Cinq dollars par jour et par personne: le vrai prix de la guerre dans le monde
Ces montants ne représentent pourtant que la partie émergée de l'iceberg. Les guerres et la violence en général engendrent aussi des morts, une instabilité politique, un accroissement des inégalités et un ralentissement économique.
Au total, les conflits coûteraient 14.400 milliards de dollars par an aux différents pays, soit 10,5% du PIB mondial ou 1.895 dollars par personne, selon l'Institut pour la Paix et l'économie (IEP). Dans certains pays, ce montant atteint des proportions monstrueuses: la Syrie y engloutit ainsi 59,1% de son PIB et l'Afghanistan jusqu'à 50,3%.
Le pire, c'est que ces milliards sont généralement dépensés en pure perte. «Une grande partie des sommes dédiées aux énormes projets d'infrastructure en Afghanistan [par les États-Unis] a été gaspillée, le pays n'ayant pas réussi à absorber le flot d'aide», cite ainsi Costs of War.
«Les canaux, barrages et autoroutes sont tombés en ruine; les hôpitaux et les écoles nouvellement construits sont vides. Sans surveillance appropriée, l'argent américain a engendré la corruption qui a sapé la légitimité du gouvernement», insiste l'organisation.
«Les Talibans ont gagné du terrain, le taux de pauvreté atteint a gagné onze points par rapport à 2007, et la guerre a forcé 2,7 millions d'Afghans à fuir à l'étranger et fait 4 millions de déplacés à l'intérieur du pays.»
Guerre et paix
Si la guerre implique des dépenses militaires colossales (5.884 milliards de dollars), l'insécurité endémique de certains pays entraîne elle aussi des coûts énormes. Les différents gouvernements consacrent ainsi 4.803 milliards de dollars à leur sécurité interne, sans compter le coût des services de sécurité privés et des homicides.
L'Amérique latine, par exemple, connaît peu de conflits armés mais est particulièrement frappée par la criminalité. Au Venezuela, le taux d'homicide atteint 53,3 pour 100.000 habitants, contre 1,36 pour la France.
Là encore, le tout-sécuritaire semble bien peu efficace: les États-Unis, qui ont le deuxième taux de population carcérale le plus élevé au monde (666 personnes pour 100.000 habitants), affichent un taux de criminalité de 47,7 pour 100.000 habitants, deux fois plus qu'en Finlande où à peine 57 personnes sont emprisonnées pour 100.000 habitants.
Pourtant, «il existe un lien direct entre la paix et la prospérité, souligne le World Economic Forum (WEF). Sur vingt ans, les pays qui sont devenus plus pacifiques ont enregistré une croissance moyenne du PIB par habitant 30% plus élevée que ceux qui sont devenus plus violents.»
La pacification comporte également un effet multiplicateur, l'argent dépensé autrefois contre la violence pouvant être utilisé pour des activités plus productives stimulant la croissance.
Un gouvernement qui fonctionne bien, l'acceptation des droits d'autrui, de bonnes relations avec ses voisins, de faibles niveaux de corruption ou une répartition équitable des ressources sont les ingrédients clés d'une société pacifique, conclut le WEF.