Turquie. Ankara réduit le débit de l’Euphrate, la Syrie subit
Sécheresse et tensions
géopolitiques, une combinaison redoutée par les populations du nord de la Syrie. Alimentée par les eaux de l’Euphrate, la région subit
une baisse du débit du fleuve, dont le niveau a par endroits perdu cinq mètres,
selon les autorités locales. La faute à une sécheresse exceptionnelle, mais
aussi au contrôle des eaux en amont par la Turquie, où l’Euphrate prend
sa source.
En trois
décennies, la Turquie a réalisé des investissements très importants afin de
mettre en place un large réseau de barrages dans le sud-est du
pays, explique le chercheur et géographe Jean-François Pérouse, installé à
Istanbul depuis plus de vingt ans. C’est une des caractéristiques de la
politique étrangère turque qui n’hésite pas à déployer tous les moyens à
disposition pour faire valoir ses intérêts, explique-t-il.
La myriade de barrages construits par la Turquie,
la Syrie et l’Irak sur les deux grands fleuves de Mésopotamie. | INFOGRAPHIE
OUEST-FRANCE
En l’occurrence, il
s’agit de peser sur une région syrienne tenue par les Forces démocratiques syriennes, composées
majoritairement de Kurdes farouchement opposés à la politique turque dans la
région. Malgré un accord signé en 1987 avec la Syrie, qui stipule que la
Turquie doit garantir un flux minimum de 500 m3/seconde, le volume
actuel ne dépasserait pas les 200 m3/seconde.
Et la Turquie a plus d’un
fleuve dans sa poche : Les nouvelles opérations militaires turques
en Irak contre la guérilla kurde du PKK créent des tensions
avec le gouvernement de Bagdad, qui dénonce une violation de son intégrité
territoriale. Il ne serait donc pas surprenant, si ces tensions demeurent où
augmentent, de voir aussi diminuer le débit des eaux du Tigre, s’inquiète le
géographe. Un fleuve Tigre sur lequel la Turquie a achevé, en 2019, à Ilisu, la
construction de l’un de ses plus importants barrages.