Publié par CEMO Centre - Paris
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Les conséquences futures de l’arrestation de Hicham al-Achmawi sur les capacités combattantes d’al-Qaïda

jeudi 18/octobre/2018 - 02:30
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Hicham an-Naggar

 

Le courant de l’islam politique et militant a été fondé sur l’hostilité aux projets et aux systèmes de gouvernement actuels en Orient et en Occident, qu’ils s’inspirent de l’expérience libérale ou socialiste, et à aucun moment, on n’a vu d’accord avec l’idéologie et les méthodes de gouvernement adoptées ni de tentative de conciliation et de communication[i].

Des paroles de Sayyed Qutb dans son livre secret « les fils d’un plan » expriment avec précision le refus de ce courant de tout ce qui est admis et reconnu aux niveaux culturel, religieux et social. Il dit : « Notre groupe n’est pas un secteur du peuple ni de la société arabe ou internationale, et il n’émane pas des sujets du gouvernement local, mais c’est une entité nouvelle indépendante de ces formations nationales et internationales, et par conséquent, le sens de l’allégeance des Frères au guide est que nous établissons un commandement autre que celui du peuple et un pouvoir autre que le sien, et que nous retirons notre obéissance au gouvernement de ce peuple pour la donner à notre émir ».[ii]

Or, pour que se réalise ce changement énorme représenté par le transfert de l’autorité de l’Etat et de ses institutions au Groupe avec les alternatives qu’il propose dans tous les domaines et aux divers niveaux, il faut une force matérielle dont la mission est d’abord de protéger le mouvement naissant durant les diverses phases de sa croissance, et capable ensuite, lorsque le mouvement se renforce militairement, d’assumer la mission suprême et de réaliser le but escompté[iii].

Les théoriciens de l’islam politique et militant considèrent la mission du changement ardue et complexe, parce que « la tendance idéologique des entités au pouvoir dans le monde islamique, opposée à l’islam et proche de ses ennemis, s’est renforcée avec le temps », et par suite, il n’y a pas de solution pour parvenir au but du changement islamique selon leur conception « sans façonner une génération combattante et créer une organisation djihadiste ».[iv]

A partir de là, le moyen privilégié de ce courant dans ses aspects militants aux différentes étapes, est de tenter d’infiltrer l’armée de l’Etat et de mobiliser certains de ses éléments, dans le but d’utiliser leur expertise, leurs possibilités et les secrets militaires qu’ils ont découverts lors de leur service précédent, et ceci pour ébranler la puissance de l’armée et s’efforcer de former des entités militaires parallèles qui soutiennent ces groupes dans leur lutte contre les Etats, dans le but final de s’emparer du pouvoir.

 

L’armée comme cible stratégique des groupes

Le groupe des Frères se prépara à un grand changement par le biais de l’infiltration dans l’armée, lorsque le président Abdel Nasser interdit toute présence du groupe dans l’armée, ce qui fut favorisé par les circonstances du moment et la préparation de la révolution, lorsqu’il démantela les formations du groupe au sein des forces armées et de la police au milieu des années cinquante.

Tout commença lorsque les chefs du groupe des Frères rejetèrent ce qui fut connu sous le nom d’ « Accord des Bandayn » que leur avait proposé Nasser par le biais du cadre du Groupe Mohammad Ferghali, et qui prévoyait la reconnaissance par les Frères de la légitimité de la Révolution de juillet 1952, en contrepartie de l’autorisation de leurs activités prédicatrices et éducationnelles à condition qu’ils ne se mêlent pas de politique pendant cinq ans.

