"Vol
touristique pour une durée de 15 minutes à bord d'un hélicoptère du type
Raven." C'est ce que propose l'armée libanaise sur son site depuis mercredi, pour trois personnes
maximum - la confirmation se fait ensuite par Whatsapp. L'embarquement se fait
à Amchit, au nord, ou à Rayak, à l'est. Chaque vol coûte 150 dollars, à payer
en espèces. Le but? "Encourager le tourisme libanais d'une nouvelle
manière, en plus de soutenir l'armée de l'air", indique une source
militaire au quotidien libanais L'Orient-Le Jour.
Les
caisses de l'institution sont durement touchées par la crise économique et la
dépréciation de la monnaie, encore aggravées par la pandémie. Toujours selon le
quotidien libanais, un simple soldat libanais gagne 1,2 million de livres
libanaises par mois, soit 800 dollars seulement au taux de change officiel,
mais seulement 80 dollars au marché noir. A l'été 2020, l'armée avait même
annoncé qu'elle ne pouvait plus se permettre de servir de viande dans le repas
de ses soldats.
Une
aide d'urgence de plusieurs dizaines de millions d'euros
Le
17 juin dernier, une conférence internationale à l'initiative de Paris avait
réuni par visioconférence les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l'Allemagne,
l'Italie et les Etats du Golfe. Une aide de plusieurs dizaines de millions
d'euros avait été actée, pour répondre aux besoins très précis formulés par
l'armée (nourriture, médicaments, carburant, pièces détachées…). En début
d'année, la France avait déjà fourni des rations de survie à l'armée libanaise,
pour un million d'euros.
Alors
que l'absentéisme s'accroît au sein des forces armées, les Occidentaux
s'inquiètent que l'armée libanaise ne puisse plus mener ses missions le long de
la frontière avec la Syrie et avec Israël. Si tel était le cas, le Hezbollah -
mouvement chiite pro-iranien doté d'une puissante aile militaire - en
profiterait sans doute, selon Le Monde.
Une réponse d'urgence qui ne peut se
substituer aux réformes indispensables dont le Liban a aujourd'hui
impérieusement besoin pour sa stabilité
L'aide
décidée en juin fera toutefois l'objet d'un mécanisme de suivi, en lien avec
les Nations unies, et ne passera pas par les autorités gouvernementales, jugées
corrompues et incapables de résoudre la crise. "Ce soutien exceptionnel
est une réponse d'urgence qui ne peut se substituer aux réformes indispensables
dont le Liban a aujourd'hui impérieusement besoin pour sa stabilité", ont
tenu à préciser les participants à la réunion.
Des
dirigeants pour lesquels "il est plus facile de ne rien faire"
Depuis
l'automne 2019, le pays du Cèdre connaît l'une des crises économiques les plus
violentes de son histoire, d'après la Banque mondiale. Plus de la moitié de la
population vit sous le seuil de pauvreté et les prix du carburant ont augmenté
de plus de 30% mardi. Le pays se trouve même sans gouvernement depuis
l'explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020.
Plusieurs
raisons expliquent ce que les autorités elles-mêmes qualifient
d'"effondrement". La guerre en Syrie a provoqué l'arrivée de plus
d'un million et demi de réfugiés dans le pays, soit un quart de la population.
La chute du cours du pétrole a également conduit les pays du Golfe à réduire
leurs investissements ; enfin, les sanctions américaines ont poussé l'Iran à
restreindre son soutien aux chiites, "principales forces politiques et
militaires du pays", écrit RTL.
Face
à cela, la classe politique se révèle d'un piètre secours, voire un facteur
aggravant. "Il est plus facile pour les dirigeants de ne rien faire [...]
et de régner sur un pays beaucoup plus pauvre que de faire des réformes, assure
l'économiste Mike Azar, cité par Le Point.
Les réformes nécessaires frappent directement le système clientéliste des
partis alimenté par le secteur public."