Les facteurs d’influence du renseignement marocain contre le terrorisme
Par Ali Bakr:
Expert des mouvements extrémistes
Les services de renseignement ont, ces
dernières années, joué un rôle important et déterminant dans la lutte contre
les organisations terroristes sous leurs diverses formes. Ils ont usé de leur
capacité à attaquer pour prévenir ou faire avorter des activités terroristes de
ces organisations. Et ce, en collectant des informations précises et nettes sur
les éléments et sources de financement de ces entités malveillantes. Sans
oublier leur capacité à cartographier les lieux de campement de ces dernières
ainsi que leur réseau de relations internes et externes. Les services de
renseignement ont également montré leur savoir-faire dans la prévision des
trajectoires et des objectifs futurs des organisations extrémistes. Les
événements du 11 septembre 2001 ont bien entendu contribué à l’accroissement du
rôle des services de renseignement face au terrorisme, en particulier après la
transformation de celui-ci en entités transfrontières nécessitant une
coopération régionale et internationale pour y faire face, notamment en ce qui
concerne l'échange d'informations et de données sur les membres d'organisations
terroristes, lesquels changent constamment de pays en se servant de fausses
identités et/ou de faux papiers qui leur sont souvent, malheureusement,
accordés par certains pays soutenant le terrorisme.
Les services de renseignement marocains
figurent parmi les meilleurs appareils de renseignement de la région en raison
de leurs capacités à faire face aux organisations terroristes et aux cellules
dormantes associées, en adoptant des mécanismes d’adaptation intégrés et non
conventionnels. Car, après les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca,
l’intelligence du Royaume chérifien a adopté une politique de sécurité stricte
visant à démanteler les cellules extrémistes avant que celles-ci n’opèrent des
attaques terroristes. Rabat a également créé le Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ),
spécialisé dans les questions de terrorisme, de trafic de drogues et
d’armement. (1)
Cette supériorité remarquable du
renseignement marocain en a fait l'un des meilleurs au monde. Dans son rapport
de juillet 2015, le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies a qualifié
l’intelligence du Royaume chérifien de « plus grande force en Afrique du
Nord et au Moyen-Orient en raison de ses remarquables efforts déployés dans la
lutte contre le terrorisme et les crimes organisés. » Cette
classification onusienne est fondée sur les actions posées par ses services,
en surveillant les mouvements de groupes extrémistes sous diverses formes, non
seulement sur le territoire marocain, mais également à l’extérieur de celui-ci,
ce qui leur a permis de prévenir les dangers terroristes et criminels qui
menacent la sécurité nationale de ce Royaume nord-africain (2).
Les grandes capacités du renseignement
marocain lui ont permis de démanteler de nombreuses cellules dormantes,
contribuant ainsi à la prévention de plusieurs attaques terroristes visant des
intérêts vitaux dans le pays, ainsi qu’à l’arrestation de dizaines de
(personnes suspectes) rapatriées de Syrie, d’Iraq et de Libye grâce à un
système de sécurité avancé, lequel est renforcé par moult mesures et
législations proactives permettant de surveiller les extrémistes et arrêter les
(éléments suspects) qui sont rapatriés des zones de conflit dites
« chaudes » de la planète. Ce qui indique que ces services disposent
d'un système de sécurité qui dispose de nombreuses informations adéquates sur
tous les terroristes potentiels ou présumés.
Grâce aux capacités de ses services de
renseignement, le Maroc a pu surmonter la situation politique et les conditions
de sécurité complexes au Maghreb et au Sahel en raison des menaces terroristes.
Rabat a démontré sa capacité à relever efficacement les défis en matière de
sécurité, croient savoir des observateurs: le pays est géographiquement entouré
de sites terroristes diversifiés et interconnectés dans la région Sahélo-Saharienne, caractérisée par
l’absence de concentration dans un secteur spécifique. Ces zones de tension
terroristes transfrontalières impliquant le Sud de l'Algérie, la Tunisie, le
Nord du Mali, le Tchad et le Niger, compte tenu de la porosité des frontières
et la faiblesse et l’incapacité de certaines armées de cette région à bien
protéger les vastes frontières de leurs pays respectifs.
