Les conséquences futures de l’arrestation de Hicham al-Achmawi sur les capacités combattantes d’al-Qaïda
Hicham
an-Naggar
Le courant de
l’islam politique et militant a été fondé sur l’hostilité aux projets et aux
systèmes de gouvernement actuels en Orient et en Occident, qu’ils s’inspirent
de l’expérience libérale ou socialiste, et à aucun moment, on n’a vu d’accord
avec l’idéologie et les méthodes de gouvernement adoptées ni de tentative de
conciliation et de communication[i].
Des paroles de
Sayyed Qutb dans son livre secret « les fils d’un plan » expriment avec
précision le refus de ce courant de tout ce qui est admis et reconnu aux
niveaux culturel, religieux et social. Il dit : « Notre groupe n’est
pas un secteur du peuple ni de la société arabe ou internationale, et il
n’émane pas des sujets du gouvernement local, mais c’est une entité nouvelle indépendante
de ces formations nationales et internationales, et par conséquent, le sens de
l’allégeance des Frères au guide est que nous établissons un commandement autre
que celui du peuple et un pouvoir autre que le sien, et que nous retirons notre
obéissance au gouvernement de ce peuple pour la donner à notre émir ».[ii]
Or, pour que se
réalise ce changement énorme représenté par le transfert de l’autorité de l’Etat
et de ses institutions au Groupe avec les alternatives qu’il propose dans tous
les domaines et aux divers niveaux, il faut une force matérielle dont la
mission est d’abord de protéger le mouvement naissant durant les diverses
phases de sa croissance, et capable ensuite, lorsque le mouvement se renforce
militairement, d’assumer la mission suprême et de réaliser le but escompté[iii].
Les théoriciens
de l’islam politique et militant considèrent la mission du changement ardue et
complexe, parce que « la tendance idéologique des entités au pouvoir dans
le monde islamique, opposée à l’islam et proche de ses ennemis, s’est renforcée
avec le temps », et par suite, il n’y a pas de solution pour parvenir au
but du changement islamique selon leur conception « sans façonner une
génération combattante et créer une organisation djihadiste ».[iv]
A partir de là,
le moyen privilégié de ce courant dans ses aspects militants aux différentes
étapes, est de tenter d’infiltrer l’armée de l’Etat et de mobiliser certains de
ses éléments, dans le but d’utiliser leur expertise, leurs possibilités et les
secrets militaires qu’ils ont découverts lors de leur service précédent, et
ceci pour ébranler la puissance de l’armée et s’efforcer de former des entités
militaires parallèles qui soutiennent ces groupes dans leur lutte contre les
Etats, dans le but final de s’emparer du pouvoir.
L’armée comme
cible stratégique des groupes
Le groupe des
Frères se prépara à un grand changement par le biais de l’infiltration dans
l’armée, lorsque le président Abdel Nasser interdit toute présence du groupe
dans l’armée, ce qui fut favorisé par les circonstances du moment et la
préparation de la révolution, lorsqu’il démantela les formations du groupe au
sein des forces armées et de la police au milieu des années cinquante.
Tout commença
lorsque les chefs du groupe des Frères rejetèrent ce qui fut connu sous le nom
d’ « Accord des Bandayn » que leur avait proposé Nasser par le
biais du cadre du Groupe Mohammad Ferghali, et qui prévoyait la reconnaissance
par les Frères de la légitimité de la Révolution de juillet 1952, en
contrepartie de l’autorisation de leurs activités prédicatrices et
éducationnelles à condition qu’ils ne se mêlent pas de politique pendant cinq
ans.
La disparition
des cadres du groupe à ce moment-là et l’absence de réponse de Ferghali
suggérèrent aux dirigeants politiques qu’ils préparaient un plan en secret, ce
qui poussa Nasser à intensifier sa recherche de ce qui se passait réellement.
