Près de 114 000 manifestants à travers la France contre le passe sanitaire et la vaccination
De Paris à Perpignan (Pyrénées-Orientales)
en passant par Lyon (Rhône) ou Quimper (Finistère), près de 114 000
personnes ont manifesté selon le ministère de l’intérieur, samedi
17 juillet, contre la vaccination et le passe sanitaire, qui
va être requis dans de nombreux lieux à partir du mois d’août.
A Paris, trois rassemblements
différents ont eu lieu samedi après-midi, au cours desquels le ministère de
l’intérieur a comptabilisé au moins 18 000 personnes. Le premier
cortège, composé de quelques milliers de personnes, s’est élancé du
Palais-Royal (1er arrondissement) avant de traverser la Seine
aux cris de « Liberté ! », « Non à la
dictature sanitaire ! » ou « Macron
démission ! ». En tête du cortège, où fleurissaient les drapeaux
français, figuraient l’ancien numéro deux du Front national, Florian
Philippot, ainsi que le chanteur Francis Lalanne, ou encore Jacline Mouraux,
égérie des « gilets jaunes ».
La députée controversée Martine Wonner
(anciennement La République en marche) s’est emportée contre la « dictature » et
la « ségrégation » du passe sanitaire, avant de
conseiller aux manifestants d’aller « faire le siège des
parlementaires, allez envahir leurs permanences pour dire que vous n’êtes pas
d’accord ». Le chef des députés LRM Christophe Castaner a aussitôt
écrit au président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand en estimant
qu’il « conviendrait » de « saisir le
procureur de la République de Paris ».
« Dans le contexte de recrudescence
des menaces et des actes contre les élus et tout particulièrement contre les
parlementaires, il ne saurait être toléré qu’une représentante de la Nation,
siégeant à nos côtés, puisse proférer de telles paroles, incitant à la haine et
à la rébellion, y compris par des actes violents », considère Christophe Castaner, dans ce courrier dont
l’Agence France-Presse a eu connaissance.
Avant la manifestation, Nicolas
Dupont-Aignan, président de Debout la France, a tenu une conférence de presse
devant le Conseil constitutionnel. Il y a, consécutivement aux annonces
d’Emmanuel Macron,
dénoncé un « abus de pouvoir sans précédent » et
un « coup d’Etat sanitaire ». Avec le passe sanitaire
dans la vie quotidienne, c’est selon lui le « début d’un engrenage
vers une dictature ».
« Je suis née au Portugal sous la
dictature de Salazar, je ne veux pas qu’on revive ça », a dit Fernanda, 53 ans, soutien de Florian
Philippot. « C’est le début de quelque chose d’extrêmement fort
dans la résistance », a lancé M. Philippot, candidat
déclaré à l’élection présidentielle de 2022, et qui s’efforce d’incarner la structuration des
anti-passe sanitaire. Quelques tracts détournant l’étoile jaune avec la
mention « passe sanitaire » étaient visibles.
Dans le même temps, environ
1 500 personnes manifestaient dans les rues du sud de la capitale au
sein d’un cortège disparate, lequel était précédé d’un cordon policier et
accompagné de banderoles comme « Wanted : République française –
Démocratie, disparue le 12 juillet 2021 », « Non au passe
sanitaire, stop à la dictature », et de slogans tels que « Liberté » et « Macron
dictateur ». « On est là pour les revendications des
“gilets jaunes” et les restrictions des libertés. C’est pas une loi liberticide
de plus qui nous fait sortir dans la rue. On a toujours été dans la rue »,
a déclaré le « gilet jaune » Jérôme Rodrigues.
« Nous ne sommes pas du tout des
antivaccins. On veut juste que chacun ait la liberté de se faire vacciner ou
pas. Les tests PCR peuvent suffire, alors il faut les laisser gratuits », ont lancé Aurélie et Tiphaine, la trentaine, toutes les
deux employées dans un centre commercial en région parisienne. Enfin, quelques
dizaines de personnes participaient à un autre rassemblement, non autorisé,
place de la République.
Une mobilisation moindre dans l’ouest de la
France
« On a des doutes sur les vaccins
contre le Covid. Ce n’est pas que l’on pense que la Terre est plate, mais on ne
connaît pas les effets à long terme de ces vaccins bricolés à la va-vite, et que
Macron veut nous imposer »,
résume Rita, une aide-soignante de 39 ans croisée dans le cortège à Montpellier (Hérault),
où, selon la préfecture, 5 500 personnes ont manifesté.
Sur le Vieux-Port, à Marseille (Bouches-du-Rhône),
ils étaient un peu plus de 4 000, selon la préfecture de police,
pointant « les moutons » qui se font vacciner et
les « mauvaises informations » données selon eux à
la télévision. A Nice (Alpes-Maritimes), environ
1 600 manifestants – « gilets jaunes » et opposants au
passe sanitaire, au vaccin obligatoire ou à la vaccination en général – ont
défilé pendant plusieurs heures dans le centre-ville.
Dans la moitié Ouest, la mobilisation
semblait moindre. A Bordeaux (Gironde), la préfecture, qui
avait pris une interdiction de manifester en centre-ville, a dénombré
1 200 personnes, les manifestants bloquant à certains endroits la
circulation des tramways et des voitures.
A Toulouse (Haute-Garonne),
la préfecture a recensé 2 500 manifestants, dont quelques
« gilets jaunes » et des blouses blanches. « Non au passe
nazitaire », « Fausse pandémie, vraie dictature » « Pays de
Pasteur, pas de passepeur » ou « Je ne suis pas un QR code »,
pouvait-on lire sur les pancartes du cortège.
D’autres manifestations ont eu lieu en
France ce samedi : près de 400 personnes avaient ainsi défilé dans la
matinée à Quimper, 1 700 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)
et 2 300 à Valence (Drôme). A Strasbourg (Bas-Rhin),
la manifestation a rassemblé 2 800 personnes, selon la préfecture.
A Nancy (Meurthe-et-Moselle), ils étaient 1 200 au
plus fort de la mobilisation. Par ailleurs, à Dijon (Côte-d’Or),
la police a fait usage de gaz lacrymogène, et la circulation des tramways a été
brièvement interrompue par des manifestants scandant « Liberté !
Liberté ! ».
Neuf personnes ont été interpellées à Lyon en
marge d’une manifestation non autorisée contre le passe sanitaire et qui a
réuni 900 personnes, selon la préfecture du Rhône. Le rassemblement,
contenu par un important dispositif policier, n’a jamais vraiment pu quitter la
place Jean-Macé (7e arrondissement), où certains organisateurs
avaient appelé à se rassembler pacifiquement en début d’après-midi. Plusieurs
manifestants ont par la suite tenté de s’extraire pour rejoindre la presqu’île
de la ville et ses artères commerçantes.
Les autorités ont rapporté que des membres
des forces de l’ordre avaient reçu des projectiles, parmi lesquels des
bouteilles en verre, et qu’ils avaient répliqué avec des gaz lacrymogènes.
Quelques centaines de manifestants (300 selon la préfecture) ont ensuite
convergé vers la place Bellecour, où des échauffourées ont eu lieu avec les
CRS. La situation est revenue à la normale aux alentours de 18 heures.