Analyse : Les contradictions d’Al-Jazirah sur la crise au Yémen
Mohamed Abdel
Ghaffar
La coopération
entre le Qatar et les milices Houthies soutenues par l'Iran a été un facteur
majeur dans la décision des pays du Golfe et l'Egypte de boycotter Doha, avec le
soutien accordé par le Qatar aux groupes radicaux et hors-la-loi dans divers
pays arabes.
Bien entendu,
Al-Jazeera, la bras médiatique du Qatar, n'a pas été absente de ce nouveau
conflit politique dans la région. On peut affirmer que le traitement de la question
yéménite sur la chaîne avant et après le 5 juin 2017 n’est pas le même.
Avant le boycott,
Al-Jazirah adoptait la vision des pays de la coalition à laquelle le Qatar
participait en mettant en avant l’idée que l’intervention des pays de la
coalition au Yémen vise avant tout à protéger la légitimité et les acquis de la
révolution yéminite.
Le tournant a eu
lieu le 5 juin 2017, lorsque l'Egypte, l'Arabie saoudite, le Bahreïn et les
Émirats arabes unis ont décidé de boycotter le Qatar, après des déclarations
faites par l'émir et publiées par l'agence de presse officielle qatarie,
annonçant son soutien à l'Iran et au Hamas. Le Qatar a de nouveau utilisé
Al-Jazira pour régler ses comptes avec les pays de la région. La chaîne a
modifié sa politique éditoriale et son traitement de la question yéménite a
changé totalement.
La chaîne s'est
engagée dans une voie opposée à celle de l'alliance arabe et a commencé à
l'attaquer et à s'opposer à ses objectifs au Yémen. Les pays de la coalition
ont été présentés comme responsables de la situation au Yémen, comme le
montrent sans cesse les journaux yéménites.
Dans ses
reportages, la chaîne s'est fiée au point de vue houthi uniquement en
accueillant Mohammed Al-Salami, porte-parole des Houthis, et en diffusant les
discours d'Abdul-Malik al-Houthi, et les attaques houthies contre la coalition
arabe menée par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
La différence dans
le traitement de la crise yéminite est évidente avant et après le boycott. Il
est clair qu’Al-Jazirah ne respecte pas la neutralité, comme elle l'a toujours
prétndu.