Syrie : pourquoi la Russie continue de miser sur Assad
Faisons un
peu de géopolitique (de comptoir). La Russie de Vladimir Poutine est parvenue à
atteindre une grande partie de ses objectifs en Syrie, en démontrant sa
capacité d’intervention sur un théâtre loin de ses frontières, en sécurisant
son accès à la Méditerranée, en brisant son isolement diplomatique, en se
positionnant comme une puissance au Moyen-Orient ou encore (et peut-être
surtout) en sauvant son allié Bachar el-Assad. Moscou a incontestablement gagné
la bataille militaire, mais une fois ce constat dressé, force est de constater
qu’il ne parvient pas, depuis maintenant plusieurs années, à convertir ses
gains sur le plan politique. La Russie est quelque part coincée : la Syrie
est en ruine (la facture est estimée à plusieurs centaines de milliards de
dollars) et les Occidentaux ne veulent toujours pas entendre parler de Bachar
el-Assad. À partir de ce constat général, et à l’aune des élections syriennes,
de nombreuses analyses ont émergé au cours de ces derniers mois, relayées sur
les réseaux sociaux ou dans la presse arabe, évoquant la possibilité pour
Moscou d’écarter le président syrien, devenu encombrant, et de le remplacer par
une personnalité plus présentable. Sur le papier, cela repose sur une certaine
logique. Les Russes ont dit à de multiples reprises qu’ils n’étaient pas mariés
à « Bachar el-Assad » et Vladimir Poutine a bien montré le peu de
considération qu’il portait au président syrien à chacune de leurs rencontres.
Les Occidentaux pourraient se satisfaire d’une pareille proposition qui leur
permettrait de ne pas complètement se renier tout en participant à la
stabilisation du pays tandis que les pays du Golfe y verraient un moyen de
tenter de réintégrer la Syrie dans le giron arabe avec l’aide de la Russie.
Même en interne, le Kremlin aurait pu y trouver son intérêt alors que selon un
sondage réalisé en août 2019 par l’institut de recherche national Public
Opinion Foundation, seuls 10 % des Russes considèrent l’intervention
militaire de leur pays dans la guerre civile syrienne comme un
« succès », un chiffre qui a nettement baissé au fil des années.
Aucune alternative
Dans les faits, l’option ne semble toutefois même pas
avoir été réellement envisagée. « L’idée qu’à ce stade, avec cette
“élection” (qui n’est bien sûr qu’une farce), Poutine envisageait d’évincer
Assad est un fantasme », estime Anna Borshchevskaya, spécialiste de la
politique russe au Moyen-Orient au Washington Institute, pour qui les actions
du président russe jusqu’à présent montrent que ce dernier ne voit aucune
alternative à M. Assad dans un proche avenir. « Tout ce que je vois sortir
de Moscou s’inscrit également dans la même ligne prévisible – un récit selon
lequel l’Occident nuit à la Syrie par le biais de sanctions, que les élections
sont légitimes et qu’Assad, avec la Russie, lutte contre le terrorisme en
Syrie », poursuit la spécialiste.
Selon plusieurs observateurs, Moscou n’aurait ni la
volonté politique ni la capacité de renverser le dictateur syrien. D’une part,
son intervention en Syrie s’inscrit dans un jeu régional. Aux yeux du Kremlin,
soutenir le régime de Damas lui permet d’amorcer un retour au Moyen-Orient en
s’imposant comme un acteur incontournable de la région, après avoir perdu de
son influence lors de la chute de l’Union soviétique au profit des États-Unis.
« L’intervention de Poutine en Syrie a changé l’équilibre des pouvoirs
dans la région en faveur des forces antiaméricaines et, dans la vision à somme
nulle de Moscou, cela place la Russie dans une meilleure position
géopolitique », observe Anna Borshchevskaya, pour qui « les
principales priorités de Moscou sont la survie du régime au pouvoir en Syrie et
la réduction de la primauté américaine dans les affaires mondiales – et les
deux sont interdépendantes ».
Dans ce contexte, Moscou a souhaité apparaître comme la
puissance qui aide et n’abandonne pas ses alliés. « La région en est arrivée
à percevoir la Russie comme une puissance influente qui fait ce qu’elle dit
faire. Poutine a dit qu’il sauverait Assad et il l’a fait, contrairement à
l’Occident qui a dit qu’Assad devait partir mais n’a pas traduit ses paroles en
actes », poursuit la spécialiste.
Une rhétorique que le pays a démontré à chaque campagne
militaire alors qu’il s’est trouvé en première ligne contre les opposants au
régime de Damas. Ainsi, lors de la dernière en date à Idlib en 2019, Moscou a
mené avec le régime de Damas plus d’une centaine de raids aériens par jour dans
cette dernière poche rebelle. La Russie semble ici jouer le temps long,
convaincue qu’à terme, les autres puissances n’auront pas d’autres choix que de
finir par accepter M. Assad. Le rapprochement récent entre Damas et Riyad va
ainsi dans son sens.
