En Iran, selon le ministre des affaires étrangères, l’armée a causé des dommages diplomatiques
A quelques semaines de l’élection
présidentielle iranienne, la lutte interne au sein des factions politiques a
atteint un nouveau sommet. Dimanche 25 avril, un entretien de trois heures
entre un journaliste iranien et le ministre des affaires étrangères, Mohammad
Javad Zarif, a fuité dans des médias étrangers en langue iranienne. Dans cet
enregistrement, le chef de la diplomatie ose briser des lignes rouges, s’en
prenant notamment à l’un des grands alliés de Téhéran, Moscou, ainsi qu’aux
gardiens de la révolution, l’armée idéologique du pays.
A plusieurs reprises, M. Zarif
critique la Force Al-Qods, la branche des gardiens chargée des opérations
extraterritoriales, accusant son ex-commandant Ghassem Soleimani d’avoir nui
aux efforts politiques de son ministère, notamment pendant et après la signature en 2015 de l’accord
sur le dossier nucléaire de Téhéran avec les puissances mondiales. Ses propos ont
d’ores et déjà soulevé un tollé dans le camp conservateur, qui demande son
départ du gouvernement et même son arrestation.
« Je
peux dire, avec audace, que j’ai aidé le champ militaire en utilisant la diplomatie plus que le champ militaire a
servi la diplomatie », affirme M. Zarif dans cet entretien. Enregistré
le 24 février dans le cadre d’un programme de l’« histoire
orale » documentant les expériences des responsables de l’administration
du président Hassan Rohani, cet entretien n’avait pas vocation à être diffusé
rapidement au public. L’origine de cette fuite ainsi que ses motifs restent
pour l’heure incertains.
Dans un autre passage de cet entretien,
M. Zarif explique que Ghassem Soleimani, tué lors d’une
frappe de drone américain en Irak en janvier 2020 et qui fait désormais figure de martyr à Téhéran,
lui dictait ce qu’il devait faire dans ses négociations avec des autorités
étrangères. « Presque à chaque fois que je devais négocier des
pourparlers, Martyr Soleimani exigeait : “Je veux que vous obteniez cet
avantage, ce point” », a expliqué M. Zarif.