La distinction et la réussite palpable de
l’intelligence marocaine dans la lutte contre le terrorisme et le maintien de
la sécurité du pays face aux multiples dangers, alors que le terrorisme est
dans une perpétuelle évolution et diversification de ses moyens d’attaque, imposent
une importante problématique à savoir : quels sont les facteurs d’influence du
renseignement marocain pour faire face aux éléments et organisations
terroristes qui sont devenus un mal chronique pour de nombreux pays ? Et ce,
compte tenu des capacités de ceux-ci à mener des attaques sanglantes
contre les Etats et les citoyens. Des témoignages seront étalés en guise
de réponse dans les lignes qui suivent.
I. LES
EFFORTS DISTINCTIFS
Les efforts de son renseignement, axés à la
fois sur la sécurité et les aspects politiques, ont permis au Maroc de réduire
les risques sécuritaires émanant des pays voisins, surtout que de nombreuses
organisations terroristes - dépendant d’Al-Qaida ou de Daesh se sont déclarées
être un danger pour le Royaume. En effet, Abou Walid Al-Sahraoui a, en mai 2016
à travers un enregistrement audio, lancé un appel aux adeptes de Daech à prendre
pour cible non seulement la mission des Nations unies pour l'Organisation d'un
référendum au Sahara occidental (MINURSO), mais aussi des complexes
touristiques, des centres de sécurité et des sociétés étrangères au Maroc. Cela
représente une sorte de transformation de la stratégie daechienne envers le
Maroc (3).
Cependant, l'organisation n'a pas réussi à
s’infiltrer au Maroc, où elle a du mal à établir des filiales comme c’est le
cas en Libye, au Yémen et au Nigeria. Elle n’a non plus pu mener des opérations
terroristes à l'intérieur du pays, en raison de la vigueur et l’éveil des
services de sécurité du Royaume. Il est à noter que même les groupes daechiens (Jound
Al Khilafa, à titre d’exemple) qui opèrent non loin des frontières chérifiennes
n’ont pas été en mesure d'accéder au Maroc, si ce n’est une minime espérance
misant sur des cellules dormantes.
L’intelligence marocaine a pu démanteler un
certain nombre de ces cellules dormantes, comme celle qui a été récemment
annoncée par les autorités chérifiennes le 6 septembre 2018, qui était active
dans les villes de Tétouan et Agadir, où le Bureau central d'Investigations
judiciaires (BCIJ) dépendant de la Direction Générale
de la Surveillance du Territoire national (DGST)
a réussi à démanteler une cellule terroriste composée de trois personnes dont
la moyenne d’âge était de 25 à 26 ans. Le même mois, 12 autres suspects
appartenant à un « réseau terroriste » opérant dans les villes de
Tanger et Casablanca ont été mis hors d'état de nuire, selon une
déclaration conjointe de la Direction
générale de la Sûreté nationale (DGSN) et
de la DGST (renseignements internes) (4).
Le Maroc a récemment assisté au démantèlement
d’une multitude de ce type de cellules, notamment celle dont l’anéantissement a
été déclaré le 16 septembre 2016. Constituée de huit jeunes sympathisants de
Daech, celle-ci avait pris pour zone d’activités les villes de Fès et Tanger,
au nord du Royaume. Bien avant cette date, les autorités avaient annoncé le 03
octobre 2016 la mise hors d’état de nuire d’une autre cellule. Non seulement
ces cellules sont actives chez les hommes, mais aussi chez les femmes. C’est
d’ailleurs ce qui fait jaillir les efforts fournis par les services de
renseignement du Royaume pour les atteindre, notamment celle constituée de dix
Marocaines qui se préparaient à commettre des attentats-suicide dans certaines
villes du pays. Certaines parmi elles ont fait allégeance à l'organisation avec
laquelle elles ont un rapport étroit depuis la Syrie et l’Irak dans le but de
recruter des membres pour les envoyer dans les zones de conflit.