La disparition des cadres du groupe à ce moment-là et l’absence de réponse de Ferghali suggérèrent aux dirigeants politiques qu’ils préparaient un plan en secret, ce qui poussa Nasser à intensifier sa recherche de ce qui se passait réellement. Cela aboutit à la découverte de formations dépendant du groupe des Frères au sein de l’armée en octobre 1954, qui furent démantelées par Nasser avant qu’elles n’aillent plus loin dans la formation d’un mouvement militaire antagoniste.[v]

La seconde tentative du courant de l’islam militant d’infiltrer l’armée eut lieu comme réponse au démantèlement de l’organisation secrète des Frères qui avait mené une tentative de renverser le pouvoir par l’assassinat de chefs militaires et politiques, et l’exécution d’attaques à large échelle au milieu des années soixante, sous la direction de Sayyed Qutb. Un groupe fut formé alors qui réclama vengeance et chercha à provoquer un changement par le haut par le biais d’un putsch militaire.

L’un des hommes du groupe, Alaoui Moustapha, put enrôler nombre d’officiers de l’armée dont Essam al-Qamari, Abdel Aziz al-Gamal, et Sayyed Moussa, et avec l’intégration de ces officiers dans le Groupe, se produisit la seconde infiltration de l’armée en 1966, avant que les services égyptiens ne fassent avorter le plan en arrêtant al-Qamari et son groupe.[vi]

Cela poussa l’organisation du Djihad à compenser ce coup, en s’alliant avec la Gamaa Islamiya, pour en arriver aux événements de 1981, qui constituèrent le succès le plus important de ce courant dans le cadre des tentatives d’infiltration, et cela en assassinant le président Sadate, suite aux efforts d’un groupe dirigé par l’officier d’artillerie Khaled al-Islambouli, en collaboration avec un lieutenant-colonel des renseignements militaires engagé par le biais de son cousin, Aboud az-Zumar.

 

Le développement de la performance des terroristes au combat

Les militaires précédents enrôlés dans les organisations terroristes continuèrent à s’accrocher à l’idée illusoire de la possibilité d’un changement en ciblant la tête de l’Etat et les dirigeants de ses institutions, et ces illusions furent couronnées par l’échec de l’opération menée par l’officier palestinien Saleh Sirriya, après avoir recruté quelques étudiants, opération connue sous le nom d’opération de l’Académie militaire en 1974.

Cette activité ne réussit pas à produire le changement sur lequel avaient parié la plupart des théoriciens de l’islam militant depuis son apparition, et cela du fait que son succès resta limité au recrutement d’un très petit nombre d’officiers pour profiter de leurs compétences militaires ou les employer à des opérations lors de leur service, comme celle qui tua le président Sadate. Mais cette méthode n’eut pas d’impact négatif sur l’institution militaire en l’affaiblissant ou en lui causant des pertes en hommes, outre le fait qu’elle ne permit pas de fonder une entité militaire antagoniste des institutions de l’Etat, ni à renverser le régime par l’assassinat du chef de l’Etat, dans le but de réaliser ensuite une révolution islamique complète. 

Cette activité de l’islam militant fut développée grâce à deux ex-commandants des forces spéciales. Le premier est Abdel Aziz al-Gamal, qui contribua à développer les performances de la branche d’al-Qaïda en Syrie (Jabhat an-Nusra – Hay’at Tahrir ach-Cham) en collaboration avec Ahmad Salama Mabrouk, l’un des fondateurs de l’organisation du Djihad en Egypte, et superviseur du travail des groupes dépendant d’al-Qaïda en Egypte.[vii] Et le second est Hicham Achmawi, qui fut offensé par certaines mesures administratives prises contre lui, et trouva dans les idées takfiristes qu’il traduisit par la suite en terrorisme armé contre l’armée un moyen de se venger. Les deux hommes, Gamal et Achmawi, jouèrent un rôle important dans le développement des performances militaires d’al-Qaïda, en profitant des changements qui leur permirent d’acquérir des capacités et un prestige que leurs prédécesseurs n’avaient pu avoir, en comparant le nombre et le type d’opérations exécutées au début de l’apparition de ces terroristes avec ce qu’ils étaient devenus durant  les quelques dernières années.

Les deux hommes supervisèrent des camps d’entraînement d’al-Qaïda, d’abord en Afghanistan, puis en Syrie, au Sinaï et en Libye, et formèrent ainsi de nombreuses personnes à la préparation des explosifs, aux assassinats, à la guérilla, à la participation à des attaques surprises contre des patrouilles et des barrages militaires fixes et mobiles, en appliquant les connaissances qu’ils avaient acquises dans leurs années d’études à la Faculté militaire égyptienne.

