Publié par CEMO Centre - Paris
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Le soufisme en Allemagne, Nakchabandya et influence turque

vendredi 19/octobre/2018 - 03:10
La Reference
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Par Nahla Abdel Moneim

 

L’Allemagne compte près de 83 millions d’habitants de différentes confessions. Cinq millions d’entre eux ont adopté l’Islam, et une partie de ceux-là ont formé un mouvement profondément associé aux méthodes soufies. L'attachement inébranlable à l'Islam

est le caractère fondamental du mouvement mystique en Allemagne. Les écrits occidentaux sur le soufisme ont tendance à le rattacher au gnosticisme, considéré comme un enseignement plus noble que la religion. Mais les soufis allemands n’adoptent pas ce concept, et considèrent le soufisme comme une partie inséparable de l'Islam.

Les études qui s’intéressent à la société mystique d’Allemagne évoquent d’autres caractéristiques du soufisme dans ce pays, comme cette étude effectuée par le centre américain des recherches, qui affirme que le soufisme a conduit certains chrétiens à adopter l’Islam, comme en témoignent le cheikh Hassan Dyek, cheikh de la Zaywéya ottomane et le cheikh de la tekkia moulawéya Abdullah Halis.

 

Les soufis, qui sont répartis dans différentes régions d’Allemagne, suivent la méthode Naqchbandya (en référence à Mohamad Bahaaedddin Shah Naqchband, né en Ouzbékistan en 1317), et ce pour plusieurs raisons. La plus importante est la forte proportion d’allemands d’origine turque au sein de la communauté musulmane d’Allemagne. Une statistique récente publiée mi 2018 par l'Observatoire d’Al-Azhar de lutte contre l'extrémisme, indique qu’il existe environ 2,5 millions de musulmans allemands d'origine turque, soit la moitié de la population musulmane.

La Naqchbandyya a connu une grande diffusion sous le califat ottoman, disparu en 1923. Aujourd’hui, la majorité soufie cherche à faire revivre cet héritage mais de manière différente. Pour certains, le soufisme est une nourriture spirituelle qui procure une sorte de satisfaction existentielle assurant la continuité entre le passé et le présent.

La domination turque ne se limite pas à la diffusion de la Naqchbandya, mais s’étend également à la méthode Mawlawya, attribuée à Jalal al-Din Al-Rumi (Afghan désigné par ses disciples par le terme Mawlana et qui a vécu entre 1207 et 1273).

Un peu partout en Allemagne, sont organisées des séances de Dhikr (mention d’Allah, exalté soit-Il) où les fidèles se dandinent aux rythmes de la musique. Ces séances que se tiennent périodiquement. Il existe de multiples centres soufis mais la plupart ont les mêmes rites : soirées poétiques, symposiums, dîners et spectacles qui rappellent le passé ottoman.

 

La plupart des sites mystiques partagent la tradition de Mohammed Nazem Adel Al-Haqqani (1922-2014), connu sous le nom de Cheikh Nazim le Chypriote, en référence à son lieu de naissance. Il est le descendant des cheikhs de la Tarika mawlawya. Il a appris de son grand-père maternel cette méthode, et de son grand-père paternel la méthode Qadyria, puis il a adopté la Naqchabandya qu’il a répandue en Europe avec l'aide de son fils, Mohammed Mohammed Al-Haqqani, qui supervise encore certains centres en Allemagne.

 

L’un des centres les plus célèbres de la Naqchabandya en Allemagne est le centre soufi Rabbani. Il possède des branches dans plusieurs capitales européennes. Il est actuellement dirigé par le cheikh Ashraf Effendi (élève de Nazim le chypriote), originaire de Turquie. Effendi a fondé le centre à son retour de la guerre en Bosnie (menée entre 1992 à 1995 pour se séparer de la Yougoslavie). Le centre est financé par des dons.

La Zawyéa ottomane (osmanische herberge) évoque par son nom le passé. Cette Zawéya apprend aux fidèles la haute spiritualité et l'ascétisme, mais pas à travers des conférences ou des séminaires. Elle répand la Naqchabandya par la danse, la musique et la joie.

Cette joie réunit tout le monde, qu’il s’agisse des fondateurs du centre ou de ceux qui s’en occupent. Les événements organisés par le Centre sont filmés et comportent habituellement quelques séquences montrant le cheikh Hassan Dayk (directeur du centre et élève de Nazem Haqqani) dansant pour demander l’aide divine.

 

Le centre de Berlin

C’est l'un des centres Naqchbandis les plus importants. Il a contribué à répandre l'influence turque. Le centre est issu de l’Association ottomane, premier représentant de la culture turque en Allemagne.

Comme ses prédécesseurs, le centre a recours aux mélodies et aux hymnes musicaux pour diffuser les enseignements du soufisme.

 

La Tékya Mawlawéya

La musique est la force spirituelle sur laquelle s’appuient les adeptes de la méthode Mawlawéya en Allemagne, dirigée par le cheikh Abdullah Halis Effendi.

Les tékayas mawlawyas (également inspirés du passé ottoman) se multiplient dans le pays. Les plus célèbres sont celles situés au sud de la capitale Berlin, dirigés par le cheikh Abdullah Halis lui-même.

 

L’école islamique soufie

Elle a une approche quelque peu différente. Sa méthode est l’Ouassya Chah Maqsoudiyya, en référence à Aweys ibn Amer Al-Qarni (594-658), qui a vécu à l’époque du prophète Mohamad (paix et bénédictions d’Allah sur lui) et qui est mort à la bataille de Safin entre Muawiya ibn Abi Sufyan et Ali bin Abi Talib (Ouayess était l’un des partisans d’Ali).

L'école, qui a pour nom Maktab Tarighat Oveyssi Shahmaghsoudi ou M.T.O, suit différentes approches pour diffuser le soufisme. Elle n'est pas uniquement basée sur le Dhikr, mais s'intéresse également aux activités sociales et éducatives et à la création de jardins d'enfants et d'écoles pour enfants.

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