Cela aboutit à la découverte de formations dépendant du groupe des Frères au
sein de l’armée en octobre 1954, qui furent démantelées par Nasser avant
qu’elles n’aillent plus loin dans la formation d’un mouvement militaire
antagoniste.[v]
La seconde
tentative du courant de l’islam militant d’infiltrer l’armée eut lieu comme
réponse au démantèlement de l’organisation secrète des Frères qui avait mené
une tentative de renverser le pouvoir par l’assassinat de chefs militaires et
politiques, et l’exécution d’attaques à large échelle au milieu des années
soixante, sous la direction de Sayyed Qutb. Un groupe fut formé alors qui
réclama vengeance et chercha à provoquer un changement par le haut par le biais
d’un putsch militaire.
L’un des hommes
du groupe, Alaoui Moustapha, put enrôler nombre d’officiers de l’armée dont
Essam al-Qamari, Abdel Aziz al-Gamal, et Sayyed Moussa, et avec l’intégration
de ces officiers dans le Groupe, se produisit la seconde infiltration de
l’armée en 1966, avant que les services égyptiens ne fassent avorter le plan en
arrêtant al-Qamari et son groupe.[vi]
Cela poussa
l’organisation du Djihad à compenser ce coup, en s’alliant avec la Gamaa
Islamiya, pour en arriver aux événements de 1981, qui constituèrent le succès
le plus important de ce courant dans le cadre des tentatives d’infiltration, et
cela en assassinant le président Sadate, suite aux efforts d’un groupe dirigé
par l’officier d’artillerie Khaled al-Islambouli, en collaboration avec un
lieutenant-colonel des renseignements militaires engagé par le biais de son
cousin, Aboud az-Zumar.
Le
développement de la performance des terroristes au combat
Les militaires
précédents enrôlés dans les organisations terroristes continuèrent à
s’accrocher à l’idée illusoire de la possibilité d’un changement en ciblant la
tête de l’Etat et les dirigeants de ses institutions, et ces illusions furent
couronnées par l’échec de l’opération menée par l’officier palestinien Saleh
Sirriya, après avoir recruté quelques étudiants, opération connue sous le nom
d’opération de l’Académie militaire en 1974.
Cette activité ne
réussit pas à produire le changement sur lequel avaient parié la plupart des
théoriciens de l’islam militant depuis son apparition, et cela du fait que son
succès resta limité au recrutement d’un très petit nombre d’officiers pour
profiter de leurs compétences militaires ou les employer à des opérations lors
de leur service, comme celle qui tua le président Sadate. Mais cette méthode n’eut
pas d’impact négatif sur l’institution militaire en l’affaiblissant ou en lui
causant des pertes en hommes, outre le fait qu’elle ne permit pas de fonder une
entité militaire antagoniste des institutions de l’Etat, ni à renverser le
régime par l’assassinat du chef de l’Etat, dans le but de réaliser ensuite une
révolution islamique complète.
Cette activité de
l’islam militant fut développée grâce à deux ex-commandants des forces
spéciales. Le premier est Abdel Aziz al-Gamal, qui contribua à développer les
performances de la branche d’al-Qaïda en Syrie (Jabhat an-Nusra – Hay’at Tahrir
ach-Cham) en collaboration avec Ahmad Salama Mabrouk, l’un des fondateurs de
l’organisation du Djihad en Egypte, et superviseur du travail des groupes
dépendant d’al-Qaïda en Egypte.[vii]
Et le second est Hicham Achmawi, qui fut offensé par certaines mesures
administratives prises contre lui, et trouva dans les idées takfiristes qu’il
traduisit par la suite en terrorisme armé contre l’armée un moyen de se venger.
Les deux hommes, Gamal et Achmawi, jouèrent un rôle important dans le
développement des performances militaires d’al-Qaïda, en profitant des
changements qui leur permirent d’acquérir des capacités et un prestige que
leurs prédécesseurs n’avaient pu avoir, en comparant le nombre et le type
d’opérations exécutées au début de l’apparition de ces terroristes avec ce
qu’ils étaient devenus durant les
quelques dernières années.
Les deux hommes
supervisèrent des camps d’entraînement d’al-Qaïda, d’abord en Afghanistan, puis
en Syrie, au Sinaï et en Libye, et formèrent ainsi de nombreuses personnes à la
préparation des explosifs, aux assassinats, à la guérilla, à la participation à
des attaques surprises contre des patrouilles et des barrages militaires fixes
et mobiles, en appliquant les connaissances qu’ils avaient acquises dans leurs
années d’études à la Faculté militaire égyptienne.