Un changement important chez ces ex-militaires leur fit perdre ainsi l’obsession de se débarrasser rapidement du dirigeant sans avoir la moindre idée de ce qu’il était possible de faire après cela, et adopter l’idée de camps d’entraînement et de lieux de rassemblement à partir desquels lancer une espèce de guérilla ou de guerre d’usure contre les institutions militaires et policières de l’Etat.

La raison à cela est qu’il y avait auparavant des Etats défendus par des institutions fortes, et les militaires rebelles pouvaient imaginer tout au plus se débarrasser du chef de l’Etat en l’assassinant, comme ils essayèrent de le faire en 1974 par l’attaque de l’Académie militaire, et à nouveau en octobre 1981, où ils réussirent partiellement.

La preuve en est que le groupe du Djihad égyptien dirigé par Ayman Az-Zawahiri et qu’ont rejoint douze ex-militaires – parmi lesquels Abdel Aziz al-Gamal lui-même – n’a exécuté que deux opérations à l’intérieur de l’Egypte contre les symboles de l’Etat, visant en 1993 le premier ministre Atef Sidqi et le ministre de l’Intérieur le général Hassan al-Alfi.[viii]

Et malgré le caractère symbolique de l’assassinat du président Anouar as-Sadate, il s’agissait d’un événement exceptionnel que le courant considéra comme une réussite historique, bien que la situation politique et sécuritaire locale et régionale et la coopération du groupe des Frères aient favorisé le succès de l’opération, que certains considérèrent comme une exception[ix] qui ne se répète que rarement. Et cela malgré la participation de militaires entraînés, victimes d’une déviation idéologique, à la planification et à l’exécution.

La situation nouvelle qui contribua aux succès d’Abdel Aziz al-Gamal en Syrie et Hicham Achmawi en Libye est le chaos et l’effondrement des institutions des Etats et le démantèlement des armées ou leur affaiblissement – comme dans le cas syrien – avec l’existence d’un vide sécuritaire favorisant l’expansion des organisations islamistes terroristes et la création de camps d’entraînement.

C’est là que se manifeste la différence entre la performance de militaires exploitant le chaos et l’absence d’Etat et d’institutions, dans le but de prendre le pouvoir lorsque le dirigeant ne trouve personne pour le soutenir et le protéger, et d’autres – précédemment – qui, même s’ils ont réussi à se débarrasser du chef de l’Etat grâce à une opération exceptionnelle, se sont rapidement heurtés à des obstacles infranchissables sur lesquels se sont brisés tous les plans similaires, qu’il s’agisse d’institutions et de services puissants, ou d’un peuple dont certains secteurs peuvent critiques les gouvernements, mais qui possède une culture étatique et un sentiment patriotique.

Suite à cette évolution, nous nous trouvons face à des organisations terroristes qui défient l’Etat[x] et mènent de grandes opérations comme l’attaque contre le barrage de police de Karm al-Qawadis à al-Arich en octobre 2014 et les forces qui sont arrivées à la rescousse, attaque qui a provoqué la mort de trente soldats et policiers, et en a blessé des dizaines dont le commandant de la seconde armée le général Khaled Tawfiq, outre la saisie des armes du barrage. Ou encore l’opération contre le barrage d’al-Farafra en 2014, où ont été tués 22 conscrits et un officier de l’armée, ainsi que de nombreuses attaques qui ont visé les forces de l’armée à el-Arich et Rafah dont la plus fameuse est le régiment 101 en février 2015.

