Les Houthis, " épine dans le pieds" du Golfe
L'Iran travaille à soutenir les organisations
extrémistes dans la région dans l'objectif de déstabiliser les pays dans son
ensemble et leur exporter sa révolution iranienne. Vient à la tête desdits
mouvements, celui de "Ansar Allah" au Yémen lequel joue un rôle actif
dans l'état de chaos et des troubles qui s'aggravent dans les pays du Golfe
d'une part et dans le soutien de la présence iranienne dans la région de Bab El
Mandab d'autre part.
Au début
des années 90, les Houthis étaient un mouvement politique qui revendique les
droits des zaidistes, du nom de zeid Ebn Ali Ebn El Hussein Ebn Ali Ebn Abi
Taleb, tout en les représentant au sein des institutions gouvernementales après
des années de marginalisation.
" Hussein
Badr El Dine Al Houthi" a fondé l'organisation d' "Al Chabab Al
Moemen" qui devient ultérieurement
"Ansar Allah" en 1992 pour réclamer les droits des zaydistes.
La
référence intellectuelle des Houthis remonte à la doctrine garaoudie "Zaydisme" dont les pensées ressemblent
à celles d'Al Chiia Al Esna Achar. Pour ce, les Garaoudis sont considérés comme
étant les plus fanatiques de la doctrine zaydiste. Ainsi, Téhéran ne
trouve-t-il pas de difficultés pour polariser les dirigeants de la doctrine représentées
dans Badr El Dine Al Houthi et ses fils.
Des
relations ambigües avec "Saleh"
Les
relations avec l'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh étaient teintées
d'ambigüité surtout que les analyses signalent que "Saleh" a
grandement contribué à l'avancée fulgurante des Houthis dans le pays. Celui-ci
a voulu établir une force chiite au Yémen pour faire la balance entre les
Houthis d'une part et la force salafiste et le parti Al Tagamoa Al Yamani
d'autre part. Il estime que les Houthis peuvent être une sorte de pression sur
l'Arabie saoudite pour gagner davantage de soutien.
D'autre
part, "Saleh" a poussé l'armée yéménite à s'engager dans des guerres
avec les Houthis afin de l'épuiser et vider la scène politique yéménite pour
léguer ensuite le pouvoir à son fils "Ahmed Ali Abdallah Saleh".
Les 6
guerres et leur rôle dans la cristallisation des Houthis
Les 6
guerres dans lesquelles s'étaient engagés les Houthis contre le régime yéménite
sous le règne de "Saleh" étaient une occasion pour mettre en exergue,
devant la communauté internationale, le rôle des Houthis dans le changement de
la donne politique de la région, ce qui a donné une bonne expérience aux
milices dans les guérillas.
Mais,
l'armée yéménite a échoué, tout au long des 6 guerres de 2004 à 2009, à
combattre les houthis malgré les secousses auxquelles ils se sont exposés
pendant la 1e guerre qui s'est terminée
par la mort de son fondateur "Hussein Badr El Dine Al Houthi". Quant à la 2e bataille, elle est finie par le
fait que le leader du mouvement "Abdallah Al Rozami" s'est livré aux
autorités yéménites, alors que la 3e guerre (de novembre 2005 à janvier 2006)
s'est déclarée avant les Présidentielles yéménites pour dissimuler la réalité
de la situation intérieure du pays.
En ce
qui concerne la 4e guerre (de janvier à juin 2007), elle a connu les prémices
de l'ingérence qatarie dans les affaires intérieures du Yémen, puisque Doha a
pu arrêter la guerre en contrepartie de donner le droit de l'asile politique à
Abdallah El Houthi et de libérer certains prisonniers houthis. Toutefois, cet
accord n'est pas appliqué ouvrant ainsi la voie au déclenchement de la 5e
guerre qui a duré (de mars à juillet 2008). L'étrange est que cette bataille
s'est arrêtée par une décision unilatérale prise par le gouvernement portant
cessez-le-feu en commémoration du 30e anniversaire de l'ascension de Saleh au
pouvoir le 17 juillet 2008.
Quant à
la 6e guerre, elle constitue un tournant majeur dans l'histoire du mouvement
puisque se transformant d'un simple groupe local à un groupe de poids régional
capable de menacer les intérêts des pays voisins dont l'Arabie saoudite.
Pendant cette bataille, le mouvement a attaqué de nombreux points frontaliers
de l'Arabie saoudite et pris le contrôle de "Gabal Al Gokhan", ce qui
a amené l'Arabie saoudite à intervenir pour le libérer.
Retracer la carte politique après la révolte de
février 2011
Au lendemain de la révolte de février 2001, le
mouvement de Houthis a veillé à retracer la carte politique de Yémen tout en
écartant les adversaires. D'abord, il s'est débarrassé, en octobre 2013, de la force salafiste dans le village de
"Damage" en l'assiégeant et en y prévenant l'accès
d'approvisionnement et en la déplaçant. Une fois se débarrassés d'elle, les
Houthis entrent en conflit avec les tribus au nord de Sanaa en février 2014. En
juillet 2014, ils ont dominé le gouvernorat d'Omran et expulsé les armés du
parti Al Tagamoa.
L'Iran apportait
son soutien à l'expansion fulgurante des houthis contre le régime yéménite sous le règne du président "Abd Rabou
Mansour Hadi". Ensuite, le mouvement houthi a envahi Sanaa le 21 septembre
2014 en protestation contre certaines politiques économiques et a contrôlé le siège
de la 1e division blindée sous la conduite de Mohsen Al Ahmar.
Le 19 janvier 2015, les Houthis ont assiégé le
siège de "Hadi" et l'ont forcé à la démission deux jours après. Le 6
février, une déclaration constitutionnelle a été déclarée portant dissout du
Parlement et formation d'un comité révolutionnaire chargé de diriger le pays en
coopération avec "La conférence générale populaire" sous la direction
de "Saleh", l'adversaire d'hier. Hadi a pris Aden comme lieu de
résidence, mais le 21 février, il a
retiré sa démission. Ce qui a débouché sur l'occupation d'Aden par El Houthi
Saleh.
"Hadi" est parti pour le royaume de
l'Arabie Saoudite et lui a demandé lui et aux pays du Conseil de coopération du
Golfe d'intervenir pour sauver le Yémen. En revanche, l'Arabie Saoudite a
annoncé, le 26 mars 2015, "Le tempête de la fermeté" et la formation
de la coalition arabe pour le regain de la légitimité au Yémen. Ladite coalition
a réussi à libérer Aden le 22 juillet au moment où Sanaa demeurait sous le contrôle
des Houthis.
Parallèlement, l'ONU et le Koweït ont déployé de
gros efforts politiques pour décongeler la crise mais le Houthi s'est abstenu
de remettre le pouvoir et tous les démarches entreprises sont vouées à l'échec.
Ce qui s'est évidemment manifesté dans les négociations de Koweït
(avril-juillet2016) et la démission de l'émissaire onusien au Yémen Ismail Weld
Al Cheik Ahmed, le 22 janvier 2018, qui a confirmé que le groupe Houthi a
refusé d'engager un véritable dialogue avec le Yémen et d'abandonner Sanaa.
Le soulèvement contre
Saleh