Un changement
important chez ces ex-militaires leur fit perdre ainsi l’obsession de se
débarrasser rapidement du dirigeant sans avoir la moindre idée de ce qu’il
était possible de faire après cela, et adopter l’idée de camps d’entraînement
et de lieux de rassemblement à partir desquels lancer une espèce de guérilla ou
de guerre d’usure contre les institutions militaires et policières de l’Etat.
La raison à cela
est qu’il y avait auparavant des Etats défendus par des institutions fortes, et
les militaires rebelles pouvaient imaginer tout au plus se débarrasser du chef
de l’Etat en l’assassinant, comme ils essayèrent de le faire en 1974 par
l’attaque de l’Académie militaire, et à nouveau en octobre 1981, où ils
réussirent partiellement.
La preuve en est
que le groupe du Djihad égyptien dirigé par Ayman Az-Zawahiri et qu’ont rejoint
douze ex-militaires – parmi lesquels Abdel Aziz al-Gamal lui-même – n’a exécuté
que deux opérations à l’intérieur de l’Egypte contre les symboles de l’Etat,
visant en 1993 le premier ministre Atef Sidqi et le ministre de l’Intérieur le
général Hassan al-Alfi.[viii]
Et malgré le
caractère symbolique de l’assassinat du président Anouar as-Sadate, il
s’agissait d’un événement exceptionnel que le courant considéra comme une
réussite historique, bien que la situation politique et sécuritaire locale et
régionale et la coopération du groupe des Frères aient favorisé le succès de
l’opération, que certains considérèrent comme une exception[ix]
qui ne se répète que rarement. Et cela malgré la participation de militaires
entraînés, victimes d’une déviation idéologique, à la planification et à
l’exécution.
La situation
nouvelle qui contribua aux succès d’Abdel Aziz al-Gamal en Syrie et Hicham
Achmawi en Libye est le chaos et l’effondrement des institutions des Etats et
le démantèlement des armées ou leur affaiblissement – comme dans le cas syrien
– avec l’existence d’un vide sécuritaire favorisant l’expansion des
organisations islamistes terroristes et la création de camps d’entraînement.
C’est là que se
manifeste la différence entre la performance de militaires exploitant le chaos
et l’absence d’Etat et d’institutions, dans le but de prendre le pouvoir
lorsque le dirigeant ne trouve personne pour le soutenir et le protéger, et
d’autres – précédemment – qui, même s’ils ont réussi à se débarrasser du chef
de l’Etat grâce à une opération exceptionnelle, se sont rapidement heurtés
à des obstacles infranchissables sur lesquels se sont brisés tous les plans
similaires, qu’il s’agisse d’institutions et de services puissants, ou d’un
peuple dont certains secteurs peuvent critiques les gouvernements, mais qui
possède une culture étatique et un sentiment patriotique.
Suite à cette
évolution, nous nous trouvons face à des organisations terroristes qui défient
l’Etat[x]
et mènent de grandes opérations comme l’attaque contre le barrage de police de
Karm al-Qawadis à al-Arich en octobre 2014 et les forces qui sont arrivées à la
rescousse, attaque qui a provoqué la mort de trente soldats et policiers, et en
a blessé des dizaines dont le commandant de la seconde armée le général Khaled
Tawfiq, outre la saisie des armes du barrage. Ou encore l’opération contre le
barrage d’al-Farafra en 2014, où ont été tués 22 conscrits et un officier de
l’armée, ainsi que de nombreuses attaques qui ont visé les forces de l’armée à
el-Arich et Rafah dont la plus fameuse est le régiment 101 en février 2015.
