Publié par CEMO Centre - Paris
ad a b
ad ad ad

Les Houthis, " épine dans le pieds" du Golfe

mardi 15/juin/2021 - 10:57
La Reference
طباعة

L'Iran travaille à soutenir les organisations extrémistes dans la région dans l'objectif de déstabiliser les pays dans son ensemble et leur exporter sa révolution iranienne. Vient à la tête desdits mouvements, celui de "Ansar Allah" au Yémen lequel joue un rôle actif dans l'état de chaos et des troubles qui s'aggravent dans les pays du Golfe d'une part et dans le soutien de la présence iranienne dans la région de Bab El Mandab d'autre part.

Au début des années 90, les Houthis étaient un mouvement politique qui revendique les droits des zaidistes, du nom de zeid Ebn Ali Ebn El Hussein Ebn Ali Ebn Abi Taleb, tout en les représentant au sein des institutions gouvernementales après des années de marginalisation.

" Hussein Badr El Dine Al Houthi" a fondé l'organisation d' "Al Chabab Al Moemen"  qui devient ultérieurement "Ansar Allah" en 1992 pour réclamer les droits des zaydistes. 

La référence intellectuelle des Houthis remonte à la doctrine garaoudie  "Zaydisme" dont les pensées ressemblent à celles d'Al Chiia Al Esna Achar. Pour ce, les Garaoudis sont considérés comme étant les plus fanatiques de la doctrine zaydiste. Ainsi, Téhéran ne trouve-t-il pas de difficultés pour polariser les dirigeants de la doctrine représentées dans Badr El Dine Al Houthi et ses fils.

Des relations ambigües avec "Saleh"

Les relations avec l'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh étaient teintées d'ambigüité surtout que les analyses signalent que "Saleh" a grandement contribué à l'avancée fulgurante des Houthis dans le pays. Celui-ci a voulu établir une force chiite au Yémen pour faire la balance entre les Houthis d'une part et la force salafiste et le parti Al Tagamoa Al Yamani d'autre part. Il estime que les Houthis peuvent être une sorte de pression sur l'Arabie saoudite pour gagner davantage de soutien.

D'autre part, "Saleh" a poussé l'armée yéménite à s'engager dans des guerres avec les Houthis afin de l'épuiser et vider la scène politique yéménite pour léguer ensuite le pouvoir à son fils "Ahmed Ali Abdallah Saleh".

Les 6 guerres et leur rôle dans la cristallisation des Houthis

Les 6 guerres dans lesquelles s'étaient engagés les Houthis contre le régime yéménite sous le règne de "Saleh"  étaient une occasion pour mettre en exergue, devant la communauté internationale, le rôle des Houthis dans le changement de la donne politique de la région, ce qui a donné une bonne expérience aux milices dans les guérillas.

Mais, l'armée yéménite a échoué, tout au long des 6 guerres de 2004 à 2009, à combattre les houthis malgré les secousses auxquelles ils se sont exposés pendant la 1e guerre  qui s'est terminée par la mort de son fondateur "Hussein Badr El Dine Al Houthi".  Quant à la 2e bataille, elle est finie par le fait que le leader du mouvement "Abdallah Al Rozami" s'est livré aux autorités yéménites, alors que la 3e guerre (de novembre 2005 à janvier 2006) s'est déclarée avant les Présidentielles yéménites pour dissimuler la réalité de la situation intérieure du pays.

En ce qui concerne la 4e guerre (de janvier à juin 2007), elle a connu les prémices de l'ingérence qatarie dans les affaires intérieures du Yémen, puisque Doha a pu arrêter la guerre en contrepartie de donner le droit de l'asile politique à Abdallah El Houthi et de libérer certains prisonniers houthis. Toutefois, cet accord n'est pas appliqué ouvrant ainsi la voie au déclenchement de la 5e guerre qui a duré (de mars à juillet 2008). L'étrange est que cette bataille s'est arrêtée par une décision unilatérale prise par le gouvernement portant cessez-le-feu en commémoration du 30e anniversaire de l'ascension de Saleh au pouvoir le 17 juillet 2008.

Quant à la 6e guerre, elle constitue un tournant majeur dans l'histoire du mouvement puisque se transformant d'un simple groupe local à un groupe de poids régional capable de menacer les intérêts des pays voisins dont l'Arabie saoudite. Pendant cette bataille, le mouvement a attaqué de nombreux points frontaliers de l'Arabie saoudite et pris le contrôle de "Gabal Al Gokhan", ce qui a amené l'Arabie saoudite à intervenir pour le libérer.

Retracer la carte politique après la révolte de février 2011

Au lendemain de la révolte de février 2001, le mouvement de Houthis a veillé à retracer la carte politique de Yémen tout en écartant les adversaires. D'abord, il s'est débarrassé, en octobre 2013,  de la force salafiste dans le village de "Damage" en l'assiégeant et en y prévenant l'accès d'approvisionnement et en la déplaçant. Une fois se débarrassés d'elle, les Houthis entrent en conflit avec les tribus au nord de Sanaa en février 2014. En juillet 2014, ils ont dominé le gouvernorat d'Omran et expulsé les armés du parti Al Tagamoa.

 L'Iran apportait son soutien à l'expansion fulgurante des houthis  contre le régime yéménite  sous le règne du président "Abd Rabou Mansour Hadi". Ensuite, le mouvement houthi a envahi Sanaa le 21 septembre 2014 en protestation contre certaines politiques économiques et a contrôlé le siège de la 1e division blindée sous la conduite de Mohsen Al Ahmar.

Le 19 janvier 2015, les Houthis ont assiégé le siège de "Hadi" et l'ont forcé à la démission deux jours après. Le 6 février, une déclaration constitutionnelle a été déclarée portant dissout du Parlement et formation d'un comité révolutionnaire chargé de diriger le pays en coopération avec "La conférence générale populaire" sous la direction de "Saleh", l'adversaire d'hier. Hadi a pris Aden comme lieu de résidence, mais  le 21 février, il a retiré sa démission. Ce qui a débouché sur l'occupation d'Aden par El Houthi Saleh.

"Hadi" est parti pour le royaume de l'Arabie Saoudite et lui a demandé lui et aux pays du Conseil de coopération du Golfe d'intervenir pour sauver le Yémen. En revanche, l'Arabie Saoudite a annoncé, le 26 mars 2015, "Le tempête de la fermeté" et la formation de la coalition arabe pour le regain de la légitimité au Yémen. Ladite coalition a réussi à libérer Aden le 22 juillet au moment où Sanaa demeurait sous le contrôle des Houthis.

Parallèlement, l'ONU et le Koweït ont déployé de gros efforts politiques pour décongeler la crise mais le Houthi s'est abstenu de remettre le pouvoir et tous les démarches entreprises sont vouées à l'échec. Ce qui s'est évidemment manifesté dans les négociations de Koweït (avril-juillet2016) et la démission de l'émissaire onusien au Yémen Ismail Weld Al Cheik Ahmed, le 22 janvier 2018, qui a confirmé que le groupe Houthi a refusé d'engager un véritable dialogue avec le Yémen et d'abandonner  Sanaa.

Le soulèvement contre Saleh                                                

Des tensions ont affecté les rapports entre Saleh et Al Houthi en raison de la marginalisation de Saleh et son parti au sein du comité révolutionnaire formé pour la direction du Yémen après le coup d'état. Par conséquent, Saleh a fait part de sa volonté d'entretenir de nouvelles relations avec l'Arabie saoudite et de rompre avec Al Houthi, ce qui a mené à son assassinat le 4 décembre 2017
"