"Ils sont en train de brûler Paris !" Lettre à mes amis français
Par Abdelrahim Ali
Pour la troisième semaine de
suite, les « gilets jaunes » sont descendus dans les rues de Paris, pour
protester contre la décision du Président Macron d’augmenter les prix des
carburants. Ce samedi a été différent des deux précédents. Malgré une
mobilisation moindre, et en dépit d’un dispositif sécuritaire amélioré, les
affrontements ont été féroces et la volonté de certains manifestants
d’incendier, de saccager et d’en découdre par la force a été
ostentatoire.
Ils ont brûlé des arbres et des
édifices, des biens publiques et privés, se sont pris aux métros, aux voitures,
aux magasins, ou cafés. Et au final à tout ce qui fait l’identité de Paris et
son charme.
La gestion de cet événement par
le Président Macron a manqué de clairvoyance. Elle a été, dès le début,
dépourvue de l’expérience politique indispensable pour faire face à des
événements de cette ampleur.
Le Président Macron s’est
contenté d’apparaître à la télévision pour dire aux manifestants: je vous ai
entendu ! Ce qui rappela aux Français la célèbre formule du Fondateur de la
Cinquième République, le général De Gaulle, face aux révolutionnaires
algériens.
Or, en dépit de cette célèbre
formule, le vieux général a usé de tous les moyens pour réprimer les révoltés
algériens, avant de se résigner à accepter que la seule issue pour la France
est d’accepter l’indépendance algérienne.
Raison pour laquelle la formule
empruntée par Macron à De Gaulle n’a pas dissuadé les manifestants de prendre
leurs dispositions en prévision d’un dispositif sécuritaire renforcé.
Après avoir vécu les événements
des dernières semaines, et vu de mes yeux les saccages qu’il y a eu, je voudrai
dire à tous mes amis français: protégez votre pays. Car, à défaut, vous-vous
mordrez les doigts de regret, comme ce fut notre cas en Égypte, pour ne pas
avoir su protéger votre pays et défendre son autorité et son rang parmi les
nations.
Je vous écris car je suis l’un
des amoureux de votre pays. Je le fais aussi en partant de l’expérience vécue
dans mon pays, l’Egypte, quand nous avions pris part aux premiers jours de la
révolte de janvier 2011, pensant qu’elle allait nous apporter le pain, la
liberté, l’égalité sociale et la dignité humaine.
Mais quelques mois à peine après
cette révolte, nous-nous sommes retrouvés face à une « bataille des urnes »
visant à amender la constitution pour la rendre compatible avec les visions
salafistes extrémistes qui voulaient faire de notre pays à la civilisation
millénaire un émirat islamiste radical.
Nous-nous sommes retrouvés face
au « vendredi de Kandahar » durant lequel les manifestants pro al-Qaida ont
brandi leurs drapeaux noirs sur les places du Caire, annonçant une nouvelle ère
d’arrièrisme et d’obscurantisme.
Jamais nous n’avions imaginé,
lorsque, brandissant le drapeau national, nous sommes descendus à la place
Tahrir, le 25 janvier 2011, accompagnés de nos femmes et de nos enfants, qu’à
peine un an plus tard, un terroriste appartenant au Frères musulmans allait
prêter serment, sur cette même place, en tant que Président de l’Egypte.
Même dans le pire de nos
cauchemars, nous ne pouvions envisager un destin aussi cruel pour notre
glorieuse révolte. Nous sommes descendus dans rue, le 25 janvier 2011, alors
que le dollar s’échangeait à 6 livres égyptiennes. Nous sommes rentrés chez
nous avec un dollar à 18 livres. Nous sommes sortis revendiquer l’amélioration
de la situation économique et c’est toute l’économie qui s’est effondrée. Nous
sommes sortis pour exiger la liberté et nous-nous sommes retrouvés sous le joug
de groupes extrémistes qui ne connaissent que la contrainte comme mode de
pensée et l’exclusion comme type de comportement envers l’Autre.
Aujourd’hui, se répète sous mes
yeux, sur l’avenue des Champs-Elysée, le même spectacle que j’ai vu au Caire,
sur l’avenue Mohamed Mahmoud, au siège du gouvernement, sur la place Tahrir et
au palais présidentiel d’Al-Abassiya.
Nous avons amèrement regretté de
n’avoir pas su protéger notre pays. Nous avons beaucoup souffert pour la
soustraire aux griffes des obscurantistes. Et nous creusons aujourd’hui dans la
roche pour la bâtir à nouveau.
Je crains pour vous, chers amis
français, une épreuve semblable à la nôtre. Je redoute que les plans qui ont
échoué chez nous ne réussissent chez vous. Car ce que j’ai vu ce samedi de la
part de certains « gilets jaunes » ne reflète aucun civisme ni aucun esprit de
civilisation. J’ai vu des citoyens qui n’ont plus aucune appartenance aux
valeurs civilisationnelles occidentales. J’ai vu Troie brûler et sa
civilisation saccagée. Et il m’a semblé voir des « gilets jaunes » sortir du
gigantesque cheval en bois, pour ouvrir les portes de la citadelle aux
envahisseurs.
Il y a sans doute de grandes et
importantes motivations humanistes, sociales, économiques et politiques chez
beaucoup de ceux qui ont revêtu les « gilets Jaunes » pour revendiquer
l’abrogation de la taxe sur les carburants ou pour s’opposer à la politique
macronienne qui soutient les riches au détriment des pauvres.
Mais ce que fait un certain
nombre de ceux qui portent les mêmes gilets n’a rien à voir avec de telles
revendications. Il s’agit de casseurs, dans tous les sens du mot, qui veulent
brûler Paris et avec elle la France éternelle et peut-être même l’Europe toute
entière, pour le compte de forces obscures que le gouvernement français se doit
d’identifier et de démasquer au plus vite.
il faut que le Président Macron
fasse preuve d’avant-gardisme et prenne de courageuses décisions de nature à
couper l’herbe sous les pieds des casseurs qui s’introduisent au milieu des
laissés pour compte français qui ne trouvent pas de travail ou s’ils le
trouvent n’arrivent plus à vivre dignement du fruit de leur labeur.
Ce que visent les « gilets jaunes
», et surtout les forces obscures qui se drapent derrière ce mouvement, ne doit
pas être pris à la légère. Brûler la France toute entière, en l’espace de
quelques semaines, est désormais leur objectif. La sauver est le devoir de tous
les patriotes et les honorables citoyens. Et ce avant qu’il ne soit trop tard…