Ces organisations
possédaient aussi, grâce à l’idéologie de ces « militaires
traîtres », des plans et des capacités de développement de leurs attaques
en visant les centres de contrôle et de commandement, comme les opérations contre
les directions de la sécurité[xi],
les sièges des renseignements militaires et les camps des forces de sécurité et
de la sécurité centrale, et celles visant les personnalités influentes des
services de sécurité.[xii]
Le modèle de
Daech
Le succès
d’ex-militaires de l’armée irakienne à contrôler de vastes territoires et à
proclamer « l’Etat islamique » a encouragé des Egyptiens ayant la
même formation à reproduire leur expérience, en profitant du développement par
Abou Bakr al-Baghdadi, avec la contribution essentielle de Hajji Bakr
ex-officier de l’armée irakienne, de la structure organisationnelle établie
précédemment par Abou Omar al-Baghdadi, en associant des islamistes ayant des
expériences organisationnelles précédentes à d’ex-chefs militaires, pour produire
ainsi un style de travail combinant les méthodes des armées régulières et
celles des organisations secrètes armées.[xiii]
Al-Achmawi pensa
qu’il était capable de créer une homogénéité organisationnelle grâce à une
structure réduite semblable au modèle de Daech en Irak, et considéra que le
mariage entre la pensée stratégique et l’expérience militaire, et le leadership
religieux représenté par Hajji Bakr, ex-chef des opérations spéciales dans
l’armée irakienne et Abou Bakr al-Baghdadi comme guide religieux, pouvait être reproduit
sous son commandement, qui incarnait la dimension militaire, aux côtés de Omar
Rifaï Sourour, qui représentait la couverture religieuse et jurisprudentielle.
Ce partenariat a
attiré de nombreuses personnes parmi celles qui avaient fui suite à la
dispersion du sit-in des Frères de Rabia al-Adawiya en 2013, grâce aux efforts
du groupe Hazimoun (du nom du chef qutbiste Hazem Salah Abou Ismaël), et des adeptes
du théoricien qutbiste Rifai Sourour en collaboration avec d’autres factions, et
il attira aussi certains officiers limogés parmi ceux dont l’idéologie était
déviante, grâce aux efforts d’al-Achmawi, et à leur tête Emad Abdel Hamid et
Youssouf Sulayman Mohammad.
L’organisation
Daech, dont les symboles militaires étaient devenus les plus forts soutiens,
comme le colonel Samir ibn Hamad al-Khalfawi, le colonel Adnan Ismaïl
al-Beblawi, auteur du plan de contrôle de Mossoul, le colonel Adnan Najm, le colonel
Fadel al-Afri, le colonel Mohannad Latif, le lieutenant-colonel Maysara
al-Jabouri et d’autres, est parvenue à tirer profit du chaos politique et
sécuritaire en Irak et à étendre son contrôle sur de vastes territoires d’Irak
et de Syrie.[xiv]
Tandis que Hicham
al-Achmawi échoua au Sinaï au moment de son partenariat avec la branche de
l’organisation d’al-Qaïda là-bas, étant donné le développement par l’armée
égyptienne de ses opérations, et l’élargissement progressif du cadre de ses
opérations contre le terrorisme, ce qui le poussa à emprunter l’idée de Hajji
Bakr qui lui avait permis de se doter de la force militaire en Irak, après une
période d’échec et de faiblesse, en partant pour la Syrie et en exploitant le
chaos et les contradictions dans ce pays pour fonder une entité nouvelle forte
sous commandement irakien, et ensuite, de revenir avec davantage de force en
Irak.[xv]
Al-Achmawi
emprunta la stratégie de Hajji Bakr qui était parvenu à construire
l’organisation à partir de la Syrie, en se basant sur les efforts d’une petite
cellule secrète s’étant déplacée sous son commandement en Syrie en 2010, et il
envisagea de partir pour la Libye pour exploiter le vide sécuritaire dans ce
pays, et acquérir de la force et de l’influence avant de revenir en Egypte, en
s’imaginant qu’ainsi, il pourrait attaquer les villes frontalières de l’ouest
et de l’est et s’emparer des armes des unités égyptiennes stationnées là, en
s’inspirant du retour en force de Daech en Irak après avoir vu sa puissance
croître en Syrie.
