Couper l’eau à l’Irak… Le pays du Tigre et de l’Euphrate entre la menace iranienne et le rapprochement turc
Nora Al-Bandari
Le 10 octobre 2018, certains médias ont rapporté des
déclarations controversées du ministre adjoint de l’Agriculture iranien Ali
Mourad Akbari dans lesquelles il affirmait que Téhéran allait couper l’eau à
l’Irak.
Bien que l’Iran ait démenti ces déclarations, des
questions se posent sur la raison d’une telle décision au moment de la
formation d’un nouveau gouvernement en Irak. Surtout que le président du
Parlement irakien Mohammad al-Halboussi avait annoncé le 8 octobre 2018, soit
avant la décision iranienne, qu’il visiterait la Turquie et l’Iran pour
examiner la question de l’eau.
Selon les déclarations attribuées à Akbari, Téhéran
privera l’Irak de 7 milliards de mètres cubes d’eau du côté des frontières
ouest et nord-ouest de l’Irak, qui seraient utilisés dans 3 projets principaux
au Khouzistan et en Ilam. Ajoutant que la rareté de l’eau était l’une des
menaces graves pour son pays.
Selon l’analyste politique Raad al-Ibrahimi, cette
décision est purement politique, l’Iran cherchant à faire pression sur l’Irak
pour que l’Amérique allège ses pressions sur lui, et montrer que l’Iran est
capable d’influencer ses voisins, dont l’Irak.
Au même moment, la Turquie a donné son accord pour une
augmentation du volume d’eau parvenant à l’Irak, sachant qu’environ 70% de son
eau provient de pays voisins, en particulier par le biais du Tigre et de
l’Euphrate qui traversent la Turquie.
Au final, les déclarations iraniennes relatives à la
coupure de l’eau visent à faire pression sur le nouveau gouvernement irakien,
tandis que la Turquie cherche à exploiter la situation pour renforcer son
influence en Irak.