Ces organisations possédaient aussi, grâce à l’idéologie de ces « militaires traîtres », des plans et des capacités de développement de leurs attaques en visant les centres de contrôle et de commandement, comme les opérations contre les directions de la sécurité[xi], les sièges des renseignements militaires et les camps des forces de sécurité et de la sécurité centrale, et celles visant les personnalités influentes des services de sécurité.[xii]

 

Le modèle de Daech

Le succès d’ex-militaires de l’armée irakienne à contrôler de vastes territoires et à proclamer « l’Etat islamique » a encouragé des Egyptiens ayant la même formation à reproduire leur expérience, en profitant du développement par Abou Bakr al-Baghdadi, avec la contribution essentielle de Hajji Bakr ex-officier de l’armée irakienne, de la structure organisationnelle établie précédemment par Abou Omar al-Baghdadi, en associant des islamistes ayant des expériences organisationnelles précédentes à d’ex-chefs militaires, pour produire ainsi un style de travail combinant les méthodes des armées régulières et celles des organisations secrètes armées.[xiii]

Al-Achmawi pensa qu’il était capable de créer une homogénéité organisationnelle grâce à une structure réduite semblable au modèle de Daech en Irak, et considéra que le mariage entre la pensée stratégique et l’expérience militaire, et le leadership religieux représenté par Hajji Bakr, ex-chef des opérations spéciales dans l’armée irakienne et Abou Bakr al-Baghdadi comme guide religieux, pouvait être reproduit sous son commandement, qui incarnait la dimension militaire, aux côtés de Omar Rifaï Sourour, qui représentait la couverture religieuse et jurisprudentielle.

Ce partenariat a attiré de nombreuses personnes parmi celles qui avaient fui suite à la dispersion du sit-in des Frères de Rabia al-Adawiya en 2013, grâce aux efforts du groupe Hazimoun (du nom du chef qutbiste Hazem Salah Abou Ismaël), et des adeptes du théoricien qutbiste Rifai Sourour en collaboration avec d’autres factions, et il attira aussi certains officiers limogés parmi ceux dont l’idéologie était déviante, grâce aux efforts d’al-Achmawi, et à leur tête Emad Abdel Hamid et Youssouf Sulayman Mohammad.

L’organisation Daech, dont les symboles militaires étaient devenus les plus forts soutiens, comme le colonel Samir ibn Hamad al-Khalfawi, le colonel Adnan Ismaïl al-Beblawi, auteur du plan de contrôle de Mossoul, le colonel Adnan Najm, le colonel Fadel al-Afri, le colonel Mohannad Latif, le lieutenant-colonel Maysara al-Jabouri et d’autres, est parvenue à tirer profit du chaos politique et sécuritaire en Irak et à étendre son contrôle sur de vastes territoires d’Irak et de Syrie.[xiv]

Tandis que Hicham al-Achmawi échoua au Sinaï au moment de son partenariat avec la branche de l’organisation d’al-Qaïda là-bas, étant donné le développement par l’armée égyptienne de ses opérations, et l’élargissement progressif du cadre de ses opérations contre le terrorisme, ce qui le poussa à emprunter l’idée de Hajji Bakr qui lui avait permis de se doter de la force militaire en Irak, après une période d’échec et de faiblesse, en partant pour la Syrie et en exploitant le chaos et les contradictions dans ce pays pour fonder une entité nouvelle forte sous commandement irakien, et ensuite, de revenir avec davantage de force en Irak.[xv]

Al-Achmawi emprunta la stratégie de Hajji Bakr qui était parvenu à construire l’organisation à partir de la Syrie, en se basant sur les efforts d’une petite cellule secrète s’étant déplacée sous son commandement en Syrie en 2010, et il envisagea de partir pour la Libye pour exploiter le vide sécuritaire dans ce pays, et acquérir de la force et de l’influence avant de revenir en Egypte, en s’imaginant qu’ainsi, il pourrait attaquer les villes frontalières de l’ouest et de l’est et s’emparer des armes des unités égyptiennes stationnées là, en s’inspirant du retour en force de Daech en Irak après avoir vu sa puissance croître en Syrie.

