Blinken va se rendre au Qatar, plaque tournante de la diplomatie sur l'Afghanistan
Il doit ensuite aller en Allemagne, pour co-présider avec son homologue allemand Heiko Maas une réunion virtuelle des ministres d'une vingtaine de pays, sorte de "groupe de contact" naissant sur la crise afghane.
A Doha, où il restera de lundi à mercredi, il n'a pas prévu de rencontrer personnellement des représentants des nouveaux maîtres islamistes de Kaboul, même si un tel dialogue n'est pas totalement exclu à l'avenir.
"S'il est nécessaire que le secrétaire d'Etat parle avec un dirigeant des talibans sur un sujet qui est dans notre intérêt national, il le fera, mais nous n'en sommes pas là à ce stade", a précisé à des journalistes un haut responsable américain.
Antony Blinken a néanmoins assuré que les Etats-Unis, qui ont achevé leur retrait total d'Afghanistan en début de semaine et ont replié leurs diplomates à Doha, maintenaient des "canaux de communication" avec les talibans.
Et il doit s'entretenir avec les dirigeants qataris, qui conservent des liens étroits avec les ex-rebelles afghans au pouvoir depuis la mi-août, et qui, à ce titre, jouent depuis de longs mois les facilitateurs dans les échanges entre les Américains et les talibans.
- "Réellement inclusif" -
Signe de l'importance de ce partenaire, le ministre américain de la Défense Lloyd Austin sera aussi à Doha en début de semaine, dans le cadre d'une tournée dans le Golfe qui le mènera aussi à Bahreïn, au Koweït et en Arabie saoudite, a annoncé vendredi le Pentagone.
Antony Blinken a expliqué qu'il exprimerait sa "profonde gratitude" au Qatar pour son rôle dans l'évacuation d'étrangers d'Afghanistan ainsi que d'Afghans susceptibles de subir des représailles des talibans.
L'armée américaine a mis en place mi-août à Kaboul un gigantesque pont aérien qui a permis d'évacuer jusqu'à son retrait quelque 123.000 personnes -- dont 75% à 80% étaient des "Afghans à risque", selon le secrétaire d'Etat. En tout, plus de 55.000 de ces évacués ont transité par Doha, principale base arrière de l'opération.
Le riche émirat du Golfe, grâce à sa proximité avec les talibans, joue un rôle-clé dans la priorité actuelle de Washington et de nombreux pays occidentaux, à savoir la sortie d'Afghanistan de leurs ressortissants encore coincés sur place et des nombreux Afghans qui souhaitent fuir.
Avec la Turquie, le Qatar est en première ligne des difficiles discussions pour rouvrir l'aéroport de Kaboul, fermé depuis le départ des Américains.
Antony Blinken abordera l'avenir des évacuations, ainsi que l'aide nécessaire pour un pays menacé par une grave crise humanitaire, lors de son étape suivante, mercredi à Ramstein, en Allemagne, où est installé un autre centre de transit sur une base militaire américaine.
Les Etats-Unis et leurs alliés entendent rappeler les talibans à leurs engagements en faveur du départ "sûr" de tous ceux qui veulent quitter le pays, mais aussi de la lutte contre le terrorisme et du respect des droits fondamentaux, notamment des femmes.