Soudan du Sud : 10 ans d’indépendance et de violences quasi ininterrompues
vendredi 16/juillet/2021 - 10:09
Malgré un cessez-le-feu et un accord de partage du pouvoir mis en place en février 2020, les populations du Soudan du Sud, lequel vient de célébrer les dix ans de son indépendance, sont toujours en proie à des niveaux de violence extrêmes. Les équipes MSF, qui travaillaient déjà dans ces zones, ont été témoins, et parfois victimes, des deux décennies de conflit qui ont précédé l’indépendance, avant que la guerre civile n’éclate de nouveau en 2013.
Malgré les urgences humanitaires qui touchaient de nombreuses régions du Soudan, les affrontements intercommunautaires récurrents et la reprise du conflit dans des zones frontalières, l'indépendance du Soudan du Sud a d’abord ouvert une courte période de relative accalmie. Pourtant, moins de deux ans après l’indépendance, la guerre civile s’est propagée dans tout le pays à la faveur des affrontements entre deux groupes armés qui se partageaient le pouvoir jusque-là, ravivant ainsi les tensions intercommunautaires.
ESPOIRS ÉVANOUIS
« Après ces 22 ans de guerre civile, l'indépendance a été déclarée en 2011. Toute la population était dans la joie. Nous étions heureux parce qu'un nouveau pays était né... mais tout cet espoir et ces rêves se sont soudainement évanouis », un membre du personnel MSF, Yambio, août 2019.
Violence extrême
Ce conflit, qui a duré plus de six ans, a entraîné près de 400 000 décès, dont beaucoup sont le résultat de ciblages ethniques de civils, notamment d'enfants et de personnes âgées. Les cas de violences sexuelles se sont multipliés, avec des attaques systématiques à motivation ethnique et politique.
Certaines des violences les plus extrêmes ont été menées dans des lieux de refuge et de sanctuaire, notamment des hôpitaux publics, où des patients et des personnes cherchant un abri ont été tués lors de séries d'attaques brutales. Des millions de personnes ont été déplacées, souvent à plusieurs reprises, à l'intérieur et à l'extérieur du Soudan du Sud. Cela comprend des centaines de milliers de personnes qui se sont installées dans des sites de protection des civils (PoC), à l'intérieur des bases de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS).
Violence contre les structures et le personnel MSF
Depuis 2011, 56 attaques ont été commises contre des structures ou des activités gérées par MSF. 24 membres du personnel sud-soudanais de MSF ont été tués, dont cinq alors qu'ils étaient en service. Tous les patients, le personnel de MSF et les communautés où les équipes interviennent ont été touchés directement et indirectement par les conflits et la violence.
Dans tout le pays, les populations ont été sujettes à la destruction, au déplacement, à la maladie et à la mort. La violence perturbe l'accès aux soins de santé, y compris à la vaccination de routine, tout en augmentant le risque de transmission de maladies et d'insécurité alimentaire.
MSF a été témoin des échecs répétés pour garantir des conditions de vie dignes aux personnes hébergées dans les camps de réfugiés, les sites de protection des civils ou de personnes déplacées. Ces personnes, qui ont fui le conflit et les massacres, ont, à maintes reprises, été forcées de vivre dans des conditions déplorables.