« Torture » et « simulacres de procès » dans l’est de la Libye, selon Amnesty International
Au moins vingt-deux personnes ont été
condamnées à mort depuis 2018 par des tribunaux militaires et des centaines
d’autres ont été emprisonnées après des « simulacres de
procès » dans l’est de la Libye, a indiqué lundi 26 avril Amnesty International.
Ces procès militaires « secrets
et manifestement inéquitables » visent à « punir les
opposants » de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL)
dirigée par le maréchal Khalifa Haftar, a fustigé l’ONG dans un rapport. Parmi
les civils jugés figurent des journalistes, des manifestants pacifiques ou des
internautes qui ont critiqué l’ANL sur les réseaux sociaux.
Par ailleurs, d’anciens détenus ont confié
à Amnesty avoir été enlevés et « détenus illégalement » pendant
des mois, voire des années, « torturés et soumis à des procédures
extrêmement inéquitables ». D’autres ont été contraints de signer
des « aveux » pour des crimes qu’ils n’avaient pas
commis, poursuit le rapport.
La Libye tente de s’extraire d’une décennie
de conflit marquée par l’existence ces dernières années de pouvoirs rivaux,
dans l’ouest et l’est du pays, et des violences sanglantes.
« Instiller un climat de peur »
Censé clore ce chapitre, un nouvel exécutif
unifié, né d’un processus sous l’égide de l’ONU lancé en novembre 2020 à
Tunis, a été mis sur orbite en février à Genève, avant un vote de
confiance « historique » du Parlement en mars.
Dans les faits, « l’ANL et les
groupes armés alliés continuent d’exercer un contrôle effectif sur l’est de la
Libye », rappelle Amnesty.
Le recours à des procès militaires
arbitraires lui permet d’« instiller un climat de peur », a
déclaré Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe d’Amnesty International
pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Ces « simulacres de
procès », menés par des procureurs et des juges qui sont eux-mêmes
militaires et « manquent donc d’impartialité », se déroulent « parfois
en l’absence d’avocats et d’accusés », a dénoncé l’organisation de
défense des droits humains.
« Le Gouvernement d’unité nationale
doit immédiatement mettre fin aux procès militaires des civils et ordonner des
enquêtes sur la torture et les autres crimes commis par des groupes
armés », a jugé Mme Eltahawy.