Les efforts distingués déployés par
l’intelligence chérifienne pour anéantir les cellules dormantes de Daech sont
le fruit de l’expérience accumulée pendant les dernières décennies dans le
démantèlement des organisations terroristes, à l’instar du Groupe de combat islamique marocain (GCIM) connu depuis les attentats qui visaient la ville de Casablanca (5), perpétrés le 16
mai 2003. Il importe de noter que cette organisation n'existe plus
sur le territoire marocain pour y mener des activités hors-la-loi.
La DGST a également été en mesure d'empêcher toute présence
organisationnelle de Daech et d'Al-Qaïda sur le sol chérifien, bien qu’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique) soit
très actif dans la région Sahélo-Saharienne frontalière avec le Maroc, celui-là
n’a pas été en mesure de mener ses activités à l'intérieur du Royaume. Ses
activités étant seulement concentrées sur la formation de nouvelles recrues –
dont la plupart sont connues des autorités marocaines – qui sont envoyées
en Irak et en Syrie.
Les efforts considérables déployés par les
services de renseignement marocains, en ce qui concerne particulièrement le
démantèlement des cellules dormantes, ont permis de stabiliser la situation
interne au Maroc. Vingt-et-une cellules en 2015, dix-neuf en 2016 et 18 en 2017
et quelques autres cellules en 2018 (6) ont été détectées et mises hors d’état
de nuire. En effet, la vigilance des services de renseignement marocains a
permis d'éviter tout incident terroriste au cours des dernières années, malgré
la grande activité des daechiens marocains qui se trouvaient toujours dans les
zones de combat et fournissaient des éléments qui alimentent l'extrémisme et le
terrorisme au Maroc. Raison pour laquelle la stratégie de travail des services
de renseignement du Royaume chérifien ne peut être qualifiée que de réussie.
Le démantèlement d'un si grand nombre de
cellules terroristes dormantes est un accomplissement considérable pour les
services de renseignement marocains. Eliminer ce type de cellules est très
difficile, parce qu’elles sont très secrètes n’ayant pas une organisation palpable.
Par conséquent, détecter une cellule ne facilite pas la détection des autres,
d’autant plus que les éléments sont souvent cachés et vivent dans différentes
zones résidentielles afin de travailler plus facilement sans être inquiétés par
personne. Ils fonctionnent souvent sous différentes couvertures, telles que des
institutions religieuses, des associations estudiantines, des centres culturels
et des centres de bienfaisance.
II. LES
PLUS IMPORTANTS MECANISMES DU RENSEIGNEMENT MAROCAIN POUR FAIRE FACE AUX
ORGANISATIONS TERRORISTES
Ces dernières années, les services de
renseignement marocains ont été largement salués à l’échelle internationale et
européenne, notamment par la Belgique, la France et l'Espagne pour des
renseignements qui leur ont été fournis leur permettant de faire face aux attaques
terroristes qui auraient pu représenter une menace sérieuse pour leur sécurité
et leur stabilité. C'est pourquoi les services de renseignement internationaux
adoubent le Renseignement du Royaume chérifien en sollicitant la signature avec
lui des accords de partenariat pour la coopération en matière de sécurité. Et
ce depuis que les succès du Maroc en la matière ont dépassé ses propres
frontières, car les pays européens ont déclaré avoir anéanti d’imminents
attentats terroristes grâce aux renseignements de ce pays africain, en plus des
efforts considérables de ceux-ci pour infiltrer et démanteler de nombreuses
cellules terroristes. Tout comme ils ont empêché les organisations terroristes
transnationales de fouler le sol marocain. Il y a donc une nécessité de mettre
en lumière les plus importants mécanismes ayant contribué au succès des
services de renseignement marocains face aux organisations terroristes lesquels
sont présentés ainsi qu’il suit :
a. L’infiltration
et le recrutement
Les services de renseignement marocains sont
constitués de deux principaux organes :
1. La
Direction générale des Etudes et de la Documentation (DGED). Cet organe est chargé de lutter
contre l’espionnage à l’intérieur et à l’extérieur du pays et d’anticiper les
événements ou menaces pouvant inquiéter la sûreté de l’État par le biais de ses
agents secrets.
2. La
Direction Générale de la Surveillance du Territoire national (DGST) s’emploie,
elle, à assurer la sécurité intérieure en coordination avec le ministère de l’Intérieur,
qui lui fournit des données de base (8).