 

Tactique de combat d’al-Achmawi

L’enrôlement de militaires expérimentés « non patriotes et idéologiquement déviants » par les organisations takfiristes armées et qui fut couronné par celui de l’ex-commandant des forces spéciales Hicham Achmawi, a contribué à façonner une méthode de combat différente à l’intérieur des organisations radicales armées, en combinant les styles et tactiques des ex-militaires avec ceux des groupes traditionnels, ce qui les a rendues très semblables aux petites armées[xvi], et qui a constitué un développement notable de la guérilla menée par ces organisations contre les armées et services de sécurité.

Achmawi a profité dans ses opérations en Libye et en Egypte des tactiques de Daech et des combattants tchétchènes. En général, il mobilisait une force d’attaque équipée de lance-missiles, de mitrailleuses lourdes et de mortiers, vers le point le plus proche de la ligne de confrontation. Les assaillants utilisaient des obus de mortiers et des RPG tout pour viser les forces stationnées avec des tirs nourris. Parallèlement, des tirs de canons étaient dirigés vers leurs positions arrières pour empêcher les renforts, tandis que des francs-tireurs visaient les défenseurs lors de l’attaque, ce qui explique l’intensité des tirs de la part d’al-Achmawi dans ses attaques contre l’armée[xvii].

Dans le cas d’attaques de loin à découvert, des voitures et camions blindés étaient utilisés en envoyant des hommes infiltrés avec des ceintures explosives, pour provoquer un choc et une surprise, comme préparation à une attaque ultérieure aux mitrailleuses moyennes et lourdes.[xviii]

 

Conclusion

Les entités et organisations islamistes pensent que leur mission est de « liquider les sources du mal et de l’agression et empêcher l’injustice, la corruption sur terre et l’exploitation, et réprimer les faux dieux qui se sont enorgueillis sur terre et se sont posés en maîtres, et établir un système islamique juste ».[xix]

Or, selon elles, il n’est pas possible de réaliser de tels buts par la simple exhortation dans les mosquées, et elles doivent s’emparer du pouvoir par la force après l’avoir arraché aux « tyrans corrupteurs en formant un front islamique armé et entraîné », ce qui les pousse toujours à affaiblir l’armée de l’Etat et à la harceler, tout en constituant leur force militaire alternative.

Les ex-militaires idéologiquement déviants et ayant renoncé à leur allégeance patriotique sont la clé de la réussite dans le développement des performances des organisations extrémistes et takfiristes dans le combat en Irak, Syrie, Libye et Egypte, profitant de la faiblesse des institutions militaires et sécuritaires arabes suite aux rébellions connues sous le nom de « printemps arabe ».

C’est ainsi que l’organisation al-Qaïda a fait évoluer grâce à ses ex-militaires sa méthode de combat de la guérilla à une forme primitive de guerre classique, en cherchant à dépasser la simple tentative de semer la confusion pour en arriver au harcèlement des armées et des services de sécurité, et à la capacité de former de petites armées indépendantes transfrontalières.

Al-Qaïda a cherché, par le biais de certains militaires rebelles et à leur tête l’officier des forces spéciales égyptiennes limogé Hicham Achmawi de réaliser ce qu’avaient fait les militaires de Daech en Irak, lorsqu’ils parvinrent à contrôler une superficie en Irak et en Syrie équivalente à celle de la Grande-Bretagne.

L’Etat égyptien a soutenu la Libye de toutes les façons possibles pour mettre fin au vide sécuritaire et au chaos qui ont permis aux organisations armées de contrôler des surfaces étendues du territoire et d’occuper des villes stratégiques libyennes, ce qui a contribué dans une large mesure à faire échec à la tactique transfrontalière de ces organisations.

La stratégie suivie par l’armée égyptienne dans la lutte contre le terrorisme, consistant en une guerre directe sur le terrain contre ces organisations qui se sont transformées de fait en petites armées possédant des plans et des équipements, a conduit à priver ces organisations de leurs zones de stationnement, de leurs camps d’entraînement et de leurs abris, et c’est ce qu’a appliqué l’armée libyenne au cours de sa libération des villes de Benghazi et Derna.

