Publié par CEMO Centre - Paris
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Syrie, les enfants sacrifiés de l’or noir

dimanche 13/juin/2021 - 11:33
La Reference
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Dans cette région sous contrôle kurde, des réfugiés arrachent à la terre, avec les moyens les plus rudimentaires, de quoi faire rouler les camions et alimenter les groupes électrogènes. La plupart arrivent d’Alep, détruite par la guerre. Ici, il n’y a pas d’âge pour travailler, surtout quand les tâches les plus dangereuses exigent les gabarits les plus frêles

Les fumées noires s’élèvent partout à l’horizon, l’air pue le soufre brûlé et Mahmoud, 8 ans, le visage encrassé par la suie, enchaîne les dribbles avec ses copains sur un terrain de foot de fortune. Sur une route défoncée, un chien souillé de pétrole cavale après des motards chargés de bidons d’essence. Ali, 25 ans, le nez couvert d’un foulard, regarde son petit cousin jouer et respirer à pleins poumons l’air vicié : « Où voulez-vous qu’ils aillent ? Ils vivent ici. Tout est sale, l’air, le sol, l’eau. Le coronavirus, quand il vient chez nous, il voit ce ciel noir et il s’en va. »

Tout autour du village d’Abou Kadir, une cinquantaine de raffineries artisanales obscurcissent le ciel, polluent les champs, les sources, dans des explosions silencieuses aussi meurtrières que les bombes. Il y en a des milliers dans tout le Rojava, le Kurdistan syrien. Des héros de Zola, des gamins de 10, 15 ou 17 ans y brûlent leur enfance et leur jeunesse dans un décor digne de « Mad Max ». Échouées dans des flaques de mazout, les cuves dans lesquelles est raffiné le brut ressemblent à des vieilles locomotives à vapeur qui crachent par leur cheminée de métal tordu un interminable et puant panache noir.

Dix ans après le début de la guerre en Syrie, le pays survit dans ses ruines. Dans l’Ouest, le régime de Bachar El-Assad et la Russie bombardent régulièrement Idlib, dans le Nord, les supplétifs turcs combattent toujours les Kurdes, et ici, chaque jour, des cellules de Daech lancent des attaques, de Deir ez-Zor à Hassaké. Dans les camps d’Al-Hawl ou de Roj, où croupissent les femmes et les enfants des combattants djihadistes, des prisonnières endurcies rêvent de prendre leur revanche et se dévorent entre elles : on y recensait trente assassinats par mois avant les opérations qui y ont été menées, fin mars, par les forces démocratiques syriennes.




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