Tactique de
combat d’al-Achmawi
L’enrôlement de
militaires expérimentés « non patriotes et idéologiquement déviants »
par les organisations takfiristes armées et qui fut couronné par celui de l’ex-commandant
des forces spéciales Hicham Achmawi, a contribué à façonner une méthode de
combat différente à l’intérieur des organisations radicales armées, en
combinant les styles et tactiques des ex-militaires avec ceux des groupes
traditionnels, ce qui les a rendues très semblables aux petites armées[xvi],
et qui a constitué un développement notable de la guérilla menée par ces
organisations contre les armées et services de sécurité.
Achmawi a profité
dans ses opérations en Libye et en Egypte des tactiques de Daech et des
combattants tchétchènes. En général, il mobilisait une force d’attaque équipée
de lance-missiles, de mitrailleuses lourdes et de mortiers, vers le point le
plus proche de la ligne de confrontation. Les assaillants utilisaient des obus
de mortiers et des RPG tout pour viser les forces stationnées avec des tirs
nourris. Parallèlement, des tirs de canons étaient dirigés vers leurs positions
arrières pour empêcher les renforts, tandis que des francs-tireurs visaient les
défenseurs lors de l’attaque, ce qui explique l’intensité des tirs de la part
d’al-Achmawi dans ses attaques contre l’armée[xvii].
Dans le cas
d’attaques de loin à découvert, des voitures et camions blindés étaient
utilisés en envoyant des hommes infiltrés avec des ceintures explosives,
pour provoquer un choc et une surprise, comme préparation à une attaque
ultérieure aux mitrailleuses moyennes et lourdes.[xviii]
Conclusion
Les entités et
organisations islamistes pensent que leur mission est de « liquider les sources
du mal et de l’agression et empêcher l’injustice, la corruption sur terre et
l’exploitation, et réprimer les faux dieux qui se sont enorgueillis sur terre
et se sont posés en maîtres, et établir un système islamique juste ».[xix]
Or, selon elles,
il n’est pas possible de réaliser de tels buts par la simple exhortation dans
les mosquées, et elles doivent s’emparer du pouvoir par la force après l’avoir
arraché aux « tyrans corrupteurs en formant un front islamique armé
et entraîné », ce qui les pousse toujours à affaiblir l’armée de l’Etat et
à la harceler, tout en constituant leur force militaire alternative.
Les ex-militaires
idéologiquement déviants et ayant renoncé à leur allégeance patriotique sont la
clé de la réussite dans le développement des performances des organisations
extrémistes et takfiristes dans le combat en Irak, Syrie, Libye et Egypte,
profitant de la faiblesse des institutions militaires et sécuritaires arabes suite
aux rébellions connues sous le nom de « printemps arabe ».
C’est ainsi que
l’organisation al-Qaïda a fait évoluer grâce à ses ex-militaires sa méthode de
combat de la guérilla à une forme primitive de guerre classique, en cherchant à
dépasser la simple tentative de semer la confusion pour en arriver au
harcèlement des armées et des services de sécurité, et à la capacité de former
de petites armées indépendantes transfrontalières.
Al-Qaïda a
cherché, par le biais de certains militaires rebelles et à leur tête l’officier
des forces spéciales égyptiennes limogé Hicham Achmawi de réaliser ce
qu’avaient fait les militaires de Daech en Irak, lorsqu’ils parvinrent à
contrôler une superficie en Irak et en Syrie équivalente à celle de la
Grande-Bretagne.
L’Etat égyptien a
soutenu la Libye de toutes les façons possibles pour mettre fin au vide
sécuritaire et au chaos qui ont permis aux organisations armées de contrôler
des surfaces étendues du territoire et d’occuper des villes stratégiques
libyennes, ce qui a contribué dans une large mesure à faire échec à la tactique
transfrontalière de ces organisations.
La stratégie
suivie par l’armée égyptienne dans la lutte contre le terrorisme, consistant en
une guerre directe sur le terrain contre ces organisations qui se sont transformées
de fait en petites armées possédant des plans et des équipements, a conduit à
priver ces organisations de leurs zones de stationnement, de leurs camps
d’entraînement et de leurs abris, et c’est ce qu’a appliqué l’armée libyenne au
cours de sa libération des villes de Benghazi et Derna.
