateur puis comme vice-président de Barack Obama.
Ce dernier a d'ailleurs initié, sans doute sans le dire aussi frontalement que Joe Biden, un repli de l'interventionnisme américain.
Barack Obama avait ainsi estimé que l'emploi d'armes chimiques par Bachar Al-Assad serait une "ligne rouge" appelant une riposte armée. Mais quand Damas l'a franchie, en août 2013, le président démocrate n'a finalement pas déclenché les frappes aériennes prévues.
Pour Joe Biden, la rivalité qui oppose les nations démocratiques aux régimes autoritaires tels que la Chine doit prendre le pas sur les grandes opérations militaires. Dans son esprit, la démocratie doit prouver qu'elle peut répondre, mieux que les dictatures, aux grands défis tels que le changement climatique ou la pandémie, tout en étanchant la soif de prospérité des classes moyennes.
Dans cette grande compétition, Joe Biden compte sur le jeu des alliances, une différence radicale avec Donald Trump. Il organise d'ailleurs à l'automne un sommet virtuel rassemblant des chefs d'Etat et de gouvernement de nations démocratiques, dont la liste n'a pas été dévoilée.
Les Etats-Unis "ont toujours hésité entre s’isoler des péchés du monde et répandre les bienfaits de leur modèle. Depuis 1945, ils avaient choisi d’être les défenseurs puis les missionnaires de la démocratie. Ils rentrent à la maison", a commenté sur Twitter l'ancien ambassadeur de France à Washington, Gérard Araud.