En Libye, la guerre des habitants contre les milices armées
En Libye, presque dix ans après la fin de l'ère Kadhafi, les quelques avancées politiques et diplomatiques de ces dernières semaines pour mettre fin à la guerre civile ne changent en rien la réalité du terrain.
Tarhuna, une petite ville agricole à 80 kilomètres de Tripoli, en est un bon exemple. Une fratrie est devenue en quelques années la milice la plus sanguinaire du pays : les six frères Kani, des petits voyous, voleurs de voitures, ont profité du chaos qui a suivi la chute de Khadafi et de l’afflux d’armes qui a suivi la révolution de 2011 pour s’équiper et faire la loi à Tarhuna. Leur milice a compté jusqu’à environ 5 000 hommes.
Des fosses communes découvertes
Durant six ans, les frères Kani ont pillé, massacré tous ceux qui refusaient de se soumettre. Issa, la quarantaine, a pris les armes pour chasser cette milice de sa ville. C’est avec lui que nous découvrons les violences inouïes exercées à Tarhuna comme dans cet ancien hangar agricole, transformé par les frères Kani en centre de torture : "Ils enfermaient ici tous ceux qui s’opposaient à eux, par groupes de quatre ou cinq. Ils les tuaient puis en ramenaient d’autres. Ils ont tué huit membres de ma famille, dont des femmes et des enfants."
Des fosses communes sont découvertes, peu à peu. Près de 170 corps, dont des femmes et des enfants, ont été retrouvés notamment dans les champs d’Issa. Les frères Kani s’étaient emparés de ses terres pour y enterrer leurs victimes.
"Il n'y a pas de justice, je les tuerai"
Les habitants implorent – sans y croire – la justice internationale d’enquêter à Tarhuna. Pour briser ce cercle de violence qui depuis dix ans s’est emparé de leur ville, mais aussi de tout le pays.