Publié par CEMO Centre - Paris
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Coronavirus : les enseignants appréhendent une rentrée scolaire complexe

mercredi 01/septembre/2021 - 10:26
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Alors qu'ils reviennent en classe ce mercredi pour préparer la rentrée de leurs élèves, ce jeudi 2 septembre, les enseignants de métropole se préparent à une nouvelle année sur fond de coronavirus, alors que la rentrée scolaire est reportée au 13 septembre dans les AntillesLe protocole sanitaire révélé par le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer suscite interrogations et inquiétudes, et certains professeurs craignent une année à nouveau très perturbée par l'épidémie et le manque de moyens pour y faire face.

La joie de retrouver les élèves contrariée par le port du masque 

"On préfère les avoir devant nous plutôt que derrière un écran", dit de ses élèves Sophie Vénétitay, professeure de Sciences économiques et sociales et secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat dans l'enseignement secondaire. Elle est évidemment heureuse de revoir physiquement ses élèves, mais "veut les moyens pour pouvoir bien le faire", résume-t-elle.

"Découvrir des élèves d'emblée avec le masque, ça me peine un petit peu" - Lucille, professeure d'espagnol dans les Yvelines 

Lucille, professeure d'espagnol dans les Yvelines, est elle aussi ravie de retrouver ses élèves, mais appréhende également cette nouvelle rentrée : "Je suis très mitigée, c'est presque la troisième année scolaire avec masque", résume-t-elle. En poste dans deux nouveaux collèges différents, elle va "découvrir des élèves d'emblée avec le masque, ça me peine un petit peu." 

Mais surtout, l'enseignement d'une nouvelle langue est rendu très difficile avec le masque : "D'habitude, les élèves voient la prononciation sur mes lèvres, explique-t-elle. "Mais là, les élèves de 5e qui découvrent l’espagnol ne peuvent pas voir mes expressions, mes mimiques, pour la prononciation de la "jota" par exemple."

Un protocole sanitaire qui reste flou 

Malgré la progression de la vaccination chez les 12-17 ans, dont 55% ont reçu au moins une dose, "pour l’instant on est très loin de l’idée d’une rentrée normale", se désole la représentante du Snes-FSU. "Il reste beaucoup de questions : comment va s'organiser la vaccination dans les établissements, comment on va isoler les élèves, qui va contrôler le statut vaccinal des élèves, comment on va gérer les cas contact ? Sur toutes ces questions, on n'a pas de réponse, alors qu'on pose les questions depuis début juillet", s'inquiète-t-elle.

Aérer les salles, quand les feuilles s'envolent, que les élèves ont froid en plein hiver, c'est beaucoup plus compliqué" - Lucille, professeure d'espagnol dans les Yvelines 

À lire aussi Rentrée scolaire : "Des campagnes de vaccination dès septembre", pour une rentrée "la plus normale possible"

Le protocole sanitaire préoccupe également Lucille : "Aérer les salles, évidemment, mais quand les feuilles s'envolent, que les élèves ont froid en plein hiver, concrètement c'est beaucoup plus compliqué", explique-t-elle. "Dans les faits, beaucoup de choses sont inapplicables. Je veux bien m'adapter, mais dans la limite du raisonnable", confie-t-elle.

De nombreux professeurs sont d'ailleurs amers, après que leur ministre Jean-Michel Blanquer a choisi la presse pour dévoiler ce protocole sanitaire de la rentrée. "On a, encore une fois, un ministre déconnecté de la réalité, déplore la représentante du SNES-FSU Sophie Vénétitay. "On a le sentiment de revivre sans cesse le même mauvais épisode d’une très mauvaise série".

La crainte du retour d'un enseignement à deux vitesses

Autre sujet d'inquiétude : le système "hybride", avec cours en présentiel pour une partie de la classe et à distance pour l'autre, qui pourrait faire son retour dans les collèges et lycées si la situation sanitaire se dégrade. Un double enseignement redouté par Lucille : "L'an dernier, c'était très difficile, on a perdu beaucoup d'élèves", rappelle-t-elle. "Enseigner à la fois en distanciel et en présentiel, avec deux établissements différents, sachant que j'ai déjà trois heures de trajet par jour, je ne vois pas comment c'est possible", s'inquiète-t-elle. "Je me dis ‘on verra bien, on essaiera de faire au mieux'".

Pour le moment, Lucille n'a reçu aucune directive du rectorat, ni de ses établissements concernant cette éventualité. "Quand on entend Jean-Michel Blanquer dire qu’on est prêts, on se dit 'bien sur que non'. Tout le monde n’a pas accès au numérique et on manque cruellement de moyens au quotidien', rappelle-t-elle. 

Sophie Vénétitay regrette aussi le manque de moyens face aux inégalités creusées par la pandémie"On va avoir des classes à 30 ou 35 élèves alors que les inégalités se sont accrues pendant cette pandémie. Diminuer les effectifs aurait été une bonne chose", regrette-t-elle.

En primaire, la crainte d'une explosion de l'épidémie

Dans les écoles primaires, où les élèves ne seront pas vaccinés en raison de leur âge, de nombreux enseignants s'inquiètent du risque de propagation du virus. Le Snuipp, premier syndicat du primaire, demande à renforcer le protocole sanitaire

Le syndicat réclame des tests salivaires hebdomadaires à domicile, et des règles plus strictes à la cantine. Le syndicat a obtenu gain de cause sur le port du masque, qui restera obligatoire dans les cours de récréation. Mais "Il n'y a pas de raison de penser qu'il faudrait fermer les écoles", a martelé le Premier ministre Jean Castex jeudi sur RTL.

Un taux d'incidence supérieur à la rentrée 2020

Pourtant, "si on compare cette rentrée à celle de l'an dernier, nous ne sommes pas du tout dans les mêmes taux d'incidence", explique Guislaine David, la secrétaire générale du Snuipp : "on enregistre un taux de 128, contre 30 en 2020 pour les 0-9 ans et un taux de 310 contre 109 l'an dernier pour les 10-19 ans", avertit-elle.

"Avec ce protocole, il y a fort à parier que l'école sera perturbée dès les premières semaines avec une forte circulation du variant Delta", estime-t-elle. Elle pointe aussi du doigt l'aération des classes, et regrette que "Jean-Michel Blanquer ne développe pas de financement pour l'achat de capteurs de Co2", que le gouvernement veut généraliser dans les classes, mais qui restent à la charge des communes. 

 


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