Les frappes contre les zones de stationnement des petites armées terroristes au Sinaï et aux frontières occidentales ainsi qu’à l’intérieur de la Libye a mis en échec le plan de Achmawi et de ses auxiliaires et les a empêchés de poursuivre leurs activités militaires en tant qu’entité homogène contrôlant des territoires, ce qui a diminué sa force effective sur le terrain, après l’avoir dispersée sur une large échelle.

Les armées égyptienne et libyenne sont parvenues à priver les organisations terroristes de leurs zones de stationnement et à les empêcher d’utiliser le système de communications extérieures et intérieures, ce qui permis d’isoler leurs groupes les uns des autres et à les priver de tout soutien, en les empêchant de créer des centres de commandement alternatifs, ce qui a conduit à l’arrestation de leurs chefs les plus dangereux.

Il ne faut pas faire confiance à des organisations travaillant en dehors de la légalité et de la tutelle de l’Etat nation, ni sous-estimer le vide sécuritaire et le chaos que ces organisations savent exploiter, en cherchant parallèlement à la poursuite de leurs attaques contre les services de sécurité de l’Etat et ses institutions militaires, à créer un Etat alternatif avec un système de gouvernement alternatif et une force militaire alternative.

La libération des villes et des territoires contrôlés par ces organisations et l’arrestation d’ex-militaires expérimentés marque le commencement de la fin des pratiques de ces organisations et l’affaiblissement de leurs capacités à exécuter des opérations spécifiques contre l’armée, les services de sécurité et les symboles de l’Etat.

 



[i] Sayyed Qutb – Le combat entre l’islam et le capitalisme – 13e édition, Dar ach-Chourouq, 1993, pp. 93-112.

[ii] Rifaat as-Saïd et Adel Hussein – Confrontation autour de la modération et de l’extrémisme en islam – p. 23.

[iii] Ahmad Adel Kamal – Les points sur les I – p. 78.

[iv] Fathi Yakan – L’abc de la conception militante de l’action islamique – Mu’assassa ar-Rissala, p. 87.

[v] Sulayman al-Hakim – Secrets de la relation entre Abdel Nasser et les Frères – p. 38.

[vi] Site Elaph, 11 septembre 2003 – Entretien avec Ayman az-Zawahiri, chef d’al-Qaïda.

[vii] Maher Farghali – un ex-officier égyptien que Morsi a fait sortir de prison… qui dirige le front an-Nusra en Syrie – Al-Bawwaba News, 18 août 2015.

[viii] Mohammad  Moro – L’organisation du Djihad, ses idées, ses racines et sa politique – p. 68.

[ix] Fouad Zakaria – la vérité et l’illusion concernant le mouvement islamiste contemporain – p. 92.

[x] Groupe Ansar Bayt al-Maqdis – L’attaque vengeresse des musulmans d’Egypte – 26 octobre 2013.

[xi] Groupe Ansar Bayt al-Maqdis – Revendication de notre responsabilité dans l’attaque de la direction de la sécurité du Caire et plusieurs patrouilles de sécurité dans le Grand Caire – 24 janvier 2014.

[xii] Groupe Ansar Bayt al-Maqdis – Revendication de notre responsabilité dans l’assassinat de l’officier de la sécurité nationale Mohammad Mabrouk – 19 novembre 2013.

[xiii] Rifaat Sayyed Ahmad – Daech, un califat de sang et de feu – pp. 44-46.

[xiv] Haytham al-Manna’ – Le califat de Daech : des migrations de l’illusion aux bains de sang – p. 23.

[xv] Hicham an-Naggar – Hicham al-Achmawi : le cerveau du terrorisme et l’homme le plus recherché d’Egypte – Al-Arab al-Londoniyya – 30 juillet 2017.

[xvi] Commentaire d’Abou Mosaab  as-Souriy du livre La guerre des opprimés de Robert Taber – p. 178.

[xvii] Abdallah ibn Mohammad – Stratégie de guerre régionale en Syrie – p. 57.

[xviii] Abdallah ibn Mohammad – Le mémorandum stratégique – p. 17.

[xix] Aboul A’la al-Mawdudi – Le Djihad pour l’amour de Dieu – p. 11.

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