Processus politique
Mais Moscou est également confronté à des obstacles qui
le rendent prisonnier des ambitions du président syrien. Alors que Bachar
el-Assad a pris soin d’écarter toute alternative à sa réélection, ce dernier
sape également le processus politique entamé par le Comité constitutionnel
syrien créé en 2019 sous l’égide de l’ONU afin d’opérer un dialogue entre le
régime et l’opposition et de rédiger à terme une nouvelle Constitution
syrienne. « La plupart des observateurs syriens ont surestimé le poids
politique de la Russie en Syrie et sa capacité à influencer le comportement
d’Assad, comme en témoignent les développements de ces dernières
semaines », observe Faysal Abbas Mohamad, ancien professeur de relations
internationales syro-canadien. « Les Russes ont de nouveau essayé
d’inciter Assad à montrer son sérieux au sujet du processus de règlement
politique déjà en train de s’essouffler. Ainsi, en mars, ces derniers ont
promis une nouvelle série de pourparlers constitutionnels entre les
représentants du régime et ceux de l’opposition, qui se tiendrait durant la
première semaine d’avril. Puis Moscou a avalé ses paroles, car rien ne s’est
matérialisé », ajoute le spécialiste. Alors que l’opposition syrienne
réclame un changement constitutionnel permettant la tenue d’élections libres et
équitables, Bachar el-Assad joue la montre jusqu’à sa réélection.
Ce dernier est également indispensable au Kremlin pour
avoir la main sur tous les services de sécurité du pays et protéger ses troupes
sur le terrain. Alors que Moscou bénéficie de multiples intérêts
géostratégiques ainsi que d’un aéroport militaire à Hmeimim et d’une base à
Tartous, abandonner le régime Assad pourrait s’avérer extrêmement dangereux.
« Désireux de préserver ses avancées stratégiques significatives en Syrie,
de capitaliser sur ses immenses succès militaires et de commencer à récolter
des fruits économiques, le leadership russe considère Assad comme un garant de
la “stabilité” et, par conséquent, de ses propres intérêts », expose
Faysal Abbas Mohamad.
Sans oublier le solide soutien iranien apporté au régime
de Damas. Les Russes ont demandé à plusieurs reprises à ce dernier de faire des
concessions dans le cadre du processus politique organisé sous l’égide de
l’ONU, mais le pouvoir syrien n’a eu de cesse d’appeler en réaction Téhéran à
l’aide. Un jeu qui pourrait désavantager le Kremlin. « Moscou ne peut pas
contrôler pleinement Assad, qui est tout à fait indépendant dans sa prise de
décisions. En revanche, Assad peut influencer la prise de décision de Moscou
sur la Syrie », résume Kirill Semenov, chercheur au Russian international
Affairs Council (RIAC)
Donc seule solution pour Poutine: que l'Axe
de l'Imposture se casse afin de lui libérer Assad qui sera alors un nouveau
Kadyrov entièrement dévoué à son service. Pour cela c'est en dehors de la Syrie
que l'Axe de l'Imposture doit se casser. C'est pour ça que si les Libanais se
soulevaient contre le Hezbollah comme les Syriens l'ont fait contre Assad, cela
ferait les affaires de Poutine, l'Axe de l'Imposture n'aura aucune puissance
étrangère pour le tirer d'affaire. Le Hezbollah et tous les jihadistes chiites
de tous les pays ont été incapables de l'emporter militairement en Syrie sans
la Russie et même allaient vers une défaite malgré la faiblesse des soutiens à
la révolution syrienne et son absence d'unité. La révolution libanaise a donc
toutes les chances de l'emporter contre l'Axe de l'Imposture. Jusqu'à
maintenant les libanais avaient plus peur de perdre qu'envie de gagner et c'est
cette peur héritée de la guerre dite civile de 75 - 90 qui a empêché toute
confrontation réelle du Hezbollah et de son Axe. Mais maintenant il y a de
moins en moins à perdre, et de plus en plus de gens qui regrettent la période
75 - 90 où au moins une partie du Liban était libre.
·
C'est la Russie et personne d'autre qui a gagné militairement en Syrie,
mais c'est l'Axe de l'Imposture Khameneï - Assad - Jihadistes chiites de tous
les pays qui s'est attribué politiquement le bénéfice de cette victoire. En
intervenant en Iraq en 2003 les Etats-Unis pensaient installer à Baghdad un
régime allié, au final c'est l'Axe de l'Imposture qui a récupéré les bénéfices
politiques de leur victoire militaire contre Saddam et le régime de Baghdad est
asservi à l'Axe de l'Imposture bien plus qu'allié des américains. Les
Etats-Unis ont mis plus de 10 ans pour se rendre compte que leur expédition
militaire n'a fait que renforcer l'Axe de l'Imposture. Il en sera de même pour
la Russie. Sauf que les américains ont renversé Saddam une fois pour toutes,
mais les Russes n'ont pas sauvé Assad une fois pour toutes, et s'ils quittent
demain la Syrie sans évolution politique sur le terrain, les révolutionnaires
reprendront leur combat et ce sera un retour exactement à la situation qui a
précédé l'intervention russe. Poutine ne peut accepter d'avoir fait tout ça
pour rien, et tant que l'Axe de l'Imposture reste en place il tient Assad pour
faire de la Syrie un Israël chiite et des sunnites syriens la même chose
qu'Israël fait aux palestiniens. Dans ces circonstances, une solution politique
en Syrie n'est pas plus envisageable qu'en Terre Sainte, et là bas elle se fait
attendre depuis près d'un siècle.