La révolution islamique d'Iran en 5 dates
1953 : un coup d'État
orchestré par l'occident
Pour comprendre les évènements qui ont
conduit à la chute du shah d'Iran, Mohammad Reza Chah Pahlavi, et à
l'instauration d'une République islamique dans le pays, il est important de
faire un rapide retour en arrière. Le shah a succédé en 1941 à son père, que
l'on jugeait trop proche des nazis, au moment de l'invasion anglo-soviétique en Iran. Une
crise éclate 12 ans plus tard entre l'Iran et le Royaume-Uni lorsque Mohammad Mossadegh, le Premier ministre du
shah, nationalise l'industrie pétrolière iranienne suite à un conflit avec
l'Anglo-Persian Oil Company (APOC).
Mossadegh est renversé lors de l'opération
Ajax par les services secrets britanniques et américains en 1953 et la
situation politique est si instable que le shah, qui avait soutenu les
États-Unis et le Royaume-Uni, est contraint de s'exiler. Il revient rapidement
au pouvoir et engage une grande série de réformes économiques et sociales pour
moderniser le pays mais le clivage est de plus en plus important entre une
population très occidentalisée et une partie du peuple, plus conservatrice, qui
soutient l'ayatollah Ruhollah Khomeini. Ce dernier, ainsi que les mouvements de
contestation étudiants, vont ensuite être largement financés par les États-Unis
qui reprochent alors au shah d'avoir privilégié d'autres pays pour le commerce
du pétrole.
1964 : l'exil de l’ayatollah
Ruhollah Khomeiny
Opposé à la "Révolution Blanche"
du Shah, l’ayatollah est arrêté en 1963 après une série d'émeutes à Téhéran. Son arrestation suscite l'indignation de ses partisans
qui sont nombreux à descendre dans la rue, des manifestations qui sont
réprimées avec violence.
Libéré de prison il est toutefois contraint
à l'exil en 1964. Il part en Turquie puis en Irak avant de rejoindre la France et la petite ville de
Neauphle-le-Château dans les Yvelines. Ruhollah Khomeiny a alors l'oreille de
nombreux intellectuels français, parmi lesquels Michel Foucault et Jean-Paul
Sartre qui vont lui apporter leur soutien. Les deux hommes voient en lui la
possibilité d'un Iran indépendant et anti-colonialiste, mais sont aveugles aux
dérives autoritaires potentiels d'un tel régime.
Octobre 1978 : l'Iran frappée
par une grève générale
A partir de mai 1978, les émeutes contre le
shah s'intensifient en Iran, menées par les groupes islamiques. Après la mort
de plusieurs étudiants opposés au shah lors d'une manifestation, la révolte
prend de l'ampleur et est réprimée dans le sang. Le shah, déjà très affaibli
par son cancer, confie le pouvoir à un de ses opposants, Chapour Bakhtiar, avec
l'espoir que cela sera suffisant pour apaiser les tensions. Mais il n'en est
rien. Malgré le soutien de l'armée, Bakhtiar est contraint de négocier avec
Khomeiny qui accepte de cautionner le gouvernement à condition de pouvoir
rentrer en Iran. En octobre1978, une grève générale paralyse le pays. L'économie
est à l'arrêt et les pétroliers sont bloqués dans le port d'Abadan.
16 janvier 1979 : l'exil du Shah d'Iran
Face au soulèvement populaire et alors que
la Révolution prend de l'ampleur, le shah d'Iran, lâché par ses soutiens
occidentaux, est contraint à l'exil le 16 janvier 1979 après 38 ans de règne.
Egypte, Maroc, États-Unis, Bahamas, Mexique, Panama le shah déchu et son épouse
multiplient les points de chute après leur départ d'Iran mais Téhéran réclame
le retour du shah afin qu'il soit jugé. Celui-ci, gravement malade, subit
l'opération de la dernière chance en Egypte menée par une équipe française. Le
dernier empereur d'Iran meurt le 27 juillet 1980 et il bénéficie de funérailles
nationales grandioses au Caire.
11 février 1979 :
proclamation de la République islamique
Le 1er février 1979, Khomeiny est de retour
en Iran après 14 ans d'exil en Irak puis en France. Âgé de 76 ans, il apparaît
affaibli à sa descente d'avion mais, galvanisé par l'immense foule qui
l'acclame, prononce son premier grand discours. Le 11 février, l'Ayatollah
Khomeini s'installe au pouvoir et nomme Mehdi Bazargan Premier ministre. Le
gouvernement de Shapour Bakhtiar, qui avait été contraint d'accepter le retour
de Khomeini, est déchu et prend la fuite. L'empire d'Iran disparaît et le pays
devient une République islamique. Les tensions sont pourtant loin d'être
apaisées et les dissensions demeurent entre les différentes factions
politiques.
L'Ayatollah Khomeini s'appuie sur des
milices armées et sur le clergé pour asseoir son pouvoir et devient Guide de la
Révolution, ou Guide suprême. Il le restera jusqu'à sa mort en 1989. Pendant
ces années l'Iran se coupe du reste du monde et le régime oeuvre à effacer
toutes les traces d'occidentalisation. On observe alors un véritable retour en
arrière sur le question des libertés individuelles et notamment des droits des
femmes.