La guerre en Afghanistan est aussi un fiasco financier
Contrairement aux guerres du siècle dernier, où les dépenses avaient été couvertes par des augmentations d'impôts ou l'émission d'obligations de guerre, les «guerres contre le terrorisme en Irak et en Afghanistan sont presque entièrement financées à crédit», souligne le site Fortune.
Le montant des remboursements d'intérêts totaliserait à lui seul plus de 1.000 milliards de dollars selon Heidi Peltier, une économiste de l'Université de Boston qui a publié en 2020 une étude sur le sujet. «Ces intérêts représenteront à terme un montant encore plus élevé que le coût de la guerre elle-même», alerte la chercheuse.
À qui va profiter cette dette imense? D'après Peltier, 40% sont détenus par des États étrangers, et pas forcément alliés. L'un des plus grands concurrents militaires du pays, la Chine, détient en effet près de 16% de la dette militaire des États-Unis, devancée seulement par le Japon (17%).
Pertes sèches
Pour ne rien arranger, l'efficacité d'une bonne partie des dépenses qui ont endetté le pays à ce point sont très suspectes. En premier lieu, les 88 milliards de dollars injectés par les États-Unis dans la formation et l'équipement de l'armée afghane, qui n'a opposé aucune résistance aux troupes talibanes dans leur avancée sur Kaboul.
Officiellement, l'armée afghane pouvait compter sur 300.000 recrues, mais selon une source militaire américaine que cite Le Monde, les autorités du pays auraient artificiellement gonflé les chiffres pour augmenter la facture payée par les États-Unis, alimentant une corruption endémique.
D'après un diplomate cité par le quotidien du soir, l'armée comptait environ «46 bataillons fantômes, de 800 hommes chacun». Au cours des dernières années, bon nombre de soldats de l'armée régulière se sont par ailleurs ralliés aux talibans, qui leur ont garanti le pardon en échange de la cessation des combats. Les milliers de munitions fournies par les Américains sont ainsi tombées dans l'escarcelle... des talibans eux-mêmes.