Dans sa confrontation avec les organisations
terroristes, l’intelligence marocaine s’appuie sur l’infiltration, en recrutant
de nombreux éléments au sein de ses organisations et en surveillant de près
toutes les personnes soupçonnées d’avoir des liens avec des organisations
extrémistes, notamment après que certaines de ces organisations, notamment
Daech, cherchent à recruter de jeunes Marocains pour les envoyer en mission de
combats en Irak et en Syrie. L’un des exemples de cellules dissoutes est la
coordination qu’ont nouée la Direction générale de la Sûreté nationale et
la Direction générale de la Surveillance du Territoire national, qui ont
démantelé en juin 2014 une cellule constituée de six personnes qui recrutait
des jeunes auxquels elle apportait un soutien financier sous forme de dons en
espèces et de contrebande de denrées (9).
La capacité des services de renseignement du
Royaume chérifien à infiltrer les groupes terroristes ne se limite pas aux
extrémistes marocains mais s'étend aux Marocains résidant en Europe qui
souhaitent lancer des attaques au Maroc. En effet, dans le cadre de leur
coopération avec les autorités européennes, les Renseignements marocains ont
non seulement réussi à identifier des accusés qui ont perpétré l’attaque de
Barcelone, mais aussi ils ont aidé la France à retrouver le principal suspect
des attentats au théâtre Bataclan à Paris.
b. La
coordination des forces entre les différents organes
Le ministère marocain de l'Intérieur dispose de
cinq services de renseignement, à savoir :
1. la
Direction des affaires publiques, qui gère le développement d'une base de
données et de données sur les citoyens à l'intérieur du pays ;
2. le
Service de renseignement public chargé de couvrir les manifestations et les
activités partisanes ;
3. la
Direction des affaires royales dont la mission est de protéger l'institution
royale et surveiller les mouvements des gardiens ;
4. la Direction
Générale de la Surveillance du Territoire national (DGST) chargée
de lutter contre l'espionnage au sein du Royaume et de surveiller toutes les
actions et activités pouvant affecter l'intégrité de l'Etat ;
5. la
Direction de la police des communications et des ondes, chargée de surveiller
tous les mots suspects contenus dans les appels téléphoniques et enregistrés
automatiquement pour une nouvelle analyse.
Ces dispositifs sont connectés et coordonnent
leurs travaux de manière continue.
La coopération entre les services de
renseignement extérieurs (DGED) et intérieurs (DGST) a considérablement
contribué au développement des performances du renseignement du Royaume
chérifien au cours des dernières années et lui a valu une reconnaissance
régionale et internationale (10), notamment européenne. L'importance de cette
coordination entre les organes réside dans leur capacité à faire face au
terrorisme à l'intérieur et à l'extérieur, en particulier dans la recherche
constante d'informations à l'intérieur et à l'extérieur du pays, comme
l'indiquent les déclarations du directeur du Bureau central d'investigation judiciaire (BCIJ)
au Maroc, Abdelhak Khiam, à l'occasion du premier anniversaire des attaques terroristes à
Barcelone qui a tué 13 personnes. "Nous avons demandé à nos homologues
occidentaux de partager les données dont ils disposent", a déclaré Abdelhak Khiam. Parce que l’une des leçons que nous
avons apprises ces derniers temps est que le partage permanent de l’information
entre les services de renseignement est une nécessité pour lutter contre le
terrorisme (11).
c. La
coopération étrangère
L'un des plus importants facteurs de force du
renseignement marocain est sa coopération étroite avec les services de
renseignement étrangers à travers les échanges d'expertise et d'informations,
d'autant plus que le Maroc est fortement présent dans le domaine de la
coordination de la sécurité entre les différents pays, notamment en matière de
lutte contre le terrorisme dans la région. Il est à souligner à titre d’exemple
la coopération des services de renseignement marocains avec leurs homologues
espagnols afin de freiner l'activité croissante des groupes terroristes
cherchant à commettre des actes de violence dans le Royaume et à recruter
des jeunes marocains pour combattre au sein de Daech, que ce soit en Syrie ou
en Irak. Cela a aidé à démanteler les cellules terroristes étrangères qui
constituaient une menace pour la sécurité nationale du Royaume, comme le
démantèlement en mars 2006 d'une cellule gérée par le Tunisien Mohammed Bin
Hadi Messahel liée à Al-Qaïda et à l'ancien Groupe salafiste pour la
prédication et le combat (GSPC) algérien qui ciblait le siège de
l'ancienne Direction de la Surveillance du territoire (DST) en France,
le métro de Milan et la basilique San Petronio de Bologne.
