L’Union islamique des soldats de Syrie, bras de la Turquie au service du terrorisme
C’est une relation suspecte et complexe qui lie la Turquie, son régime dirigé par le Parti de la Justice et du Développement avec à sa tête le président Recep Tayyip Erdogan, au terrorisme et aux groupes terroristes extrémistes dans la région arabe en général, et en Syrie en particulier. Une relation qui n’est pas nouvelle et qui a pour conséquence de menacer la sécurité nationale de ces pays.
Ce soutien s’étend parfois à la fourniture de refuges sûrs pour ces groupes extrémistes en cas d’affrontements et de poursuites de leurs éléments par les services de sécurité. Et peut-être la déclaration d’Erdogan le 5 décembre 2017 selon laquelle les terroristes qui ont été chassés de la ville syrienne de Raqqa ont été envoyés en Egypte, selon l’agence russe Sputnik, est-elle la preuve la plus importante de l’implication de la Turquie dans le soutien aux terroristes, et de leur manipulation selon ses intérêts.
Durant l’hiver 2013, Abû Mohammad al-Fâtih annonça dans la ville syrienne d’Idlib, située à 30 km des frontières turques, la création de « l’Union islamique des soldats de Syrie » (al-Ittihad al-Islami li-Ajnad al-Cham).
Al-Fâtih avait dirigé au début de son parcours les « Légions de la jeunesse bien guidée », avant de diriger « l’Union islamique des soldats de Syrie », active dans la Ghouta orientale, et qui a participé à de nombreux combats sur les fronts d’al Ghouta, et nombre d’organisations armées de différentes nationalités, dont le nombre de combattants atteint 15 000 hommes, se rangent sous sa bannière.
Les plus importantes d’entre elles sont « Le rassemblement des gloires de l’islam », « les Légions du Prophète élu », « les Légions de la jeunesse bien guidée », fondée et dirigée, à son début, par Abû Mohammad al-Fâtih, « Les Légions des Compagnons », et « la Brigade du bouclier de la capitale ». C’est ainsi que l’organisation représente les plus importants groupes militaires en nombre et en matériel.
L’organisation « l’Union islamique des soldats de Syrie » est le groupe le plus lié à la Turquie et qui reçoit une aide directe de ce pays. C’est ainsi que le porte-parole de l’organisation Wâ’il ‘Elwân a déclaré sur la chaîne turque TRT sa dépendance vis-à-vis de l’aide matérielle et logistique de la Turquie.
La démission d’Abû Mohammad al-Fâtih le 30 novembre 2015 de l’Union islamique des soldats de Syrie a marqué le début d’une réorientation des groupes terroristes armés en Syrie, de façon à unir leurs efforts. Al-Fâtih a déclaré que toutes les factions devaient revoir leur performance et développer leur action, et l’Union islamique des soldats de Syrie a affirmé dans le communiqué à l’occasion de sa formation qu’elle cherchait à « unir l’action militaire des diverses factions autour de Damas, ainsi que la position politique, pour parvenir à une fusion parfaite entre elles aux niveaux du commandement administratif, militaire et financier ».
Le 19 février 2016, ‘Alwân a déclaré que toutes les organisations armées devaient se rallier au régiment d’ar-Rahmân, en tant que force centrale à al-Ghouta ach-Charqiya, et le commandant général d’Al-Ittihad al-Islami li-Ajnad al-Cham au nord de la Syrie, Abû Hamza al-Hamawî, a annoncé son soutien inconditionnel à l’idée du ralliement sous la bannière d’une même organisation regroupant les factions combattantes, et que cette initiative était dans l’intérêt du Djihad et de l’action commune.
La fusion entre l’Union islamique des soldats de Syrie et le régiment d’ar-Rahmân – sous la direction du major ‘Abdel Nâssir Chamîr – provoqua la colère de l’Armée de l’islam, après que cette dernière fut accusée par le porte-parole de l’Union des soldats de Syrie, Târiq ‘Alwân, de mener des opérations limitées par rapport à l’importance du nombre de ses combattants et de son matériel.
C’est alors que des accrochages violents eurent lieu le 28 avril 2017 entre l’Armée de l’Islam et le Régiment d’ar-Rahmân, qui provoquèrent la mort de 170 combattants, et l’Armée de l’Islam encercla les sièges des « Soldats de Syrie » dans plusieurs zones d’al-Ghouta ach-Charqiya, tandis que d’autres sièges firent l’objet d’échange de tirs, et la tension monta.
Notons que ces combats internes n’étaient pas les premiers du genre, et qu’al-Ghouta ach-Charqiya avait été témoin en avril et mai 2016 d’événements semblables, avec la mort de plus de 500 combattants, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.
L’autre visage du Qatar et de la Turquie
La Turquie et le Qatar ne se sont pas contentés de soutenir une seule faction, mais ont soutenu d’autres groupes plus sanguinaires comme l’Armée de l’Islam fondée par Zahrân ‘Alûch en septembre 2011 sous le nom de « brigade de l’Islam » avec un petit noyau de combattants, et en 2012, ‘Alûch a annoncé la formation de la « Bannière de l’Islam » après que de nombreuses organisations armées se soient rangées sous sa bannière. Puis en 2013, le nombre de régiments qui lui étaient rattachés a crû pour atteindre 60.
Etant le plus grand groupe armé en Syrie, cette organisation regroupe divers combattants salafis stationnés dans la ville de Douma dans le gouvernorat de Damas et al-Ghouta ach-Charqiya, banlieue de la capitale syrienne. Elle diffère beaucoup de l’Union islamique des soldats de Syrie dans sa dimension politique. En effet, Mohammad ‘Alûch – frère du fondateur de l’organisation terroriste Armée de l’islam – représente la délégation de l’opposition syrienne aux conférences de Genève, et l’organisation obtient son soutien principal du Qatar et de la Turquie, son but essentiel étant de faire de la Syrie un Etat islamique, qui est le but même de Daech.
Parmi les activités terroristes de cette organisation, citons son recours le 7 avril 2016 à des armes prohibées à l’échelle internationale dans ses combats contre les Kurdes à Alep. A une autre occasion, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme a révélé que les combattants de l’Armée de l’Islam avaient utilisé des femmes et des hommes comme boucliers humains dans leurs combats à al-Ghouta ach-Charqiya. Et bien que de nombreux pays comme la Russie et l’Egypte considèrent cette organisation comme terroriste, en la présentant comme dépendant du Front d’an-Nusra – l’extension de l’organisation al-Qaïda en Syrie – elle continue de participer aux négociations de Genève, en tant que symbole de l’opposition politique bien qu’elle ait reconnu son utilisation d’armes chimiques contre les Kurdes à Alep, et son recours à des boucliers humains, ainsi que sa publication en juin 2015 d’une vidéo montrant des exécutions collectives.
En décembre 2015, on annonça la mort du fondateur de l’organisation Zahrân ‘Alûch, dans un raid aérien à l’est de Damas, durant lequel furent blessés Abû Mohammad az-Zaybaq, commandant adjoint de l’Armée de l’Islam, Hamza Bîraqdâr, porte-parole militaire de l’organisation, ainsi que d’autres militaires. Ce fut un coup douloureux porté à l’Armée de l’Islam qui annonça immédiatement le choix d’Abû Hammâm al-Buwaydanî à la tête de l’organisation en remplacement d’‘Alûch.