Afghanistan: un retrait sans gloire, mais sans réel risque politique pour Joe Biden
Les derniers militaires américains - à l'exception des troupes qui garderont l'ambassade - doivent quitter l'Afghanistan fin août. Mais l'armée américaine a annoncé mardi avoir effectué à "plus de 90%" son retrait entamé en mai.
En réalité, la page de vingt années d'intervention militaire s'est tournée vendredi, quand les troupes des Etats-Unis et de l'Otan ont quitté l'immense base aérienne de Bagram, centre névralgique de toutes leurs opérations militaires.
A en croire l'armée afghane, sur la pointe des pieds. "Nous n'avions aucun calendrier pour leur départ. Ils ne nous ont pas dit quand ils sont partis", a déploré lundi le nouveau commandant de la base, le général afghan Mirassadullah Kohistani.
Mais ce départ en catimini, au moment où les talibans viennent de lancer une vaste offensive dans le nord du pays, ne devrait pas coûter grand-chose sur le plan politique au président démocrate, dont la cote de popularité reste supérieure à 50%.
En matière de politique intérieure, "personne n'a été brisé par le débat autour du Vietnam en 1975, et il n'y a pas eu de conséquences après le retrait du Liban en 1983 pour Reagan, ou après le retrait de Somalie en 1993 pour Clinton", se rappelle John Mueller, professeur à l'université d'Ohio State.
"Je ne pense pas qu'il prenne un risque politique", abonde Gordon Adams, professeur émérite à la School of International Service de l'American University. "Cette guerre ne pouvait pas être gagnée".
- "Choses gaies" -
Après son élection, le président démocrate a repoussé de quelques mois le retrait définitif annoncé pour le 1er mai 2021 par son prédécesseur, Donald Trump, sans remettre en cause la décision.