Liban. Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies doit ouvrir une enquête sur l’explosion survenue à Beyrouth
Dans une lettre diffusée mardi 15 juin, 53 groupes libanais, régionaux et internationaux de défense des droits, ainsi que 62 rescapé·e·s et des familles de victimes et de pompiers ont demandé aux États membres du Conseil des droits de l'homme des Nations unies de diligenter une mission d’enquête sur la très forte explosion survenue le 4 août 2020 au port de Beyrouth.
Malgré les promesses initiales
selon lesquelles une enquête serait ouverte et les conclusions seraient rendues
publiques « dans les cinq jours », ces 10 derniers mois, les
autorités libanaises ont entravé, éludé et retardé l’enquête en cours dans le
pays. Des organisations libanaises, parmi lesquelles Legal Agenda, ainsi que des organisations internationales
telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch ont relevé un certain
nombre de vices de procédure et de problèmes systémiques empêchant le Liban
d’honorer l’obligation qui lui est faite, en vertu du droit international,
d’accorder des réparations aux victimes. Figurent parmi ceux-ci des ingérences
politiques flagrantes, un manque de respect pour les normes d’équité des
procès, des atteintes aux droits de la défense, ainsi que l’immunité dont
bénéficient les hauts responsables politiques.
« L’explosion de Beyrouth
est une tragédie d’une ampleur historique, qui a découlé du manquement du
gouvernement au devoir de protéger le droit le plus fondamental, le droit à la
vie. Au début, l’État libanais a annoncé qu’une enquête crédible aurait lieu
dans les meilleurs délais, mais comme on pouvait s’y attendre, cette promesse
était creuse, et aucun recours n’a été proposé sur place aux milliers de
victimes en quête de justice », a déclaré Lynn Maalouf, directrice
régionale adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty
International.
L’explosion de Beyrouth est une
tragédie d’une ampleur historique, qui a découlé du manquement du gouvernement
au devoir de protéger le droit le plus fondamental, le droit à la vie.
Lynn Maalouf, directrice
régionale adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty
International
« Le Conseil des droits de
l'homme doit lancer une mission d’enquête ou d’établissement des faits sur
l’explosion, afin de déterminer si les décisions de l’État ont causé des
homicides illégaux ou y ont contribué, et quelles mesures doivent être prises
afin de garantir que les victimes bénéficient d’un recours effectif.
« Les familles de celles et
ceux qui ont péri, les milliers de personnes ayant été blessées, et les
centaines de milliers de personnes dont la vie a été bouleversée et qui ont été
privées de leurs droits au logement, à la santé et à la propriété ne méritent
pas moins. »