Au Yémen, la guerre des billets est déclarée entre loyalistes et rebelles
Le gouvernement du Yémen et les rebelles Houthis sont désormais engagés dans une "guerre des monnaies" qui vient encore compliquer l'existence d'une population déjà exsangue, confrontée depuis des années à la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.
Dans un pays en conflit depuis sept longues années, les parties rivales utilisaient encore jusqu'à fin 2019 la même monnaie. A cette époque, le riyal a toutefois été rattrapé par les divisions yéménites: les rebelles ont alors banni de leurs territoires des nouveaux billets imprimés à Aden (sud), siège du gouvernement en exil.
Résultat: ces billets se sont accumulés dans les territoires sous contrôle loyaliste, y entraînant une dépréciation sans précédent du riyal, et une inflation galopante.
Ces dernières semaines, la monnaie "nationale" a atteint un plus bas historique dans les territoires gouvernementaux -- plus de 1.000 riyals pour un dollar -- quand le taux de change est resté stable dans les zones sous contrôle Houthis --autour de 600 riyals pour un dollar.
"Nous constatons désormais deux taux pour une même monnaie (...). D’un point de vue économique, c’est une aberration", commente Amal Nasser, économiste au Sana’a Center For Strategic Studies.
Selon plusieurs témoignages, ce différentiel fait aussi que les Yéménites paient au prix fort tout virement entre les deux zones, avec d'importantes commissions.
Et les quelque 30 millions de Yéménites n'avaient pas besoin de ça.