Incitation.En Irak, le coup de boost vaccinal du leader Moqtada Al-Sadr
Face aux réticences des
Irakiens vis-à-vis de la vaccination contre le Covid-19, l’influent leader
chiite, Moqtada Al-Sadr, s’est fait vacciner sous l’œil des caméras, entraînant
ses partisans dans son sillage. Mais le chemin reste encore long.
Pour
booster la campagne de vaccination qui “patine depuis plusieurs semaines” en
Irak, l’un des pays arabes les plus durement touchés par la pandémie de
Covid-19, Bagdad s’est trouvé un allié de choix, constate Al-Jazeera.
Le 30 avril,
l’influent leader chiite Moqtada Al-Sadr “a pris l’initiative” en
se faisant injecter une dose du vaccin chinois Sinopharm dans la ville sainte
de Nadjaf. Le ministère de la Santé a posté la vidéo de cette vaccination cinq
étoiles sur ses réseaux sociaux.
Des centaines de partisans d’Al-Sadr se sont alors ruées dans les centres de
vaccination, ce qui montre la force des allégeances communautaires et l’absence
profonde de confiance en l’État.”
Mais ce coup d’accélérateur “pourrait ne pas être suffisant pour
sortir l’Irak des taux de contamination dévastateurs”, prévient The
New York Times.
L’indifférence et la méfiance
Pour le
journal panarabe Al-Arab, les
difficultés dans la vaccination sont notamment liées à la “méfiance” et,
même, à la “peur” des citoyens vis-à-vis des
vaccins, et plus globalement, “l’indifférence générale” de
la population face au coronavirus.
Dans leur quotidien, de nombreux Irakiens ignorent les
mesures barrières. Ils refusent de porter le masque et continuent à
participer à de grands rassemblements.”
C’est ce qu’a constaté The New York Times sur
place. “Des
millions de personnes rejettent les vaccins. La plupart d’entre eux
développent des théories conspirationnistes sur leurs effets secondaires ou
croient que Dieu les protégera du coronavirus”, écrit le
quotidien américain.
Chiffres inquiétants
Selon les derniers chiffres officiels publiés le mardi
11 mai, l’Irak, pays d’environ 40 millions d’habitants, a enregistré
plus d’un million de contaminations au Covid-19 et près de 16 000 décès.
Après deux mois de flambée record du nombre de cas, avec l’arrivée du variant britannique, le pays connaît depuis début mai un tassement, mais
l’arrivée probable du variant indien suscite des craintes, explique le site libanais Daraj.
Les autorités vont instaurer un couvre-feu total de dix
jours à partir du mercredi 12 mai.
Les chiffres de la vaccination sont loin d’être
encourageants. Seulement 450 000 Irakiens se sont fait vacciner, soit à peine
plus d’un pour cent de la population, “bien loin de l’objectif des 30 %
fixés par le gouvernement”, s’inquiète le New
York Times. “L’Irak
s’attend à un été périlleux.”