« Je pense que nous sommes tous déçus de ne pas faire de réels progrès sur la voie politique pour mettre en œuvre la résolution 2254, y compris la réforme constitutionnelle et les élections administrées sous la supervision de l'ONU », a déclaré devant le Conseil Geir Pedersen, l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie. « Malheureusement, le gouffre de méfiance entre les parties et la complexité de la situation sur le terrain rendent improbable toute avancée rapide vers un règlement global », a-t-il déploré.
M. Pedersen estime toutefois que les membres du Conseil doivent trouver des moyens de s’unir pour faire progresser les éléments de la résolution qu’ils ont adoptée il y a cinq ans et demi à l’unanimité pour établir une feuille de route du processus de paix syrien, « de sorte qu'avec le temps, la situation soit mûre pour une résolution plus globale du conflit ».
Selon l’Envoyé spécial, « la confiance se construit par des actes et non par des paroles ». Il estime que les acteurs clés du conflit doivent être prêts à venir à la table des négociations « avec la bonne volonté nécessaire » et des engagements à tenir. « Je crois que nous avons besoin d'un nouveau dialogue international constructif sur la Syrie, pour discuter de mesures concrètes – des mesures qui devraient être réciproques et mutuelles, définies avec réalisme et précision, mises en œuvre en parallèle et qui sont vérifiables », a dit M. Pedersen.
L’idée de l’envoyé onusien est d'approfondir les consultations de fond exploratoires qui aident à identifier les toutes premières étapes que les acteurs syriens et internationaux pourraient réaliser – « pour explorer non seulement ce qu'ils demandent aux autres, mais aussi le type de mesures spécifiques que chacun peut envisager ». M. Pedersen reconnait que la tâche ne sera pas facile, mais il sent que « tous les acteurs clés sont intéressés à approfondir cette conversation ».
L’Envoyé spécial a été en contact régulier avec des hauts responsables gouvernementaux russes et américains avant et depuis le récent sommet de Genève qui a réuni les Présidents Joe Biden et Vladimir Poutine. Il se rendra prochainement à Rome pour des consultations avec les ministres des Affaires étrangères participant à une réunion sur la Syrie convoquée par l'Italie et les États-Unis et a dit espérer pouvoir aller bientôt à Moscou et avoir des consultations avec des hauts responsables turcs et iraniens alors qu’une réunion au format d’Astana se tiendra dans la capitale du Kazakhstan début juillet.
Le peuple syrien a « soif d'une résolution politique du conflit »
De ses multiples rencontres avec les Syriens et des messages que ces derniers lui transmettent, M. Pedersen a noté « une soif d'un règlement politique du conflit, seul moyen de reconstruire le pays ». « On a le sentiment que cela n'est pas seulement souhaitable mais possible et que l'ONU doit préserver et faciliter le processus politique à cette fin », a-t-il dit.
L’une des priorités les plus importantes devrait être de s'attaquer aux problèmes qui causent de plus en plus de souffrances quotidiennes aux Syriens eux-mêmes, a souligné l’envoyé onusien. « Et il y a un très fort sentiment que bon nombre des problèmes sont tombés des mains des Syriens et nécessitent une attention internationale ».
Selon M. Pedersen, la grande majorité des Syriens recherche désespérément des signaux indiquant que la communauté internationale, malgré ses différences, peut travailler ensemble. Il a exhorté tous les membres du Conseil à l'aider à cet effet dans les semaines et les mois à venir. « Ce faisant, j'espère que nous pourrons alléger les souffrances de millions de Syriens, promouvoir la stabilité et avancer pas à pas », a-t-il dit. « Notre objectif reste un règlement politique durable qui réponde aux aspirations légitimes du peuple syrien et rétablit la souveraineté, l'unité, l'indépendance et l'intégrité territoriale de la Syrie, conformément à la résolution 2254 », a-t-il rappelé.