D'autre part, certains pays ont grandement
bénéficié de la coopération avec les services de renseignement marocains en
obtenant des informations précieuses sur les éléments et les organisations qui
menacent leur sécurité et leur stabilité, telles que les informations qu'ils
ont fournies aux services de sécurité danois à propos d'un complot terroriste
sous la forme d'une opération suicide, orchestrée et financée par Al-Qaida. La
principale cible était le caricaturiste danois Kurt Westergaard. Le Maroc a
également fourni d'importantes informations pratiques relatives à un projet de
prise d'otages sur le site d’In Amenas dans le sud de
l'Algérie, opérée en janvier 2013 par le groupe terroriste baptisé « Les
signataires avec du sang » (12). La coopération entre les services de
sécurité marocains et leurs homologues européens a permis à plus d’une occasion
de contrecarrer une série d’attaques terroristes en Europe. En effet, il y
avait « des attaques imminentes dont les cibles étaient particulièrement
en France, en Espagne et en Belgique, mais qui ont été contrecarrées par
l’échange de renseignements importants entre les services de sécurité marocains
et leurs homologues européens » (13).
d. La stratégie
d'alerte
La principale caractéristique des services de
renseignement marocains dans la lutte contre le terrorisme et la prévention de
ses dangers pour le Royaume consiste à adopter une politique d'alerte rapide de
la réalité des menaces terroristes contre le pays et de la détection rapide de
cellules terroristes ou de personnes tentant de recruter au sein
d'organisations terroristes transnationales, notamment Daech. La politique
d'alerte œuvre également à l’élimination des plans visant à mettre en œuvre et
à divulguer leurs cachettes et magasins d’armement.
L’intelligence marocaine dispose également
d’une technologie de pointe dans le domaine des écoutes téléphoniques, de la
surveillance d’Internet et des ondes radar, afin d’anticiper les menaces qui
pèsent sur le pays. Cet appareil de renseignements dispose des dictionnaires de
mots et lexiques suspects de toutes les langues reconnues au Maroc. Une fois
que ces mots sont captés, ils passent directement à la cellule d’analyse et de
vérification, après quoi le tour sera à la cellule de démantèlement qui se charge
de la mise en place d’une approche pratique, après des mois de suivi et de
surveillance.
En effet, la vigilance des services de
renseignement marocains a fait avorter pas mal d’incidents terroristes ces
dernières années, malgré la grande activité des Marocains qui se trouvent
toujours dans les zones de combats et fournissent des éléments qui alimentent
l’extrémisme et le terrorisme au Maroc. La stratégie des services de sécurité
marocains a porté ses fruits et obtenu un résultat très positif compte tenu du
nombre de cellules terroristes qui ont été démantelés ces dernières années
(15).
e. La
spécificité du système judiciaire
Face au crime de terrorisme, le Maroc se
distingue par le choix d’un système judiciaire unifié associant renseignement
et enquête. Ce système judiciaire unifié a donné naissance à un groupe de
travail de la Police judiciaire appelé Bureau central de la Recherche
judiciaire, dépendant de la Direction
Générale de la Surveillance du Territoire
national (DGST).
Cette spécificité marocaine d’unification du
système judiciaire dans la lutte contre le terrorisme distingue le Royaume
chérifien de nombreux autres pays qui ont choisi de séparer l'organe
administratif qui fournit les informations de l'organe judiciaire qui enquête
sur les personnes soupçonnées d'avoir commis des crimes terroristes. L’appareil
judiciaire est fondé sur un groupe du Code pénal, qui a commis un certain
nombre d’actes constitutifs d’infractions terroristes « s’il est lié
intentionnellement à une entreprise individuelle ou collective visant à mettre
en danger l’ordre public par des actes d’intimidation ou de violence »
(16).