Les frappes
contre les zones de stationnement des petites armées terroristes au Sinaï et
aux frontières occidentales ainsi qu’à l’intérieur de la Libye a mis en échec
le plan de Achmawi et de ses auxiliaires et les a empêchés de poursuivre leurs
activités militaires en tant qu’entité homogène contrôlant des territoires, ce
qui a diminué sa force effective sur le terrain, après l’avoir dispersée sur
une large échelle.
Les armées
égyptienne et libyenne sont parvenues à priver les organisations terroristes de
leurs zones de stationnement et à les empêcher d’utiliser le système de
communications extérieures et intérieures, ce qui permis d’isoler leurs groupes
les uns des autres et à les priver de tout soutien, en les empêchant de créer
des centres de commandement alternatifs, ce qui a conduit à l’arrestation de
leurs chefs les plus dangereux.
Il ne faut pas
faire confiance à des organisations travaillant en dehors de la légalité et de
la tutelle de l’Etat nation, ni sous-estimer le vide sécuritaire et le chaos
que ces organisations savent exploiter, en cherchant parallèlement à la
poursuite de leurs attaques contre les services de sécurité de l’Etat et ses
institutions militaires, à créer un Etat alternatif avec un système de
gouvernement alternatif et une force militaire alternative.
La libération des
villes et des territoires contrôlés par ces organisations et l’arrestation
d’ex-militaires expérimentés marque le commencement de la fin des pratiques de
ces organisations et l’affaiblissement de leurs capacités à exécuter des
opérations spécifiques contre l’armée, les services de sécurité et les symboles
de l’Etat.
[i] Sayyed Qutb – Le combat entre l’islam et le capitalisme – 13e
édition, Dar ach-Chourouq, 1993, pp. 93-112.
[ii] Rifaat as-Saïd et Adel Hussein – Confrontation autour de la
modération et de l’extrémisme en islam – p. 23.
[iii] Ahmad Adel Kamal – Les points sur les I – p. 78.
[iv] Fathi Yakan – L’abc de la conception militante de l’action
islamique – Mu’assassa ar-Rissala, p. 87.
[v] Sulayman al-Hakim – Secrets de la relation entre Abdel
Nasser et les Frères – p. 38.
[vi] Site Elaph, 11 septembre 2003 – Entretien avec Ayman
az-Zawahiri, chef d’al-Qaïda.
[vii] Maher Farghali – un ex-officier égyptien que Morsi a fait
sortir de prison… qui dirige le front an-Nusra en Syrie – Al-Bawwaba News, 18
août 2015.
[viii] Mohammad Moro –
L’organisation du Djihad, ses idées, ses racines et sa politique – p. 68.
[ix] Fouad Zakaria – la vérité et l’illusion concernant le mouvement
islamiste contemporain – p. 92.
[x] Groupe Ansar Bayt al-Maqdis – L’attaque vengeresse des
musulmans d’Egypte – 26 octobre 2013.
[xi] Groupe Ansar Bayt al-Maqdis – Revendication de notre
responsabilité dans l’attaque de la direction de la sécurité du Caire et
plusieurs patrouilles de sécurité dans le Grand Caire – 24 janvier 2014.
[xii] Groupe Ansar Bayt al-Maqdis – Revendication de notre
responsabilité dans l’assassinat de l’officier de la sécurité nationale
Mohammad Mabrouk – 19 novembre 2013.
[xiii] Rifaat Sayyed Ahmad – Daech, un califat de sang et de feu –
pp. 44-46.
[xiv] Haytham al-Manna’ – Le califat de Daech : des
migrations de l’illusion aux bains de sang – p. 23.
[xv] Hicham an-Naggar – Hicham al-Achmawi : le cerveau du
terrorisme et l’homme le plus recherché d’Egypte – Al-Arab al-Londoniyya – 30
juillet 2017.
[xvi] Commentaire d’Abou Mosaab
as-Souriy du livre La guerre des opprimés de Robert Taber – p. 178.
[xvii] Abdallah ibn Mohammad – Stratégie de guerre régionale en
Syrie – p. 57.
[xviii] Abdallah ibn Mohammad – Le mémorandum stratégique – p. 17.
[xix] Aboul A’la al-Mawdudi – Le Djihad pour l’amour de Dieu – p.
11.