L’Iran accusé d’une tentative d’enlèvement contre une opposante aux Etats-Unis
Les
tensions entre Téhéran et Washington sont montées d’un cran. La justice
américaine a accusé, mardi 13 juillet, des agents de la République
islamique d’Iran d’avoir planifié l’enlèvement aux Etats-Unis de la journaliste
et militante irano-américaine Masih Alinejad. Cette dernière est la cible de
harcèlement sur la Toile depuis qu’elle a lancé, en 2014, une campagne
contre le port du voile obligatoire en Iran.
Des
avis de recherche ont été émis contre quatre Iraniens, dont un agent du
ministère du renseignement, qui se trouveraient probablement en Iran. Une femme
d’origine iranienne, vivant en Californie, a par ailleurs été arrêtée, puis
relâchée sous caution. Elle est accusée d’avoir participé au financement du
projet d’enlèvement présumé, notamment en engageant des détectives privés pour
surveiller et filmer Mme Alinejad et ses proches dans le
quartier de Brooklyn, où cette dernière vit à New York, à partir de
juin 2020.
Selon
les informations révélées par la justice américaine, les quatre agents iraniens
avaient étudié différents moyens de faire sortir Masih Alinejad des Etats-Unis,
notamment l’utilisation d’un bateau rapide entre New York et le Venezuela, un
allié proche de Téhéran. Les agents de renseignement iraniens avaient
également, toujours selon la justice américaine, exercé des pressions sur ses
proches en 2018, pour la convaincre de se rendre dans un pays tiers –
comme la Turquie –, dans le but de l’y enlever avant de la transférer en Iran.
Plusieurs
opposants enlevés
Ce
plan a échoué, car la journaliste avait été informée du projet d’enlèvement par
son frère, Alireza. Ce dernier a, par la suite, été arrêté par les services
iraniens dans le nord du pays et condamné à huit ans de prison. A la suite de
l’échec de ce complot, Téhéran aurait, affirme la justice américaine, décidé de
surveiller la militante aux Etats-Unis en vue de son enlèvement. A la chaîne
persanophone BBC Persian, Masih Alinejad a expliqué avoir été avertie des
menaces qui pesaient contre elle par le Federal Bureau of Investigation (FBI),
il y a quelques mois. Elle a été placée un
temps en résidence protégée.
La
République islamique n’en est pas à son premier fait d’armes. Plusieurs
opposants iraniens ont été enlevés dans des pays voisins. En 2019, le
dissident Rouhollah Zam, réfugié politique en France, avait été enlevé en Irak et
transféré en Iran. Il y a été condamné à mort et exécuté, fin 2020, pour son
rôle dans les manifestations antirégime, de l’hiver 2017-2018.