Eu égard à ce qui précède, les chiffres et
les données relatifs à la lutte antiterroriste au Maroc, notamment en ce qui
concerne le démantèlement des cellules dormantes, indiquent la force et le
talent des services de renseignement marocains face au terrorisme et à
l’extrémisme en général. Ils constituent un modèle à suivre dans les pays de la
région, compte tenu de leur capacité à lutter contre le phénomène du
terrorisme. Le Royaume est entouré d’un réseau complexe d’organisations
extrémistes interconnectées et actives en Afrique du Nord et en Afrique de
l’Ouest. Ces entités varient entre les groupes affiliés à Al Qaida et à Daesh
situés dans des pays voisins du Maroc.
D'autre part, le succès de la stratégie
marocaine de lutte contre l'extrémisme et le terrorisme confirme que la lutte
contre ce fléau nécessite une approche plutôt globale, capable de prendre en
compte tous les facteurs de l'extrémisme et ses causes sociales, religieuses et
intellectuelles. Cela nécessite davantage une vision révélant non seulement des
facteurs psychologiques et sociaux, mais aussi l’existence d’une politique
sécuritaire efficace sur le terrain, capable d’isoler les groupes extrémistes
et d’empêcher leur expansion régionale et locale.
Bibliographie
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5. Le
Groupe de combat marocain et la recherche de différenciation organisationnelle,
Site de Maghress, novembre 2009, https://www.maghress.com/almassae/30887
6. Daech
ne parvient pas à infiltrer le système de sécurité marocain, site de SPUTNIK, 7
septembre 2018, https://arabic.sputniknews.com/arab_world/201809071035152909-
7. Les
cellules terroristes endormies sont la prochaine bataille du monde, Site d’Al
Bayan des EAU, 19 décembre 2017, https://www.albayan.ae/one-world/arabs/2017-12-19-1.3135803
8. Des
faits que vous ne connaissez peut-être pas des services de renseignement
marocains, Site de vote de Maghreb Voices, 22 août 2017, https://www.maghrebvoices.com/a/security-morocco/385430.html
9. La
voie de démantèlement des cellules terroristes au Maroc, site de Barq, 18
octobre 2016, https://barq-rs.com/%D9%85%D8%B3%D8%A7%D8%B1-
10. "C’est
ainsi que fonctionnent les services de sécurité au Maroc, de la DGST à la DGED
en passant par le BCIJ, le FBI marocain, site Rihana Press, 29 mars 2015, http://www.rihanapress.com/index.php/ar/journaux/1951-2015-03-29-22-22-05.html
11. Abdelhak
Khiam, La coopération entre les services de sécurité marocains et espagnols est
"excellente", site du Medi1, 16 août 2018, https://www.medi1.com/article/%D8%B9%D8%A8%D8%AF-%D8%A7%D9%84%D8%AD%D9%82-
12. C’est
ainsi que les services secrets marocains sauvent leurs amis des bains de sang,
Site AHDATH.INFO, 29 novembre 2015, http://ahdath.info/125297
13. La
lutte contre le terrorisme en 2017, Les renseignements éveillés et les « résultats
en or », 12 décembre 2018, https://www.hespress.com/societe/375993.html
14. Après
les attentats du 16 mai, les experts: Voici la recette du Maroc pour lutter
contre le terrorisme, Site Web de Maghreb Voices, 17 mai 2018, https://www.maghrebvoices.com/z/622/2018/8/21?p=34 L’organisation
Daesh ne parvient pas à infiltrer le système de sécurité marocain, site
SPUTNIK, 7 septembre 2018. https://arabic.sputniknews.com/arab_world/201809071035152909-
15. Le
renseignement marocain est sollicité pour sécuriser les grands événements en
Europe et l'Algérie s'incline face à la tempête de colère marocaine, Site
d'Infromedia, 23 octobre 2018, http://www.infomedia.ma/2017/10/23/313826/%D8%B5%D8%AD%D9%81-